Les passants - Jean JOUBERT
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Les passants - Jean JOUBERT
Sont-ils vivants les hommes de brouillard
qui me dédient un geste de la main,
très faible, dans la foule du matin,
et dont les mots tombent comme des mouches?
Ou bien ai-je vécu sans le savoir dans une ville où végètent les morts, souvent très doux comme vagues au port, parfois déments et prêts à tout briser?
Ceux que j'aimais sont morts avant la nuit, et la rougeur étroite à leur croisée n'est dans le soir que la rose fanée » qui brûle bas sur la lampe funèbre.
Vont-ils masquer la rive, les étoiles
et le reflet du monde sur les eaux,
du pan troué de leurs pauvres manteaux
lorsque l'effraie rôde sur les terrasses?
ou me voler la flamme qui m'occupe, discrète et tendre et toujours menacée,
à moi qui suis aux frontières du temps, peut-être mort, et qui me crois vivant.
Jean JOUBERT, Campagnes secrètes, 1974.
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