Catégorie : Français / Littérature
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Arthur RIMBAUD (1854-1891) (Recueil : Poésies) - Roman
Essai d'introduction Image rêveuse de l'adolescence, Roman fut peut-être en son temps, et est longtemps resté, une image de liberté : à l'adolescent penché sur ses livres, à l'image de l'écolier qui attendait pour connaître la « vraie vie », il substituait un adolescent sollicité par les premiers désirs sensuels; le texte assumait cette sensualité au lieu de la censurer. Mais Roman prend-il au sérieux cette image qu'il donne, ou la tourne-t-il en dérision, en se moquant de la naïveté et, finalem...
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Pierre de RONSARD (1524-1585) (Recueil : Les Elégies) - Contre les bucherons de la forest de Gastine
Commentaire de l’élégie de Ronsard : « Contre les bucherons de la forest de Gastine » Introduction : Le texte à commenter est extrait de l’élégie de Ronsard intitulée « Contre les bucherons de la forest de Gastine ». Dans ce poème, Ronsard évoque la destruction de la forêt de Gastine, à côté de laquelle il vit, oscillant entre accusation et mélancolie. Projet de lecture : Comment l’écriture poétique dans ces deux strophes permet le développement d’une argumentation efficace et le passage de la d...
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Jean de SPONDE (1557-1595) - Si c'est dessus les eaux que la terre est pressée
Jean de SPONDE, « Si c est dessus les eaux que la terre est pressée ». 1. Si c'est dessus les eaux que la terre est pressée, 2. Comment se soutient-elle encor si fermement, 3. Et si c'est sur les vents qu'elle a son fondement, 4. Qui la peut conserver sans être renversée ? 5. Ces justes contrepoids qui nous l'ont balancée 6. Ne penchent-ils jamais d'un divers branlement ? 7. Et qui nous fait solide ainsi cet élément, 8. Qui trouve autour de lui l'inconstance amassée ? 9. Il est ainsi, ce corps...
- Arthur RIMBAUD (1854-1891) (Recueil : Illuminations) - Marine
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Théophile de VIAU (1590-1626) - Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature
Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature, Tes yeux ont mis l'Amour dans son aveuglement, Et les Dieux occupés après toi seulement Laissent l'état du monde errer à l'aventure. Voyant dans le soleil tes regards en peinture, Ils en sentent leur coeur touché si vivement Que s'ils n'étaient cloués si fort au firmament, Ils descendraient bientôt pour voir leur créature. Crois-moi qu'en cette humeur ils ont peu de soucis Ou du bien ou du mal que nous faisons ici ; Et tandis que le Ciel endure que...
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Automne malade de Guillaume Apollinaire
Automne malade de Guillaume Apollinaire Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les fixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui...
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RACINE Bérénice, acte I, scène 5
Dans sa tragédie Bérénice, Racine pousse le dépouillement et l'épure à un degré extrême. La comparaison de l'intrigue de la tragédie racinienne avec la pièce de Corneille Tite et Bérénice est à cet égard significative. La tragédie suit le mot célèbre de Suétone : « Invitus invitant dimisit » (malgré lui, malgré elle, il la renvoya). Dans cet extrait, Bérénice est loin de se douter de son destin, elle évoque pour sa confidente Phénice les fastes de l'apothéose de Vespasien et du couronnement de T...
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Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Poèmes divers) - Impression de printemps
L’impression vague et fugitive, la perception des nuances de l’âme et l’attachement profond à la mélodie font partie des éléments fondateurs de la poésie verlainienne. « Impression de Printemps » obéit à ce lyrisme spécifique qui fait du poète une figure majeure de la fin du XIXe siècle. Entre précision et imprécision, quelle parole poétique se fait entendre pour dire l’exaltation d’un instant (« un moment si charmant ») ? Quels imaginaires se croisent au sein du poème, faisant signe vers quelle...
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FLAUBERT - L'Education sentimentale
Ce texte, extrait de L'Education sentimentale de Flaubert, évoque une promenade en solitaire de Frédéric, éloigné de sa bien-aimée Mme Arnoux. Datant de la seconde moitié du XIX' siècle, il appartient à l'école du romantisme, qui apparaît dans ce texte dans la peinture du « Mal du siècle », logé dans l'état d'âme du héros, et dans la correspondance d e son état d'âme avec le spectacle de la nature ; c'est dans une nature urbaine, reflétant la monotonie de la vie de Paris, que Frédéric va errer,...
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François René de CHATEAUBRIAND, Itinéraire de Paris à la Palestine
Introduction En 18o6, Chateaubriand entreprend un long voyage dans ce qu'on appelait « Orient », c'est-à-dire les pays de la Méditerranée orientale. Quelques années plus tard, il publie ses souvenirs de voyage sous le titre Itinéraire de Paris à Jérusalem. Dans un passage de cet ouvrage il évoque sa visite en août 1806 du célèbre site du Cap Sounion, promontoire de l'Attique où se dressent les ruines du temple de Poséidon, dieu des Mers de la Grèce ancienne. Ce texte se présente d'abord au lecte...
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Albert Cohen, Belle du Seigneur
Première partie (4 points) 1. Observez les temps verbaux pour identifier le type de texte Tous les verbes des propositions indépendantes ou principales de ce texte sont à l'imparfait (circulaient, écoutaient, répétait, citait...) et commandent parfois un futur du passé dans la subordonnée (serait, marquerait). Cette fréquence permet d'identifier une description : l'auteur brosse le tableau d'une soirée mondaine dans les milieux diplomatiques. 2. Relevez une allitération dans le premier para...
