La crise de la conscience européenne (1680-1720)

« La crise de la conscience européenne*(1680-1720) Les bases politiques et culturelles du xvn• s.

classique se trouvent remises en question par des mutations d'ampleur européenne: a Des bouleversements idéologiques - Crise des monarchies absolues, d'où un progrès de la pensée politique et sociale (in­ fluence anglaise) devant les difficultés po­ litiques et économiques croissantes: c'est à la fois une étude des fondements· du pouvoir (Locke, Essai sur le pouvoir civil, 1690) et une attention neuve à la réalité de la misère et des inégalités (FÉNELON, Té­ lémaque, 1699; Examen de conscience sur les devoirs de la Royauté, 1711).

Les échecs de la fin du règne de Louis XIV font prendre conscience des faiblesses de l'absolutisme (voir les Mémoires de SAINT-SIMON, entre­ pris à partir de 1691, mais publiés au dé­ but du XIX0 s.). - Crise religieuse, en France notamment. L'église catholique est divisée: conflit du Quiétisme entre FÉNELON et BOSSUET' conflit des Gallicans et des Ultramontains sur les pouvoirs respectifs du roi et du pape, conflit entre le pouvoir et les Jansé­ nistes (fermeture de Port-Royal).

La révo­ cation de l'Édit de Nantes (1685) entraîne la reprise des persécutions contre les pro­ testants, et une recrudescence de virulen­ tes querelles politico-religieuses. - Naissance de grands systèmes philoso­ phiques à l'étranger.

Certes divergents, ils sont néanmoins non chrétiens et submer­ gent le cartésianisme chrétien : pan­ théisme de Leibniz et de Spinoza, idéa­ lisme de Berkeley, empirisme de Locke. La philosophie se sépare de plus en plus nettement de la théologie; la critique his­ torique des textes sacrés (Richard SIMON) attaque aussi les certitudes de la foi.

La libre-pensée trouve les moyens critiques qui ont fait défaut au libertinage du début du XVII° s.

avec lequel les écrits de SAINT­ EVREMOND assurent un lien. * Titre d'un ouvrage de P.

Hazard, paru en 1935, qui étudiait cette période.. »