Catégorie : Français / Littérature
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Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Romances sans paroles) - Beams
Paul VERLAINE, Romances sans paroles, Aquarelle, « Beams ». 1. Elle voulut aller sur les bords de la mer, 2. Et comme un vent bénin soufflait une embellie, 3. Nous nous prêtâmes tous à sa belle folie, 4. Et nous voilà marchant par le chemin amer. 5. Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse, 6. Et dans ses cheveux blonds c'étaient des rayons d'or, 7. Si bien que nous suivions son pas plus calme encor 8. Que le déroulement des vagues, ô délice ! 9. Des oiseaux blancs volaient...
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Zola, L'assommoir.
Avant de quitter l'estaminet du père Colombe où ils viennent de manger une prune, les deux héros de ^'Assommoir, Gervaise et Coupeau, attirés par l'étrange instrument qui sert à distiller l'alcool, vont le regarder de près. C'est ainsi que Zola insère l'une des descriptions de l'alambic dans le récit, mais il ne s'en tient pas là ; son imagination visionnaire transforme la machine en un monstre. • Ce passage, qui présente tous les indices caractéristiques d'une des-cription, marque une pause dan...
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Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Romances sans paroles) - Dans l'interminable ennui de la plaine
Paul Verlaine, Romances sans paroles, Ariettes oubliées, VII, « Dans l’interminable ». 1. Dans l’interminable 2. Ennui de la plaine 3. La neige incertaine 4. Luit comme du sable. 5. Le ciel est de cuivre 6. Sans lueur aucune 7. On croirait voir vivre 8. Et mourir la lune. 9. Comme des nuées 10. Flottent gris les chênes 11. Des forêts prochaines 12. Parmi les buées. 13. Le ciel est de cuivre 14. Sans lueur aucune 15. On croirait voir vivre 16. Et mourir la lune. 17. Corneille poussive 18. Et vou...
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Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Poèmes saturniens) - L'angoisse
Le Parnasse est né comme une réaction contre les rigueurs du romantisme. A cette sévère poésie, composée comme un tableau de David, les parnassiens opposent la leur, plus légère, plus vive, =a peu plus dans le style de Delacroix. Le scientisme est à la mode et le nihilisme le suit de près. Beaucoup de parnassiens se laisseront tenter par ces concepts. Ainsi, Verlaine, qui, dans son poème l'Angoisse, nous présente une violente diatribe ou peut-être... un testament. Dans ce poème, Verlaine fait en...
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Théophile de VIAU (1590-1626) - Je songeais que Philis des enfers revenue
Théophile de VIAU, « Je songeais que Philis des enfers revenue ». Sonnet Je songeais que Philis des enfers revenue, Belle comme elle était à la clarté du jour, Voulait que son fantôme encore fît l'amour Et que comme Ixion j'embrassasse une nue. Son ombre dans mon lit se glissa toute nue Et me dit : « Cher Tircis, me voici de retour, Je n'ai fait qu'embellir en ce triste séjour Où depuis ton départ le sort m'a retenue. Je viens pour rebaiser le plus beau des amants, Je viens pour remourir dans te...
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Théophile de VIAU (1590-1626) - Perside, je me sens heureux
Théophile de VIAU, « Perside je me sens heureux » Ode 1. Perside, je me sens heureux 2. De ma nouvelle servitude, 3. Vous n'avez point d'ingratitude 4. Qui rebute un coeur amoureux. 5. Il est bien vrai que je me fâche 6. Du fard où votre teint se cache. 7. Nature a mis tout son crédit 8. À vous faire entièrement belle, 9. L'art qui pense mieux faire qu'elle 10. Me déplait et vous enlaidit. 11. L'éclat, la force et la peinture 12. De tant et de si belles fleurs 13. Que l'Aurore avec ses pleurs 14...
