Juste la fin du monde de J-l lagarce L'exposition de la pièce ( 1, 1) depuis « C'est Catherine . »jusqu'à« Vous vivez d' une drôle de manière» ( p 25-27)
Publié le 05/02/2023
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«
Juste la fin du monde de J-l lagarce
L'exposition de la pièce ( 1, 1)
depuis « C'est Catherine.
»jusq u'à« Vous vivez d'une drôle de manière» ( p 25-27)
Eléments d'introduction :
►
Présentation du passage
Ce passage se situe juste ap rès le prologue de l ouis qu i annonce q u'il va mourir dans
quelques mois et qu' il vient annoncer sa « mort procha ine et irrémédiable» .
loui s
arrive dans la maison de la Mère et de Suzanne (cf.
la didascalie initiale) et il rencontre
pour la première fois Catherine, la femme de son frère, Ar;i"toine.
► Projet de lecture
Lo rsque la pièce déb ute, le spectateur ne sait pas qui est chacun de ces pe rso nnages,
et les présentations ont valeur de double énonciation théâtrale .
Cependant, j usqu' à la
précision de la Mère en fin de passage, le manque d' informations dans les dialogues
maintient le flou dans l' esprit du spectateur, qui ne pourra pas se faire une idée précise
des rapports entre les personnages et qui devra se construire une image mentale de
ceux-ci grâce à la tonalité des répliques et grâce au physique des comédiens indiquant
leur âge respectif.
► Problématique retenue
En quoi cette scène d'exposition trahit-elle d'emblée le malaise familial ? Autrement
dit, en quoi cette scène d'exposition relève-t-elle du tragique du quotidien?
► Mouvements du passage
Premier mou~ement : lignes 1 à 9 - les présentations au sein de la famille
Deuxième mouvement : lignes 10 à 33 - deux dialogues en parallèle
Troisième mouvement: lignes 34 à 41- l' incrédulité de la Mère
Analyse linéaire
Premier mouvement : lignes 1 à 9 - les présentations au sein de la famille
►
C'est la plus jeune de la fratrie qui prend la parole pour ouvrir la pièce après le
prologue .
Ce choix est intéressant dans la mesure où c'est Suzanne qui parlera le plus
durant toute la pièce.
Elle apparaît comme un personnage assez dynamique, faisant
preuve de volonté, et elle endosse ici en quelque sorte le rôle de maître de cérémonie ;
c'est elle en effet qui prend en charge les présentations entre Louis et Catherine, qui
ne se connaissent pas, faisant fonctionner le principe de la double énonciation ( une
énonciation s'adressant à deux destinataires distincts ) qui permet au spectateur
d'obtenir des informations, au cours du déroulé de la scène .
► Les p_résentations sont faites par Suzanne de manière assez sèche et minimale, et les
formules présentatives réitéré~s ( « C'est » / « Elle est» / « Voilà» ; les présentatifs
sont des mots ou des locutions permettant la mise en relief d'un mot ou d'un groupe
de mots) suivies du prénom de louis et Catherine ont valeur de didascalies internes.
Le texte de lagarce se caractérise d'ailleurs par cette absence de didascalies externes,
et c' est au lecteur d'imaginer la scène ; ainsi, ce sont les répliques d'Antoine et de
Catherine qui nous indiquent les mouvements et l'émotion de Suzanne.
1
►
Cette·pre mière prise de parole de Suzanne révèle par ailleurs d'emblée
le style propre
à Lagarce - un style oralisé, fa it de répétitions et de refo rmulations
; un st y le
psychologi sant aussi - en même temp s qu'elle indique les rapports unissant
Antoine et
Suzanne ; le frère cadet se moque en effet tout de suite de sa
petite sœur, la
comparant à un chien jappant de j o ie de retro uver son maît re, tout
en s' ad ressant à
elle de ma nière direct ive, en lui don nant des ordres.
Le caractère
apaisant de
Catherine apparaît également , alors qu'elle tente de just ifier la joie de
Suzann e auprès
de son mari.
Deuxième mouvement : lignes 10 à 33 - deux dialogues en parallèle
►
La première prise de pa role de la Mère installe une plus grande confusion
enco re dans
l'esprit du spect at eur.
D' une part, car les destinatai r.es de ses propos
ne sont pa s
fa cilement identifiab les.
Ainsi, le glissemen t énonciat1î entre le singulier
« Ne me dis
pas ça » et le pluriel « ne me dites pas ça » fa it que nous ne sa vo ns pas préciséme
nt à
qui s'ad resse sa rép lique.
D' ail leu rs, on ne sait pas si le segme nt in itia
l« Ne me dis pas
ça, ce que je viens d'entendre » se rapporte à la moquerie d'Antoine envers sa
sœur
Suzanne ou au fait que Louis et Catherine ne se connaissent pa s { mais
rien n' a été dit
à ce suj et ; elle n' a rien entendu à ce propos ; ce sont tout simpleme
nt les
présentati ons formelles de Suzanne qui le prouvent.) Enfin, on ne sait
pas vraiment si
l'assertion « Tu ne dis pas ça » qui suit est destinée à Louis ou à Catherine
{ ambiguïté
énonciativ e ou brouillage énonciatif ).
► Les amphibolo gies { ambiguïté non voulue, sens équivoque
résultant soit d' une
constructi on maladroite , soit d' une polysémie ) dans les répliques
de La Mère et les
aphérèses { suppressio n d' un ou de plusieurs phonèmes au début d'
un mot ; opposé à
apocope) dans les répliques d'Antoine, qui viennent traduire une parole
peu aboutie,
s' opposent aux répliques plus construite s de Louis et de Catherine .
► A partir de la première réplique de La Mère, une sorte de
dialogue parallèle s' instaure :
d' un côté, La Mère, Antoine et Suzanne {=le clan familial) parlent du
fait que Louis et
Catherine ne se connaissent pas { on a même l' impression étrange
qu'ils en parlent
comme s' ils étaient absents de la scène ) ; de l'autre côté, Louis
et Catherine se
présenten t l' un à l'autre, comme s'ils n'entenda ient pas l'agitation
qui anime les
différents membres de la famille .
► Cette complic ité particuliè re qui s' instaure dès la scène
d'expositio n entre Louis et sa
belle-sœur, entre les deux....
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