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Corneille, L'Illusion comique, Acte III, scène 4.

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Corneille, L'Illusion comique, Acte III, scène 4. MATAMORE. Respect de ma maîtresse, incommode vertu, Tyran de ma vaillance, à quoi me réduis-tu ? Que n'ai-je eu cent rivaux en la place d'un père, Sur qui, sans t'offenser, laisser choir ma colère ! Ah ! visible démon, vieux spectre décharné, Vrai suppôt de Satan, médaille de damné, Tu m'oses donc bannir, et même avec menaces, Moi de qui tous les rois briguent les bonnes grâces ? CLINDOR. Tandis qu'il est dehors, allez, dès aujourd'hui, Causer de vos amours, et vous moquer de lui. MATAMORE. Cadédiou ! Ses valets feraient quelque insolence. CLINDOR. Ce fer a trop de quoi dompter leur violence. MATAMORE. Oui, mais les feux qu'il jette en sortant de prison Auraient en un moment embrasé la maison, Dévoré tout à l'heure ardoises et gouttières, Faîtes, lattes, chevrons, montants, courbes, filières, Entretoises, sommiers, colonnes, soliveaux, Parnes, soles, appuis, jambages, traveteaux, Portes, grilles, verrous, serrures, tuiles, pierre, Plomb, fer, plâtre, ciment, peinture, marbre, verre, Caves, puits, cours, perrons, salles, chambres, greniers, Offices, cabinets, terrasses, escaliers. Juge un peu quel désordre aux yeux de ma charmeuse ; Ces feux étoufferaient son ardeur amoureuse. Va lui parler pour moi, toi qui n'es pas vaillant : Tu puniras à moins un valet insolent. CLINDOR. C'est m'exposer... MATAMORE. Adieu : je vois ouvrir la porte, Et crains que sans respect cette canaille sorte.

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