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Victor Hugo, Les Contemplations, extrait d' « À propos d'Horace ».

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Victor Hugo, Les Contemplations, extrait d' « À propos d'Horace ». [...]J'étais alors en proie à la mathématique. Temps sombre ! Enfant ému du frisson poétique, Pauvre oiseau qui heurtais du crâne mes barreaux, On me livrait tout vif aux chiffres, noirs bourreaux ; On me faisait de force ingurgiter l'algèbre ; On me liait au fond d'un Boisbertrand funèbre ; On me tordait, depuis les ailes jusqu'au bec, Sur l'affreux chevalet des X et des Y ; Hélas ! on me fourrait sous les os maxillaires Le théorème orné de tous ses corollaires ; Et je me débattais, lugubre patient Du diviseur prêtant main-forte au quotient. De là mes cris. Un jour, quand l'homme sera sage, Lorsqu'on instruira plus les oiseaux par la cage, Quand les sociétés difformes sentiront Dans l'enfant mieux compris se redresser leur front, Que, des libres essors ayant sondé les règles, On connaîtra la loi de croissance des aigles, Et que le plein midi rayonnera pour tous, Savoir étant sublime, apprendre sera doux. Alors, tout en laissant au sommet des études Les grands livres latins et grecs, ces solitudes Où l'éclair gronde, où luit la mer, où l'astre rit, Et qu'emplissent les vents immenses de l'esprit, C'est en les pénétrant d'explication tendre, En les faisant aimer, qu'on les fera comprendre. Homère emportera dans son vaste reflux L'écolier ébloui ; l'enfant ne sera plus Une bête de somme attelée à Virgile ; Et l'on ne verra plus ce vif esprit agile Devenir, sous le fouet d'un cuistre ou d'un abbé, Le lourd cheval poussif du pensum embourbé. [...]

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