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Corneille, L'Illusion comique, Acte III, scène 1.

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Corneille, L'Illusion comique, Acte III, scène 1. GERONTE. Apaisez vos soupirs et tarissez vos larmes ; Contre ma volonté ce sont de faibles armes : Mon coeur, quoique sensible à toutes vos douleurs, Ecoute la raison, et néglige vos pleurs. Je sais ce qu'il vous faut beaucoup mieux que vous-même. Vous dédaignez Adraste à cause que je l'aime ; Et parce qu'il me plaît d'en faire votre époux, Votre orgueil n'y voit rien qui soit digne de vous. Quoi ! manque-t-il de bien, de coeur ou de noblesse ? En est-ce le visage ou l'esprit qui vous blesse ? Il vous fait trop d'honneur. ISABELLE. Je sais qu'il est parfait, Et que je réponds mal à l'honneur qu'il me fait ; Mais si votre bonté me permet en ma cause, Pour me justifier, de dire quelque chose, Par un secret instinct, que je ne puis nommer, J'en fais beaucoup d'état, et ne le puis aimer. Souvent je ne sais quoi que le ciel nous inspire Soulève tout le coeur contre ce qu'on désire, Et ne nous laisse pas en état d'obéir, Quand on choisit pour nous ce qu'il nous fait haïr. Il attache ici-bas avec des sympathies Les âmes que son ordre a là-haut assorties : On n'en saurait unir sans ses avis secrets ; Et cette chaîne manque où manquent ses décrets. Aller contre les lois de cette providence, C'est le prendre à partie, et blâmer sa prudence, L'attaquer en rebelle, et s'exposer aux coups Des plus âpres malheurs qui suivent son courroux.

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