Multiplication des courants littéraires (1945-1960)

« Multiplication des courants littéraires (1945-1960) Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale sont marquées, au plan politique et social, par une série d'inquiétudes et de désillusions qui viennent s'ajouter aux trauma­ tismes des années 1939-1945.

Les très grandes puissances (au rang desquelles la France ne peut plus se compter) se partagent le monde et l'atmosphère de «guerre froide» qui règne entre elles trouble les mentalités (d'autant plus que la menace atomique est une réalité depuis Hiroshima en 1945).

En France même, les espoirs que beaucoup avaient mis dans le mouvement social et politique né de la Résistance ne se réalisent pas. Dans les domaines littéraire et intellectuel, l'après-guerre opère une redistribution des valeurs et des célébrités.

Ceux qui ont pris le parti de l'Allemagne sont mis à l'écart (ou ont été condamnés: BRASILLACH, CÉLINE), et ceux qui n'ont pas fait acte de Résistance ou se sont exilés durant l'occupation perdent également de leur prestige.

En revanche, des écrivains-résistants (ARAGON, ÉLUARD, P.

EMMANUEL) font figure de nouveaux «modèles».

D'autre part et surtout, la littérature cherche une nouvelle définition d'elle-même (SARTRE reprendra la question: «Qu'est-ce que la littérature?» dans Situa­ tions Il).

De fait, les réponses et les attitudes s'orientent dans des voies si variées qu'on peut dire alors qu'il y a un éparpillement de la création littéraire. Cette création, d'ailleurs, se renouvelle au total assez peu.

Mis à part le «Nouveau Roman» et le «Nouveau Théâtre», mouvements d'ampleur limités, ce qui domine en fait, c'est l'éclectisme.

La littérature reste définie comme l'apanage de l'élite avant tout, mais cette élite se découvre des tendances esthétiques peu compatibles entre elles.. »