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Paul Claudel, Le Soulier de satin, 1re journée, scène V, versets 333 à 345.

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Paul Claudel, Le Soulier de satin, 1re journée, scène V, versets 333 à 345. Doña Prouhèze monte debout sur la selle et se déchaussant elle met son soulier de satin entre les mains de la Vierge. Vierge, patronne et mère de cette maison, Répondante et protectrice de cet homme dont le cœur vous est pénétrable plus qu'à moi et compagne de sa longue solitude, Alors si ce n'est pas pour moi, que ce soit à cause de lui, Puisque ce lien entre lui et moi n'a pas été mon fait, mais votre volonté intervenante : Empêchez que je sois à cette maison dont vous gardez la porte, auguste tourière, une cause de corruption ! Que je manque à ce nom que vous m'avez donné à porter, et que je cesse d'être honorable aux yeux de ceux qui m'aiment. Je ne puis dire que je comprends cet homme que vous m'avez choisi, mais vous, je comprends, qui êtes sa mère comme la mienne. Alors, pendant qu'il est encore temps, tenant mon cœur dans une main et mon soulier dans l'autre, Je me remets à vous ! Vierge mère, je vous donne mon soulier ! Vierge mère, gardez dans votre main mon malheureux petit pied ! Je vous préviens que tout à l'heure je ne vous verrai plus et que je vais tout mettre en œuvre contre vous ! Mais quand j'essayerai de m'élancer vers le mal, que ce soit avec un pied boiteux ! La barrière que vous avez mise, Quand je voudrai la franchir, que ce soit avec une aile rognée ! J'ai fini ce que je pouvais faire, et vous, gardez mon pauvre petit soulier, Gardez-le contre votre cœur, ô grande Maman effrayante !

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