PEINTURE: Auguste Rodin (1840-1917)

« Auguste Rodin (1840-1917) Un Michel-Ange moderne.

En décembre 1916, à onze mois de la mort de Rodin, les Chambres acceptent le legs de l'artiste; ainsi, les œuvres les plus prodigieuses de la sculpture française vont se trouver rassemblées dans un admirable pavillon de l'hôtel Biron, dans le quartier des Invalides.

Les dons pour le dessin du jeune Rodin sont si évidents que ses parents n'hésitent pas à l'envoyer à l'Ecole des arts décoratifs.

Ce n'est pas la «grande Ecole», celle des beaux-arts, mais Rodin a la chance d'y bénéficier des leçons d'un statuaire prestigieux, Carpeaux.

Et puis, il y rencontre d'autres jeunes qui feront bientôt parler d'eux, comme Fantin-Latour ou Whistler.

Il y étudie le modelage et la peinture, mais sa passion pour le dessin l'emporte sur tout le reste.

Il fréquente le Louvre, la Bibliothèque impériale, le Muséum.

Vers l'âge de 18 ans, il essuie trois échecs successifs à l'Ecole des beaux-arts.

A cette époque se pose un autre problème: il doit gagner sa vie comme ornemaniste, puis comme «nègre» d'autres sculpteurs.

En 1864, un envoi au Salon, L'Homme au nez cassé, lui est refusé.

Après la guerre de 1870, il part pour la Belgique où il séjourne durant cinq ans.

En une quinzaine d'années, il a réalisé un nombre impressionnant de modèles...

qu'il doit détruire pour la plupart, faute de moyens pour les faire mouler.

La première œuvre qui ait subsisté de cette époque est L'Age d'airain.

Le plâtre exposé au Salon de 1877 provoque des réactions houleuses: on accuse Rodin d'avoir réalisé un moulage sur nature tant cette œuvre est vivante.

La même année, l'artiste entreprend un tour de France qui lui révèle les grandes cathédrales gothiques.

Tout son œuvre est marqué par cette découverte, qui s'ajoute à l'admiration qu'il éprouve pour Michel-Ange et Donatello.

Son style personnel, son mépris pour l'académisme lui valent d'être «recalé» à plusieurs concours.

Néanmoins La Porte de l'Enfer, vaste commande de l'Etat, est à l'origine de la célèbre statue du Penseur.

De la même époque datent un buste de Victor Hugo, une Tête de Saint-Jean après la décollation et, surtout, le groupe en plâtre des Bourgeois de Calais.

On déplore seulement, au sujet de ce monument, qu'il n'ait pas été érigé selon les plans de l'artiste.

C'est à partir de 1889 que le succès vient récompenser enfin le plus grand sculpteur du XIXe siècle.

Depuis lors, ses créations sont si nombreuses et si épanouies qu'il est impossible d'en omettre sans injustice.

Citons toutefois le groupe en plâtre du monument à Victor Hugo, qui scandalisa par sa nudité, et Le Baiser, probablement l'œuvre la plus célèbre après Le Penseur.. »