Pour Voltaire, la perfection des fables de La Fontaine s'explique par une sorte d'instinct qu'aurait possédé le poéte, d'ailleurs homme assez ordinaire. Etes-vous de cet avis ?
Extrait du document
«
Au XVIIe siècle, on était très frappé du contraste qu'il y a entre la « simplicité » de La Fontaine (le bonhomme), son
air gauche, stupide, comme dit La Bruyère avec quelque exagération, et l'art de ses fables qui est divin.
On le
regardait volontiers comme un grand enfant qui faisait de belles choses sans s'en douter.
Mme de La Sablière
l'appelait son « fablier.
» Aussi n'est-il pas étonnant qu'on se soit servi du terme d'instinct pour caractériser son
génie.
« Le caractère de ce bonhomme, dit Voltaire, était si simple que, dans la conversation, il n'était guère audessus des animaux qu'il faisait parler; mais comme poète, il avait un instinct divin et d'autant plus instinct qu'il
n'avait que ce talent.
L'abeille est admirable, mais c'est dans sa ruche ; hors de là, l'abeille n'est qu'une mouche.
»
I.
Ce mot se justifie jusqu'à un certain point.
1.
Par ce que le talent de La Fontaine a de spontané, de naturel, de naïveté inimitable.
Aucun autre poète ne donne
cette impression d'aisance, de simplicité, d'abandon (récits, peintures, confidences).
2.
Les négligences de La Fontaine, les libertés qu'il prend avec la rime et la mesure confirment cette impression...
ainsi que sa légendaire paresse.
II.
Mais La Fontaine ne fut pas seulement un poète inspiré, il fut aussi un artiste conscient.
1.
Ses préfaces, prologues et épilogues montrent bien qu'il savait ce qu'il faisait et voulait faire.
(Rappeler quelquesunes de ses théories : cf.
Préface et aussi les fables liminaires des livres II et V.)
2.
Ses brouillons sont célèbres.
(Le renard, les mouches et le hérisson).
3.
Enfin l'étude même de ses fables suffirait à nous en convaincre : l'art est discret, mais il est partout :
a) Dans la composition des fables, l'ordonnance du dialogue, le pittoresque et la variété des peintures.
Prendre un
exemple : Les animaux malades de la peste.
b) Le style sublime et familier-à la fois toujours adapté au sujet et aux personnages; la langue, riche, variée,
originale avec ses archaïsmes, ses tours populaires, ses hardiesses....
c) La versification très savante, avec ses rythmes toujours si parfaitement en accord avec la pensée (qu'on lise une
fable à haute voix : Le coche et la mouche, ou toute autre)..
»
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