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Texte 6 : Le portrait d’Arrias

Publié le 16/03/2024

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« Texte 6 : Le portrait d’Arrias Introduction : La deuxième moitié du XVIIème, en France, voit succéder, aux déboires du baroque, la rigeur du classicisme.

Favorisé par la politique de mécénat royal exercée par Louis XIV dans la première moitié de son règne, le classicisme est le témoignage littéraire d’une société animée par l’idéal de l’Honnête Homme, encré dans les règles de la bienséance face à l’émergence d’un libertinage qui assure la transition entre l’humanisme de la Renaissance et la philosophie du siècle des Lumières, dont le personnage éponyme de la pièce de Molière Don Juan est emblématique.

Jean de La Bruyère est un des représentants les plus éminents du courant classique : né le 16 août 1645 dans une famille bourgeoise, son exercice du droit lui procure moins d’intêret que d’ennui.

Après un emploi de précepteur auprès du jeune duc de Bourbon, La Bruyère s’installe en 1685 à l’hôtel de Condé, situé à Versailles, où il deviendra le gentilhomme ordinaire du duc, en charge de la bibliothèque, une position idéale pour le moraliste qui couche alors ses observations de la haute société sur le papier, à travers l’œuvre qui sera celle de sa vie, les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.

Présentée comme une prolongation des Caractères du philosophe péripatéticien Théophraste, l’œuvre de La Bruyère connaît dès la parution de sa première édition en 1688 un succès fulgurant, succès initiant les éditions suivantes qui parurent à un rythme rapproché, jusqu’à la neuvième et dernière publiée en 1696, à titre posthume. Les Caractères comprennent 16 livres, chacun consacré à un aspect de la société de l’époque de son auteur ; ces chapitres sont constitués de nombreuses remarques qui mêlent à la fois maximes et portraits et forment le choix de l’auteur d’une écriture fragmentaire, ayant pour objectif de délaisser toutes futilités pour se concentrer uniquement sur la peinture objective d’une société qu’il souhaite réformer tant moralement que socialement.

En effet, l’œuvre de La Bruyère est la stricte représentation de l’esthétique et du modèle classique dans tous les aspects : elle exclut toute création fantaisiste et se conforme à l’ordre, à la raison et au bon sens tout en traitant de la Nature Humaine comme le préconise Racine : « Un écrivain qui s’écarte du naturel ne peut que trahir le bon sens » et que La Bruyère appuie en affirmant : « Je rends au public ce qu’il m’a prêté ; j’ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage.

Il peut regarder avec loisir ce portrait que j’ai fait de lui d’après nature ».

De la même manière, les Caractères s’inscrivent dans une imitation des Anciens, qui représentent à l’Humanisme comme au classicisme un modèle inégalable, que les auteurs s’approprient pour constituer une nouvelle origine.

La Bruyère est un fervant défenseur des Anciens dans la querelle qui les opposent aux modernes ; les Caractères s’inscrivent dans la continuité de Théophraste et son auteur se postionne aux côtés de La Fontaine ou encore Boileau.

C’est d’ailleurs ce dernier qui synthéthise ce qui constitue le style classique dans son Art Poétique en 1674, emprunté à celui d’Horace et dont il réutilise la fameuse devise « Il obtient tous les suffrages celui qui unit l’utile à l’agréable, et plaît et instruit en même temps ».

Cette devise, à l’origine de l’idée de placere et docere, voire movere si l’on y joint la didactique de Cicéron dans L’Orateur, témoigne de l’essence même du classicisme, qui inspirera le mouvement des Lumières, c’est-à-dire le fait de chercher par-dessus tout à instruire, à soigner les maux de l’Homme et perfectionner leurs caractères, parfois en utilisant des procédés qui contribuent au plaisir de lecteur si, comme l’évoque La Bruyère dans sa préface, « Cela sert à insinuer et à faire recevoir les vérités qui doivent instruire ».

Le texte présenté est la septième remarque du livre 5, De la société et de la conversation, qui se veut être un guide de l’Honnête Homme dans les situations mondaines.

On y fait le portrait d’un contre-modèle de l’Honnête Homme, Acis, courtisan qui représente la préciosité – mode littéraire français du début du XVII siècle qui met en avant la place des femmes et préconisant un travail poétique de la langue - et qui s’oppose, par son langage moins préoccupé du fond que la forme, à la maxime de Boileau « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ».

