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Jean-Paul Marat, les Chaînes de l'esclavage

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Jean-Paul Marat, les Chaînes de l'esclavage L'opinion est fondée sur l'ignorance, et l'ignorance favorise extrêmement le despotisme. C'est elle qui, tenant le bandeau sur les yeux des peuples, les empêche de connaître leurs droits, d'en sentir le prix, et de les défendre. C'est elle qui, leur voilant les projets ambitieux des princes, les empêche de prévenir les usurpations de l'injustice puissance, d'arrêter ses progrès, et de la renverser. C'est elle qui, leur cachant les noirs complots, les sourdes menées, les profonds artifices des princes contre la liberté, leur fait donner dans toutes les embûches, et se prendre perpétuellement aux mêmes pièges. C'est elle qui, les rendant dupes de tant de préceptes mensongers, leur lie les mains, plie leurs têtes au joug, et leur fait recevoir en silence les ordres arbitraires des despotes. C'est elle, en un mot, qui les porte à rendre avec soumission aux tyrans tous les devoirs qu'ils exigent, et les fait révérer du crédule vulgaire comme des dieux. Pour soumettre les hommes, on travaille d'abord à les aveugler. Convaincus de l'injustice de leurs prétentions, et sentant qu'ils ont tout à craindre d'un peuple éclairé sur ses droits, les princes s'attachent à lui ôter tout moyen de s'instruire. Persuadé d'ailleurs combien il est commode de régner sur un peuple abruti, ils s'efforcent de le rendre tel. Que d'obstacles n'opposent-ils pas aux progrès des lumières ? Les uns bannissent les lettres de leurs Etats ; les autres défendent à leurs sujets de voyager ; d'autres empêchent le peuple de réfléchir, en l'amusant continuellement par des parades, des spectacles, des fêtes, ou en le livrant aux fureurs du jeu : tous s'élèvent contre les sages qui consacrent leur voix et leur plume à défendre la cause de la liberté.

« Jean-Paul Marat, Les Chaînes de l'esclavage. L'opinion est fondée sur l'ignorance, et l'ignorance favorise extrêmement le despotisme. C'est elle qui, tenant le bandeau sur les yeux des peuples, les empêche de connaître leurs droits, d'en sentir le prix, et de les défendre. C'est elle qui, leur voilant les projets ambitieux des princes, les empêche de prévenir les usurpations de l'injustice puissance, d'arrêter ses progrès, et de la renverser. C'est elle qui, leur cachant les noirs complots, les sourdes menées, les profonds artifices des princes contre la liberté, leur fait donner dans toutes les embûches, et se prendre perpétuellement aux mêmes pièges. C'est elle qui, les rendant dupes de tant de préceptes mensongers, leur lie les mains, plie leurs têtes au joug, et leur fait recevoir en silence les ordres arbitraires des despotes. C'est elle, en un mot, qui les porte à rendre avec soumission aux tyrans tous les devoirs qu'ils exigent, et les fait révérer du crédule vulgaire comme des dieux. Pour soumettre les hommes, on travaille d'abord à les aveugler.

Convaincus de l'injustice de leurs prétentions, et sentant qu'ils ont tout à craindre d'un peuple éclairé sur ses droits, les princes s'attachent à lui ôter tout moyen de s'instruire.

Persuadé d'ailleurs combien il est commode de régner sur un peuple abruti, ils s'efforcent de le rendre tel. Que d'obstacles n'opposent-ils pas aux progrès des lumières ? Les uns bannissent les lettres de leurs Etats ; les autres défendent à leurs sujets de voyager ; d'autres empêchent le peuple de réfléchir, en l'amusant continuellement par des parades, des spectacles, des fêtes, ou en le livrant aux fureurs du jeu : tous s'élèvent contre les sages qui consacrent leur voix et leur plume à défendre la cause de la liberté. **** Jean-Paul Marat : né en 1743 et mort assassiné dans son bain par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. Marat > médecin, journaliste et homme politique, député montagnard à la Convention à l’époque de la Révolution. Dans les Chaînes de l'esclavage, il décrit les mécanismes qui sont employés pour asservir un peuple… I- Un texte argumentatif A- Un essai • Montrez que ce texte argumentatif est présenté de manière claire : nombreux paragraphes courts. • 1 phrase introductrice qui énonce la thèse + 5 § de deux lignes explicitant la 1e phrase + 1 6e § bien plus long. • 5 paragraphes commencent par la même expression « C'est elle » > anaphore.

Répétition qui permet de souligner l’argumentation de l’auteur. Rythme du discours rendu par la brièveté de ces paragraphes. • Le dernier § : contient de longues phrases, une question rhétorique… Cf.

le recours aux points de suspension. • Essai rédigé au présent => présent de vérité générale.

Ex : « L'opinion est fondée sur l'ignorance ». • « on » ; « Les uns » ; « ils » ; « L'opinion »… > Montrez que les sujets sont très généraux. Ex : « peuples » > Généralisation. B- Thèse • Thèse : « L'opinion est fondée sur l'ignorance, et l'ignorance favorise extrêmement le despotisme ». Anadiplose : reprise en tête de groupe syntaxique de « l’ignorance » qui, dans le groupe précédent, est situé à la fin. Insistance + « et » > ajoute un argument qui semble découler logiquement. Donne l’origine de l’opinion : « est fondée sur l'ignorance » mais en rappelle le risque « favorise extrêmement le despotisme ». « extrêmement » : adverbe qui insiste sur le danger et le rôle important… « despotisme » : ennemi de la Révolution.. »

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