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Abraham de VERMEIL (1555-1620) (Recueil : Poésies) - Je m'embarque joyeux, et ma voile pompeuse
Abraham de Vermeil Je m’embarque joyeux et ma voile pompeuse M’ôte déjà la terre et me donne les mers, Je ne vois que le Ciel uni aux sillons pers ; C’est le premier état de mon âme amoureuse. Puis je vois s’élever une vapeur confuse, Ombrageant tout le Ciel qui se fend en éclairs ; Le tonnerre grondant s’anime par les airs, C’est le second état dont elle est langoureuse. Le troisième est le flot hideusement frisé, Le mât rompu des vents et le timon brisé, Le navire enfondrant la perte de coura...
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Gustave FLAUBERT. Madame Bovary
Gustave FLAUBERT. Madame Bovary Emma, épouse du médecin Charles Bovary, a pris un amant, Rodolphe; elle espérait partir avec lui. Rodolphe se dérobe : elle vient de recevoir une lettre de rupture. « Tout épouvantée, (...) haletante, éperdue, ivre », elle fuit jusqu'à la mansarde située au second étage de sa maison. En face, par-dessus les toits, la pleine campagne s'étalait à perte de ! vue. En bas, sous elle, la place du village était vide, les cailloux du trottoir scintillaient, les girouettes...
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Corneille, L'Illusion comique, acte V, scène 5
Corneille, L’Illusion comique, acte V, scène 5. (…) Alcandre Cessez de vous en plaindre. A présent le théâtre Est en un point si haut que chacun l'idolâtre; Et ce que votre temps voyait avec mépris Est aujourd'hui l'amour de tous les bons esprits, L'entretien de Paris, le souhait des provinces, Le divertissement le plus doux de nos princes, Les délices du peuple, et le plaisir des grands; Il tient le premier rang parmi leurs passe-temps; Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde Par ses illus...
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PROUST - Du côté de chez Swann
Une église à laquelle le temps a apporté la majesté des vieilles pierres, l'oeil aiguisé et admiratif d'un jeune enfant et la maturité de l'adulte revivant amoureusement ses souvenirs font renaître cette atmosphère que seules les églises peuvent distiller. L'âge de cette église est imprimé dans ses pierres, offertes à la violence des saisons et des caprices du temps, et ces forces impitoyables qui ont tant marqué l'extérieur s'opposent à la douceur des gestes pieux et au calme des mouvements de...
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Guy de MAUPASSANT (Une vie, 1883)
Introduction Dans Une Vie, Guy de Maupassant raconte l'existence malheureuse d'une héroïne, Jeanne, dans sa Normandie natale. Mais au début du roman, la jeune fille est encore naïve et pressée de connaître toutes les joies de l'existence qu'elle a imaginées dans le couvent où se déroula une partie de son enfance. Durant le voyage de retour vers la demeure familiale, ses parents et la servante l'accompagnent dans leur berline. Il pleut sur le paysage normand. Maupassant s'attache à décrire avec r...
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Jean-Paul Marat, les Chaînes de l'esclavage
Jean-Paul Marat, Les Chaînes de l'esclavage. L'opinion est fondée sur l'ignorance, et l'ignorance favorise extrêmement le despotisme. C'est elle qui, tenant le bandeau sur les yeux des peuples, les empêche de connaître leurs droits, d'en sentir le prix, et de les défendre. C'est elle qui, leur voilant les projets ambitieux des princes, les empêche de prévenir les usurpations de l'injustice puissance, d'arrêter ses progrès, et de la renverser. C'est elle qui, leur cachant les noirs complots, les...
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Ronsard: « Doux desdains, douce amour d'artifice cachée… »
Ronsard : « Doux desdains, douce amour d’artifice cachée… » "Doux desdains, douce amour d’artifice cachée, Doux courroux enfantin, qui ne garde son cœur, Doux d’endurer passer un long temps en longueur, Sans me voir, sans m’escrire, et faire la faschee : Douce amitié souvent perdue et recherchée, Doux de tenir d’entrée une douce rigueur, Et sans me saluer, me tuer de langueur, Et feindre qu’autre part on est bien empeschee : Doux entre le despit et entre l’amitié, Dissimulant beaucoup, ne parle...
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Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Poèmes saturniens) - Grotesques
Commentaire du poème « Grotesques » (Poèmes Saturniens) de Paul Verlaine Introduction : Ce poème « Grotesques » est extrait des Poèmes Saturniens, premier recueil de Verlaine, publié en 1866. Dans ce recueil, Verlaine se pace sous le signe de Saturne, planète de la mélancolie. Les Saturniens figurent une sorte de communauté imaginaire à laquelle se trouvent associés tous ceux qui subissent l'influence de la « fauve planète. « Grotesque » prend plus précisément place dans la section « Eaux-Fortes...
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Pierre Corneille, Rodogune princesse des Parthes, acte V, scène 4.
Pierre Corneille, Rodogune princesse des Parthes, acte V, scène 4. Timagène Surpris d’un tel spectacle, à l’instant je m’écrie ; Et soudain, à mes cris, ce prince, en soupirant, Avec assez de peine entr’ouvre un oeil mourant, Et ce reste égaré de lumière incertaine Lui peignant son cher frère au lieu de Timagène, Rempli de votre idée, il m’adresse pour vous Ces mots où l’amitié règne sur le courroux : "Une main qui nous fut bien chère Venge ainsi le refus d’un coup trop inhumain. Régnez, et surt...