Le sentiment de la nature de ROUSSEAU
Extrait du document
«
L'amour de Rousseau pour la nature est en harmonie avec ses idées philosophiques.
Il étouffe dans l'atmosphère
corrompue des villes; il cherche la paix des champs, des forêts, des montagnes.
Il y goûte des plaisirs purs,
indéfiniment renouvelés : « Je me levais avec le soleil et j'étais heureux; je me promenais et j'étais heureux; je
parcourais les bois, les coteaux, j'errais dans les vallées...
et le bonheur me suivait partout.
»
L'AGRÉMENT DE LA VIE CHAMPÊTRE
Rousseau aime se mêler aux occupations rustiques.
Volontiers, il prendrait « le râteau des faneuses et le panier des
vendangeuses » ou chanterait avec les villageois dans quelque fête le refrain d'une vieille chans'on.
Il rêve de
joyeux repas en compagnie d'amis éprouvés avec « le gazon pour table et pour chaises »; il garde le souvenir
attendri d'une nuit passée à la belle étoile.
Il goûte les joies diverses d'une promenade à pied, respire joyeusement
l'air de la route, qui ouvre l'appétit.
Il se plaît à cueillir des fleurs, à les regarder, à les classer dans un herbier et
trouve à la botanique un charme « qui suffit seul pour rendre la vie heureuse et douce ».
LA BEAUTÉ DES PAYSAGES
Rousseau jouit aussi en artiste des spectacles que la nature offre à ses regards.
Il s'émeut d'assister à son éveil,
célèbre le charme d'un printemps : « La terre commençait à végéter; on voyait des violettes et des primevères »;
ou la splendeur d'une aurore : « La verdure a pris durant la nuit une vigueur nouvelle; le jour naissant qui l'éclaire,
les premiers rayons qui la dorent, la montrent couverte d'un brillant réseau de rosée, qui réfléchit à l'oeil la lumière
et les couleurs.
» Parfois, il recherche les sites tourmentés : « Il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des
bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descenclfe, des précipices à mes côtés qui me
fassent bien peur »; mais il goûte aussi une beauté moins farouche : « L'or des genêts et la pourpre des bruyères
frappaient mes yeux d'un luxe qui touchait mon coeur; la majesté des arbres qui me couvraient de leur ombre, la
délicatesse des arbustes qui m'environnaient, l'étonnante variété des herbes et des fleurs que je foulais sous mes
pieds, tenaient mon esprit dans une alternative continuelle d'observation.
»
LES JOIES DE L'EXTASE
Ces impressions diverses se prolongent dans la rêverie ou l'extase.
Grâce à la magie d'un beau paysage, « on oublie
tout, on s'oublie soi-même, on ne sait plus où l'on est ».
L'âme, transportée hors du temps, se satisfait du sentiment
de sa propre existence, ou bien aspire à une communion avec la nature : « J'aimais à me perdre en imagination dans
l'espace; mon coeur, resserré dans les bornes des êtres, s'y trouvait trop à l'étroit, j'étouffais dans l'univers, j'aurais
voulu m'élancer dans l'infini.
» Ainsi exaltée, elle s'élève « au système universel des choses, à l'Être incompréhensible
qui embrasse tout ».
A son plus haut degré d'intensité, le sentiment de la nature atteste la présence de Dieu dans
les choses et se confond avec le sentiment religieux..
»
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