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Théophile de VIAU (1590-1626) - Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature

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Théophile de VIAU (1590-1626) - Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature Sonnet Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature, Tes yeux ont mis l'Amour dans son aveuglement, Et les Dieux occupés après toi seulement Laissent l'état du monde errer à l'aventure. Voyant dans le soleil tes regards en peinture, Ils en sentent leur coeur touché si vivement Que s'ils n'étaient cloués si fort au firmament, Ils descendraient bientôt pour voir leur créature. Crois-moi qu'en cette humeur ils ont peu de soucis Ou du bien ou du mal que nous faisons ici ; Et tandis que le Ciel endure que tu m'aimes, Tu peux bien dans mon lit impunément coucher. Isis, que craindrais-tu, puisque les Dieux eux-mêmes S'estimeraient heureux de te faire pécher ?

« Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature, Tes yeux ont mis l'Amour dans son aveuglement, Et les Dieux occupés après toi seulement Laissent l'état du monde errer à l'aventure. Voyant dans le soleil tes regards en peinture, Ils en sentent leur coeur touché si vivement Que s'ils n'étaient cloués si fort au firmament, Ils descendraient bientôt pour voir leur créature. Crois-moi qu'en cette humeur ils ont peu de soucis Ou du bien ou du mal que nous faisons ici ; Et tandis que le Ciel endure que tu m'aimes, Tu peux bien dans mon lit impunément coucher. Isis, que craindrais-tu, puisque les Dieux eux-mêmes S'estimeraient heureux de te faire pécher ? Théophile de Viau Théophile est l’un des poètes les plus lus au XVII siècle, mais ses contemporains le jugeaient, malgré son talent de poète et de dramaturge, de libertin aux mœurs condamnables.

La critique contemporaine fait de lui un poète baroque, mais c’est avant tout en tant que « moderne » que Théophile de Viau est aujourd’hui reconnu.

En effet, il était contre toute forme d’imitation des anciens. Quatre alexandrins aux rimes riches embrassées.

La facture du poème, sa forme et son agencement, répondent aux canons stylistiques de la poésie française instaurées par la Pléiade. Si le thème est en lui-même un thème lyrique récurrent, à savoir l’amour du poète pour une dame qui se refuse à lui (voir par exemple le sonnet pour Hélène de Ronsard), c’est dans la tonalité poétique que se démarque Théophile de Viau : Problématique : En quoi ce poème, de facture classique, révèle la modernité poétique de Théophile de Viau ? Premier quatrain : Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature, Tes yeux ont mis l'Amour dans son aveuglement, Et les Dieux occupés après toi seulement Laissent l'état du monde errer à l'aventure. Le premier quatrain, tout en étant une ode à la femme aimée, se distingue de la poésie classique dans son registre : la beauté de la femme est plus forte que le sentiment lui-même.

En ce sens, le lyrisme est modernisé : 1) 2) adresse directe à la femme aimée avec tutoiement : « tes ». Symbole de l’ « innamoramento » de la renaissance (les yeux, reflet de l’amour naissant), ici renversé : l’Amour est aveuglé. 3) La nature : symbolisme là aussi renversé (rechercher en quoi la nature dans la poésie était considérée comme une divinité à respecter), or, dans ce quatrain, la nature est troublée.

(vers 1).

Elle est démystifiée, de même que les Dieux, originellement cruels car invulnérables, perdent dans ce poème le contrôle du monde : humanisation des dieux en leur donnant un caractère faillible. Deuxième quatrain : Voyant dans le soleil tes regards en peinture, Ils en sentent leur coeur touché si vivement Que s'ils n'étaient cloués si fort au firmament, Ils descendraient bientôt pour voir leur créature. La modernité du poète se lit dans ce quatrain dans son humour : V5 : alors que les yeux (cf premier quatrain) sont l’un des premiers symboles de l’amour naissant, ce quatrain propose un autre retournement du symbolisme.

On s’attendrait à ce que le poète voit le reflet du soleil dans les yeux de la femme aimée, or, il s’agit du contraire. A la rime, des notions de lyrisme classique : ex : la femme créature des dieux, le firmament.. Or, allitération assez forte en R, statut des dieux une fois de plus revus à la baisse : ici, vers 7, c’est leur passivité qui. »

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