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Pierre Mathieu: LA VIE EST UN ECLAIR
LA VIE EST UN ECLAIR VII « La vie est un éclair, une fable, un mensonge, Le souffle d’un enfant, une peinture à l’eau, Le songe d’un qui veille, et l’ombre encor d’un songe, Qui de vaines vapeurs lui brouillent le cerveau. VIII Cette vie aux échecs proprement se rapporte, Autant de place y tient le Pion que le Roi : L’un scrute, l’autre court, l’un surprend, l‘autre emporte. Les noms sont distingués, et tout n’est que du bois. XIII La vie est une table, où pour jouer ensemble On voit quatre j...
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LETTRE CXXV. USBEK A RHEDI. MONTESQUIEU
INTRODUCTION Le Persan qui est censé écrire cette lettre n'a pas perdu son temps en visitant notre pays. C ette ordonnance burlesque est un bon morceau de polémique à la française, cachant un raisonnement précis sous la fantaisie et le badinage. I. IDÉES SÉRIEUSES Les deux développements contrastés qui la composent sont conduits par une même intention, qui n'est nulle part explicitée : la protestation contre la politique, inaugurée par Louis XIV , qui fait de l'éclat de la cour un moyen de gouve...
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Bérénice - Acte 2 scène 2: TITUS
Bérénice Acte 2 scène 2 TITUS « Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère, A ses maîtres toujours trop soigneuse de plaire, Des crimes de Néron approuver les horreurs ; Je l'ai vue à genoux consacrer ses fureurs. Je ne prends point pour juge une cour idolâtre, Paulin : je me propose un plus noble théâtre ; Et sans prêter l'oreille à la voix des flatteurs, Je veux par votre bouche entendre tous les cœurs. Vous me l'avez promis. Le respect et la crainte Ferment autour de moi le passage à la pla...
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Chateaubriand, Le Port de Brest.
Cette mer que je devais rencontrer sur tant de rivages, baignait à Brest l'extrémité de la péninsule armoricaine : après ce cap avancé, il n'y avait plus rien qu'un océan sans bornes et des mondes inconnus; mon imagination se jouait dans ces espaces. Souvent assis sur quelque mât qui gisait le long du quai de Recouvrance, je regardais les mouvements de la foule : constructeurs, matelots, militaires, douaniers, forçats passaient et repassaient devant moi. Des voyageurs débarquaient et s'embarquai...
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Blaise CENDRARS, Bourlinguer, 1948.
Pendant l'hiver 1939-1940, Cendrars, correspondant de guerre en Angleterre, doit visiter des usines d'armement ; mais son chauffeur, d'humeur fantasque, lui réserve une surprise. Tout à coup, mon phénomène de chauffeur donna un brusque coup de volant. Où étions-nous ? J'essuyai la glace. Je vis à un poteau indicateur planté de travers que nous bifurquions sur Londres. La neige avait cessé de tomber avec abondance. Les derniers flocons planaient. Mais bientôt je poussai une exclamation de surpris...
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MAUPASSANT: Une vie - les sentiments de Jeanne
Une vie Jeanne, l'héroïne du roman Une Vie de Maupassant, est issue de la petite noblesse du pays de Caux. Au retour de son voyage de noces, où une certaine désillusion a commencé à poindre, elle retrouve la propriété familiale « Les Peuples », domaine de son enfance, qui va désormais devenir son propre foyer. Mais voilà que la douce réalité des premiers jours allait devenir la réalité quotidienne qui fermait la porte aux espoirs indéfinis, aux charmantes inquiétudes de l'inconnu. Oui, c'était f...
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Claude SIMON - La Route des Flandres
Introduction. Claude Simon, dont l'ensemble de l'œuvre a été récemment couronnée par le prix Nobel de littérature, appartient au mouvement littéraire du Nouveau Roman. Pour de nombreux auteurs du XXe siècle, le langage devient le sujet essentiel du livre, il n'est plus l'outil d'une description psychologique ou de la narration d'un événement. Claude Simon s'efforce par exemple de restituer le courant de conscience et ce qu'il appelle lui-même « le foisonnant et rigoureux désordre de la mémoire »...