De quelle manière La Bruyère critique-t-il, à travers le personnage d’Acis une utilisation du langage inutilement compliquée et fait-il la satire des précieux ? Nous analyserons dans un permier mouvement la manière dont l’auteur dénonce un langage ridiculement complexe à travers un dialogue ironique et à sens unique.

Nous pencherons ensuite, dans le deuxième mouvement du texte, sur la satire générale des courtisans précieux et le conseil du moraliste à travers la pointe finale. Analyse linéaire : I. - Un dialogue à sens unique qui dénonce un langage inutilement complexe (De « Que dites vous » à « recommencer ») Dès le premier coup d’œil, on remarque les signes typographiques du dialogue, à savoir les guillemets et le discours direct.

Le dialogue débute in medias res, « au milieu des choses », un procédé littéraire qui consiste à placer le lecteur dans l’action pour clarifier le cadre après coup.

Nous sommes dans une situation dans de dialogue fictif entre le moraliste et son interlocuteur, où on ne lit pas les réponses de l’interlocuteur en question, elles sont elliptiques car peu intéressantes ; il est fréquent que La Bruyère prenne la parole à la première personne dans son œuvre.

Il y a une série de trois questions rapides.

Le vouvoiement, l’emploi du « Comment ? » ou du conditionnel « vous plairait-il » indique que nous sommes dans une conversation mondaine entre personnes éduquées.

Les questions qui ouvrent le texte montrent une incompréhension face aux propos précédemments évoqués dans la conversation  ils ne sont pas - - - - - mentionnés, ce qui suscite la curiosité du lecteur et crée un effet d’attente.

Il y a une oppostion entre le « vous » et le « je ».

Cette incompréhension donne une dimension vivante, presque théâtrale au dialogue  c’est donc une mise en abyme. « Je n’y suis pas » « J’y suis encore moins.

Je devine enfin » On a une gradation qui montre que le propos est obscur et incompréhensible, et qui montre une progression de la compréhension, avec le « enfin » qui dénote l’impatience du narrateur.

Aussi, le « J’y suis encore moins » montre un paradoxe car l’auteur demande des éclaircissements, mais il est de moins en moins éclairci.

L’utilisation du présent et la forme du dialogue rendent le texte vivant et réel. (à partir de « ; vous voulez ») Après l’incompréhension qui avait mit le spectateur dans un effet d’attente, on a la réponse, Acis voulait dire qu’il fait froid  Déception du narrateur face à des propos aussi banals et prosaïques.

On a un décalage comique entre l’incompréhension et la banalité. Le narrateur va employer un ton didactique et placer Acis en posture d’élève pour employer trois exemples précis.

Il y a un parallélisme de construction entre avec les phrases de ces trois exemples, et un rythme ternaire s’installe ce qui donne un effet d’accéleration au passage, en plus d’un évident comique de répétition avec « vous voulez me dire », « vous voulez m’apprendre », « vous me trouvez ».

Bien qu’il y ait un parallélisme de contruction, il y a une différence entre « que ne disiez vous » et « dites » : le ton devient plus impératif.

L’emploi du « que » en tant que en tant qu’adverbe interrogatif au sens de « pourquoi » dans « que ne disiez vous » et des impératifs « dites » accentuent cette impression de leçon, qui ridiculise Acis.

On a un deuxième décalage comique entre la banalité des sujets évoqués par le narrateur comme la météo, le physique, et la complexité du langage d’Acis, ce qui dresse une satire comique par antithèse entre les deux. Le tiret indique une prise de parole d’Acis, mais dont on prend connaissance, comme au début du texte, sous la retranscription du narrateur.

Elle est donnée sous forme d’objection introduite par la conjonction de coordination « mais » et l’incise « répondezvous ».

Réponse en deux temps : « Cela est bien uni et bien clair » : les adjectifs sont donc péjoratifs pour Acis qui trouve qu’un propos simple n’est pas assez intéressant pour se faire remarquer, pour se distinguer.

La fausse question « et d’ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? » est extrêment révélatrice.

Le but d’Acis est celui des courtisans, d’apparaître comme supérieur, d’être différent des autres ; c’est une critique des précieux dont La Bruyère fait la satire en rendant le précieux prétentieux et excessif au point de plus n’être compris du tout. Enfin, le narrateur par sa réponse.... »

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