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L'ART DE ROUSSEAU

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Son art est extrêmement travaillé. Il en fait lui-même la remarque : « Mes manuscrits raturés, barbouillés, mêlés, indéchiffrables attestent la peine qu'ils m'ont coûtée. » Malgré ce travail de mise au point, l'émotion subsiste, intacte et communicative. Il s'abandonne volontiers à son éloquence naturelle, surtout dans ses ouvrages théoriques. Il aime les périodes bien rythmées. Lorsque la pensée a été suffisamment développée, des formules saisissantes la résument. Souvent le ton monte et la démonstration tourne au plaidoyer ou au réquisitoire. Les réminiscences classiques, les figures de rhétorique contribuent à l'effet d'ensemble. Cette éloquence, inhabituelle en ce siècle, fait le lien entre les prédicateurs classiques et les rhéteurs romantiques.

« • L'ART DE ROUSSEAU Son art est extrêmement travaillé.

Il en fait lui-même la remarque : « Mes manuscrits raturés, barbouillés, mêlés, indéchiffrables attestent la peine qu'ils m'ont coûtée.

» Malgré ce travail de mise au point, l'émotion subsiste, intacte et communicative. Il s'abandonne volontiers à son éloquence naturelle, surtout dans ses ouvrages théoriques.

Il aime les périodes bien rythmées.

Lorsque la pensée a été suffisamment développée, des formules saisissantes la résument.

Souvent le ton monte et la démonstration tourne au plaidoyer ou au réquisitoire.

Les réminiscences classiques, les figures de rhétorique contribuent à l'effet d'ensemble.

Cette éloquence, inhabituelle en ce siècle, fait le lien entre les prédicateurs classiques et les rhéteurs romantiques. Un lyrisme véritable se rencontre dans La Nouvelle Héloïse, les Confessions, les Rêveries, œuvres où l'écrivain s'est mis tout entier.

Par l'effort de l'analyse et la précision du détail, ses sentiments sont restitués dans toute leur fraîcheur : passion craintive ou tumultueuse, allégresse des jours heureux, élans d'enthousiasme ou d'espoir, orgueil blessé.

Le récit se déroule comme une confidence attentive, avec des longueurs assurément, mais aussi avec des instants de haute poésie, où l'accent devient élégiaque et tendre, où la phrase prend un équilibre et une cadence qui rappellent le rythme du verset ou de la strophe. Peintre de la nature, Rousseau a su traduire avec émotion et vérité cette splendeur des choses à, laquelle il fut tellement sensible.

Paysages alpestres, lacs de Suisse, forêts de l'Ile-de-France lui ont fourni l'occasion de descriptions inoubliables.

Sans doute il lui arrive d'employer des termes abstraits, des comparaisons maladroites. C'est que l'art auquel il s'exerçait, était encore nouveau.

Sa palette n'est pas très riche.

Mais il dispose habilement les couleurs.

Il a le sens du pittoresque.

Il excelle à évoquer une atmosphère.

A vrai dire, il ne décrit pas pour le banal plaisir de la description, mais pour mettre en valeur une impression fortement ressentie.

C'est un poète du sentiment, le plus grand poète de son siècle.. »

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