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La journée se passe de cette sorte à folâtrer avec la plus grande liberté, et toujours avec la plus grande décence. Pas un seul mot équivoque, pas une seule plaisanterie hasardée ; et cette décence, nous ne nous l'imposions point du tout, elle venait tout
TEXTE La journée se passe de cette sorte à folâtrer avec la plus grande liberté, et toujours avec la plus grande décence. Pas un seul mot équivoque, pas une seule plaisanterie hasardée ; et cette décence, nous ne nous l'imposions point du tout, elle venait toute seule, nous prenions le ton que nous donnaient nos coeurs. Enfin ma modestie, d'autres diront ma sottise, fut telle que la plus grande privauté qui m'échappa fut de baiser une seule fois la main de Mlle Galley. Il est vrai que la circons...
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Apollinaire : Rosemonde
Guillaume Apollinaire fit publier en 1913 un recueil de poèmes intitulé Alcools qui, se détachant des voies du symbolisme, annonce le surréalisme. Dans la Chanson du Mal-Aimé, se présentant sous la forme d'une longue complainte, Apollinaire chante son amour malheureux. Rosemonde, poème que nous allons étudier, est extrait de ce long chant d'amour. Le titre de ce poème, Rosemonde, est un prénom féminin qui représente la dame aimée ; il définit le poème dans la subjectivité de l'amour d'Apollinair...
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Alfred de VIGNY (1797-1863) (Recueil : Les Destinées) - La mort du loup
Alfred de VIGNY, Les Destinées, « La mort du loup ». I 1. Les nuages couraient sur la lune enflammée 2. Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée, 3. Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon. 4. Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon, 5. Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes, 6. Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes, 7. Nous avons aperçu les grands ongles marqués 8. Par les loups voyageurs que nous avions traqués. 9. Nous avons écouté, retenant notre hal...
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Lettre XXVIII - HUGO - Le Rhin
Depuis la seconde moitié du xviiie siècle surtout, comme en témoigne un texte célèbre de Diderot, les ruines exercent sur le poète une fascination certaine. C'est l'époque aussi où l'on redécouvre l'Histoire, où l'on exhume, par exemple, la ville de Pompéi. Un demi-siècle plus tard, le goût des mines est toujours aussi intense : témoignages du passé, elles sont aussi sublimement belles ; mais plus que celles de l'antiquité gréco-latine, ce sont les mines médiévales qui captent d'abord l'attentio...
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Jules SUPERVIELLE: « l'Arbre », Les Amis inconnus.
Jules SUPERVIELLE: « l'Arbre », Les Amis inconnus. II y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments. C'est devenu du bois. Il y avait une grande politesse de paroles, C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage. 5 II y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe ? C'est devenu du bois sans intentions apparentes Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre Elle reste muette 10 Du moins pour les oreilles humaines, Pas un se...
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Pascal : Pensées
PRESENTATION DES "PENSEES" DE PASCAL Pascal (1623-1662) rédige les Pensées durant les dernières années de sa vie ; il collectionne sur de petits papiers les éléments d'une oeuvre à visée apologétique. Le texte sera publié une première fois de manière posthume par ses proches de l'abbaye de Port Royal, foyer de la pensée janséniste, et ne cessera d'être remanié par des éditions successives (nous choisissons ici le classement établi par Lafuma). L'oeuvre est originale tant par les aléas éditoriaux...
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Colomba - Chapitre XI - Prosper Mérimée
Introduction On a souvent loué la sobriété suggestive du talent de Mérimée. Le passage de Colomba que nous étudions suffirait à nous en convaincre, tant l'auteur a su y fondre la variété des éléments qu'il met en œuvre. Sous la trame d'un épisode haletant, transparaît la richesse des deux caractères qui se trouvent aux prises. Soucieux de la couleur locale, l'écrivain évoque dans sa note juste et particulière l'atmosphère corse dans' laquelle baigne le récit. Enfin l'attachante figure de l'auteu...