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Louis Aragon, Le Mentir-vrai (1980), "Les bons voisins"

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Louis Aragon, Le Mentir-vrai (1980), "Les bons voisins" La police de Vichy s'est introduite chez le narrateur et sa femme, Pauline, soupçonnés de résistance. Ils interrogent le couple qui ne s'accorde pas sur le nom d'une relation... « J'ai eu le malheur de dire que l'ami de Mme Janeau était blond et que celui-là était brun... Quand on commence à discuter de la couleur des cheveux... Le gros s'intéressait à notre dispute : "Là, là, disait-il, mettez-vous d'accord." Moi, ça me flanquait hors de moi. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire que ce fût l'ami de la Janeau ou bien... "Vous bilez pas, qu'il me disait, c'est mes oignons." Et il se tripotait le Borsalino1. Ceux qui encombraient la pièce à ne rien faire avaient l'air d'un jeu de quilles. Cette chaleur. À la fin, je le lui dis : quand on est chez des gens, on enlève son chapeau. Ça suffit déjà de tout mettre en l'air. Pauline criait. Ses taies d'oreiller qu'il lui dépliait maintenant. Sûr qu'il faudrait tout donner à laver, après leurs pattes sales... Le maigriot siffla d'un air menaçant : "La grosse, dit-il, et j'en fus pour mon geste de protestation, tâchez à voir d'être polie !" Un comble. »

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