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Quel est, parmi les grands romanciers du XIXe siècle (Balzac, George Sand, Flaubert), celui que vous préférez ? Vous donnerez les raisons de votre préférence.

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Sand ne nous donne vraiment pas assez le sentiment de la vie réelle, et ses paysans nous semblent sortir aujourd'hui d'une bergerie bien un peu vieillotte. II. A ces deux romanciers, nous préférons Gustave Flaubert, le Flaubert de Madame Bovary et de Salammbô, parce que: 1. « sans doute il a peut-être une perfection trop tendue et à la longue fatigante, qui empêche le lecteur de s'abandonner tout entier à l'intérêt du récit ; 2. mais d'autre part, il nous récompense amplement de cette fatigue par l'intérêt de ses descriptions, d'un pittoresque plus ramasse que celles de Balzac, ce qui leur donne plus d'éclat, qu'il s'agisse d'un spectacle ou d'une scène à peindre (un champ de foire, avec ses bêtes « qui sont là, le nez tourné vers la ficelle (qui les tient attachées) et alignent confusément leurs croupes inégales..., des vaches étalant leur ventre sur le gazon..., des étalons cabrés hennissant à pleins naseaux », etc.) ou un portrait (Catherine, Nicaise, Elisabeth Leroux, la vieille servante de ferme, « au visage plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie » et dont le romancier peint surtout les mains, ces admirables mains « noueuses, écaillées, durcies, et qui restent entrouvertes, comme pour présenter d'elles-mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies »). III. Insistons enfin sur les points suivants : * la vérité mesurée, et pourtant très forte, qu'il sait donner aux personnes, en les faisant agir et parler d'une façon exactement conforme à leur caractère (le médecin Bovary, lourdaud, épais, très bonasse et très inepte ; Emma, âme vulgaire, dévoyée par le romanesque, dure, orgueilleuse, passionnée avec cynisme ; l'ineffable Homais, etc.

« Quel est, parmi les grands romanciers du XIXe siècle (Balzac, George Sand, Flaubert), celui que vous préférez ? Vous donnerez les raisons de votre préférence. PLAN DE DISSERTATION Toute préférence suppose l'étude des qualités et des défauts que présentent les personnes ou les objets que l'on compare.

On dira donc d'abord, très brièvement, quelles qualités plaisent et quels défauts choquent chez les deux romanciers qu'on veut éliminer, et on insistera davantage sur les qualités qui ont décidé de notre préférence en faveur du troisième.

Il ne saurait être ici question de passer en revue tous les aspects sous lesquels on peut considérer chacun des trois romanciers, mais seulement de faire appel à quelques-unes des impressions qu'ils nous ont laissées. I.

En ce qui concerne Balzac et George Sand 1.

sans doute ils nous intéressent vivement l'un et l'autre: a.

Balzac par son réalisme descriptif, qu'il s'agisse de peindre un intérieur (le salon et la salle à manger de la pension Vauquier) ou un portrait (Gobsek), et par la puissance créatrice grâce à laquelle il anime d'une vie intense tel ou tel personnage (Grandet, Goriot) ; b.

George Sand par le sentiment de la nature qu'elle a répandu dans ses romans champêtres, et par l'air de naïveté qu'elle a su donner à ses héros ou héroïnes rustiques (Germain, le « fin laboureur », et la petite Marie, Joseph le cornemuseux, etc.) ; Mais Balzac nous choque par une composition inégale, par des descriptions d'une minutie parfois désespérante, par un grossissement peut-être outré de caractères dans tel ou tel épisode (mort de Goriot), par un style souvent exécrable ; d'autre part, G.

Sand ne nous donne vraiment pas assez le sentiment de la vie réelle, et ses paysans nous semblent sortir aujourd'hui d'une bergerie bien un peu vieillotte. II.

A ces deux romanciers, nous préférons Gustave Flaubert, le Flaubert de Madame Bovary et de Salammbô, parce que: 1.

« sans doute il a peut-être une perfection trop tendue et à la longue fatigante, qui empêche le lecteur de s'abandonner tout entier à l'intérêt du récit ; 2.

mais d'autre part, il nous récompense amplement de cette fatigue par l'intérêt de ses descriptions, d'un pittoresque plus ramasse que celles de Balzac, ce qui leur donne plus d'éclat, qu'il s'agisse d'un spectacle ou d'une scène à peindre (un champ de foire, avec ses bêtes « qui sont là, le nez tourné vers la ficelle (qui les tient attachées) et alignent confusément leurs croupes inégales..., des vaches étalant leur ventre sur le gazon..., des étalons cabrés hennissant à pleins naseaux », etc.) ou un portrait (Catherine, Nicaise, Elisabeth Leroux, la vieille servante de ferme, « au visage plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie » et dont le romancier peint surtout les mains, ces admirables mains « noueuses, écaillées, durcies, et qui restent entrouvertes, comme pour présenter d'elles-mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies »). III.

Insistons enfin sur les points suivants : * la vérité mesurée, et pourtant très forte, qu'il sait donner aux personnes, en les faisant agir et parler d'une façon exactement conforme à leur caractère (le médecin Bovary, lourdaud, épais, très bonasse et très inepte ; Emma, âme vulgaire, dévoyée par le romanesque, dure, orgueilleuse, passionnée avec cynisme ; l'ineffable Homais, etc.) ; * l'art de la composition qui calcule et mesure les étapes d'une action principale (celles par lesquelles Emma Bovary s'achemine à sa chute), en ménage la progression dramatique jusqu'à la catastrophe, fait jouer à merveille les contrastes (celui de la pauvre vieille Catherine Leroux et des bourgeois épanouis sur leur estrade), etc.

; * la puissance d'une imagination romantique qui, aidée de l'érudition, reconstitue dans Salammbô une civilisation disparue (festin des mercenaires, défilé de la Hache), etc.

; * un style impeccable (propriété de l'expression, science de la phrase, valeur musicale des mots), etc. Conclusion : Un tel ensemble de qualités s'impose à l'admiration.

Elles sont le fruit de dons naturels disciplinés par l'art et le travail.

L'exemple de Flaubert nous enseigne à quel prix s'achète la perfection.. »

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