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René GHIL (1862-1925) (Recueil : Légendes d'âmes et de sangs) - Lieu de lauriers

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René GHIL (1862-1925) (Recueil : Légendes d'âmes et de sangs) - Lieu de lauriers Tuant, sur un sopha, sonneur des modes las, Amant des rimes d'or rarissimes et vierges, Dans les rêves le spleen, - du là-haut morne et gras, Quand, lourde, ploq, pliq, ploq, ainsi qu'en l'eau, des verges, La pluie au long ennui plaque en les longs ruisseaux Sa musique univoque, et que le morne arpège, Pliq, ploq, pliq, - pliq, ploq, plaq, rumeur d'eau dans les eaux ; S'exhale en des sourdeurs de pleur las qui s'allège, - Vagues, les heures, lors, à quelque paradis Il ouvre ses Yeux grands : et sur le sommeil grave De ses lèvres de sphinx aux amers et doux plis Son long rêve soleille, apâli, vierge et suave..... - Tout soleil, l'Air divin sur de l'eau plane et d'or Arde d'or ; et, par là, rêve des pierres nues, S'esseule, doux au loin d'inremué sopor, Un lilas doux de mont allongé sous les nues. Pas une aile ne rame : et, sur la plane mer Des gramens doux et plans, un zéphir ne ramage Par les rameaux au somme empli d'azur et d'air Des oliviers divins et des lauriers pleins d'âge. Pas un son, haut, las, ni moindre ! et pas une odeur N'exhale par l'Air d'or un soupir plein de sève : Rien que l'or du grand Air, l'azur et la verdeur, Perdus dans un lilas de mont empli de rêve !... Or, doux et mêmes, Tous, et ne dira nul oeil Qui les Hommes et qui les Vierges, - d'hommes pâles Tous impoilus va morne, et de Vierges, en deuil De quelque dieu, va pâle, en ses peplos non mâles, Une Théorie ample aux Yeux larges et noirs : Morne et pâle, et la soeur des lueurs de lune ample Par l'Air d'or elle va, sans aurore et sans soirs, Sous les rameaux d'azur pieux ainsi qu'un Temple. Sur les gramens ils vont ; et sous leurs peplos longs vont-ils asexués, les Vierges et les Hommes, Sous les peplos pâlis d'immenses lunaisons, - Vagues haut sur la mer des gramens sans arômes. Ils vont par les lauriers et le long paradis Saphiques et divins : et, pour amoureux râles, Pour spasmes et désirs, tout duo d'Yeux pâlis A l'immense union de ses sourires pâles !... - Tuant, sur un sopha, sonneur des modes las, amant des rimes d'or rarissimes et vierges, Dans les rêves le spleen, - du là-haut morne et gras, Quand, lourde, ploq, pliq, ploq, ainsi qu'en l'eau, des verges, La pluie au long ennui plaque aux ruisseaux, dehors, Sa musique univoque, - ainsi, dans l'insapide, Dans le mauve et le glauque, et l'azur et les ors. Aux paradis sans noms il va, doux et limpide...

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