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Le monologue d'Auguste, dans Cinna de Pierre CORNEILLE. Expliquez le monologue d'Auguste, dans Cinna, Acte IV, Scène II, du vers 1121 à 1148.

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Le monologue d'Auguste, dans Cinna de Pierre CORNEILLE. Expliquez le monologue d'Auguste, dans Cinna, Acte IV, Scène II, du vers 1121 à 1148.

« Le monologue d'Auguste, dans Cinna de Pierre CORNEILLE.

Expliquez le monologue d'Auguste, dans Cinna, Acte IV, Scène II, du vers 1121 à 1148. 1.

Localisation du morceau. Auguste vient d'apprendre d'Euphorbe, confident de Maxime, le complot ourdi par Cinna et par ses amis.

Il est atterré. Resté seul, il prononce un monologue qui est dans la pièce un morceau capital.

Nous allons assister à un drame intérieur dans l'âme d'Auguste.

Une transformation très curieuse va se produire en lui : double intérêt, psychologique et dramatique, car cette scène est le pivot de l'action l'intérêt sympathique, qui était encore incertain, se fixe sur le personnage de l'Empereur dont le trouble, la souffrance et l'inquiétude touchent le spectateur. 2.

Les sentiments et les idées. Dans la première partie nous assistons à l'examen de conscience d'un Empereur et voyons les sentiments qui se heurtent en lui: a) Tout d'abord l'accablement.

Auguste en appelle au Ciel dans la tragique solitude du pouvoir qui le prive d'ami et même de confident en une telle circonstance (on comprend fort bien que Corneille ait choisi la forme du monologue pour faire exhaler sa plainte à Auguste, confesser ses crimes et délibérer de la conduite à tenir).

Puissant et solitaire comme le Moïse de Vigny, « Auguste ne peut rougir du sang versé que devant Auguste », et personne ne peut l'aider à prendre une décision si grave : punir ou pardonner. Mais aussitôt sa douleur exhalée, il détourne sa pensée du péril et des coupables qui le menacent pour la tourner sur lui-même. b) Auguste se cite au tribunal de sa propre conscience. Rentre en toi-même, Octave... Vers inattendu qui nous donne un choc de surprise, du meilleur effet dramatique.

Quoi! C'est cet empereur majestueux, tout- puissant, qui s'adresse ainsi à lui-même, s'apostrophant du nom d'Octave, son vrai nom, refoulé dans l'oubli, depuis que Rome lui a décerné celui d'Auguste, désormais synonyme de grandeur suprême (du verbe augere, augmenter, rappelant les agrandissements de l'Empire sous son règne).

Auguste va se pencher sur son passé qu'il s'efforçait d'oublier et de faire oublier aux Romains par de grandes fondations, par la prospérité et la splendeur de Rome. Octave, c'est le triumvir ambitieux et rusé, qui a évincé ses rivaux (Antoine, Pompée, Lépide).

C'est l'homme des déprédations, qui a dépouillé dix-neuf villes d'Italie, dont Pérouse, soulevée contre lui et par lui vaincue et détruite. C'est l'homme des proscriptions, bannissements, assassinats qui l'ont débarrassé de tous ceux qui lui barraient la route du pouvoir.

Un meurtre particulièrement odieux demeure en sa mémoire : celui de son tuteur Toranius, père d'Emilie. Voilà qui a fait de lui un homme détesté.

Quoi d'étonnant que ses victimes ou leurs descendants conspirent contre lui ? Ils violent des droits que tu n'as Pas gardés.

Leur trahison est juste... Après cet examen de conscience intrépide, Auguste prononce l'arrêt.

Il se condamne: Quitte ta dignité comme tu l'as acquise Et souffre des ingrats après l'avoir été. Bientôt, cependant, il reviendra à l'idée des coupables dont rien n'excuse le crime, car s'ils ont voulu perdre Auguste, c'est contre le bonheur de l'Etat qu'ils conspirent, ils méritent le châtiment.

Puis, roulé dans un remous de pensées contradictoires, l'esprit de l'empereur passe de l'idée de châtiment et de vengeance à l'idée de suicide qui mettrait fin à un conflit irréductible, un suicide « éclatant)) qui laisserait sa trace dans l'histoire et suivrait la perte de Cinna.

La scène s'achève sur une douloureuse indécision: 0 rigoureux combat d'un cœur irrésolu Oui fuit en même temps tout ce qu'il se propose! Ce combat va se poursuivre pendant quelque temps encore, jusqu'à ce que, dans son for intérieur, mûrisse la décision et que la générosité du pardon l'emporte sur toute autre volonté.

Auguste n'est sorti de l'alternative : meurs ou tue, qu'en la dépassant. Mais le germe de cette action si noble est bien dans ce premier mouvement auquel nous venons d'assister : Auguste prenant conscience de ses crimes, qu'il n'avait peut-être jamais qualifiés de tels, ose se regarder en face, s'accusant, se condamnant.

Qui sait quel obscur besoin d'expiation — dont Victor Hugo aurait grossi l'idée en vers magnifiques, peut-être, mais superflus, dans le goût des Châtiments — est à l'origine du pardon fameux et du : soyons amis, Cinna ? De l'ordre de la politique où il est passé maître, l'Auguste de Corneille (pas celui de l'Histoire) accède à l'ordre de la moralité, et du coup il s'empare d'un sommet : la clémence, vertu royale, faite pour les âmes magnanimes. Cet acte de sincérité prend ici une singulière grandeur, un caractère méritoire (s'accuser soi-même au moment où l'on est l'objet de l'in- justice et de la haine demande une lucidité et une droiture peu communes).

Auguste devient pour le spectateur le vrai héros de la pièce.

Il n'est plus ce « tigre altéré de tout le sang romain », dont nous parlait Cinna, et dont le meurtre, préparé par des jeunes gens ardents et courageux, nous paraissait presque légitime.

L'intérêt, la sympathie ont changé de camp.

C'est pour l'empereur maintenant que nous faisons des voeux, son drame intime passe au premier plan, et nous allons le suivre avec attention et avec émotion jusqu'au dénouement. Tel est l'intérêt psychologique et dramatique du morceau.. »

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