L'oeuvre de CAMUS
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L'INQUIÉTUDE DE L'HUMANISTE
Albert Camus a été souvent salué comme le constructeur d'un humanisme moderne: La noble inspiration d'une
oeuvre comme La Peste, l'accent assuré de quelques éditoriaux, l'éclat des déclarations sur la nécessité, pour
l'homme, de « créer ses propres valeurs », l'ont désigné à ses contemporains comme un guide, comme un maître à
penser.
Mais il inclinait de plus en plus à se poser des questions, souvent sans pouvoir y répondre.
Certains silences,
qui étaient des scrupules, parurent des dérobades.
Camus dénonce lui-même, notamment dans ses « Carnets »,
une légende dont il souffrait.
Il entend ne passer ni pour un saint, ni pour un héros, ni même pour un sage.
Il
s'accuse avec humilité de' son insuffisance pour une oeuvre « commencée avec la plus folle des ambitions » et qui
eût requis « un coeur plus dépouillé, une intelligence plus vaste et plus forte ».
En définitive, il fut moins l'homme
des maximes que l'homme des confessions.
Aussi ses oeuvres les plus attachantes ne sont-elles pas celles où tend
à s'édifier une doctrine, mais celles qui demeurent, pour l'essentiel, en deçà de cet effort, comme Noces ou
L'Étranger, ou qui, comme La Chute, paraissent en montrer l'extrême difficulté, et peut-être la vanité.
« En fait,
déclare-t-il, je suis un homme moyen plus une exigence.
» Cette exigence, constamment insatisfaite, témoigne pour
l'honnêteté de l'esprit et vaut mieux, sans doute, que des certitudes mal assises.
LA MAITRISE DE L'ÉCRIVAIN
A travers les vicissitudes d'une réflexion souvent douloureuse, l'oeuvre de Camus s'impose grâce au bonheur
constant d'un art sans défaillance.
Noces révélait un poète en prose de la nature nord-africaine : « Au printemps,
Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent,
le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres.
» A ce lyrisme
somptueux s'opposent la sécheresse objectiviste de L'Étranger, l'éloquence soutenue de La Peste et des essais
philosophiques.
Dans La Chute, Camus, renouvelant sa manière, recourt à un langage souvent tourmenté, chargé
d'ironie explosive et, par endroits, délibérément théâtral.
Ses pièces, enfin, notamment Caligula, témoignent, malgré
l'aridité idéologique de leurs données, d'un sens très sûr du mouvement dramatique et des nécessités de la mise en
scène.
« Les styles ne sont pour moi, déclarait Camus, que des moyens au service d'une fin unique.
» La souplesse
d'une technique toujours concertée, la recherche permanente du langage le plus propre à traduire l'intention du
moment, témoignent d'un idéal d'artiste qui s'apparente à l'idéal classique..
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- Dans son étude sur Albert Camus, Robert de Luppé écrit: «L'Etranger est une « oeuvre absurde » mais qui n'a pas la force de l'être jusqu'au bout: Meursault se réveille du lourd sommeil quotidien en faisant éclater sa révolte. » Par l'analyse précise de L'Etranger, essayez d'apprécier la justesse de cette affirmation.
- Dans son Discours de Suède, Albert Camus affirme que la noblesse de son métier s'enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l'on sait et la résistance à l'oppression". Vous expliquerez et justifierez d'abord ce point de vue en vous appuyant sur son oeuvre La Peste. Dans une deuxième partie vous envisagerez les objections que l'on peut faire à A. Camus en vous appuyant aussi sur la peste et d'autres oeuvres.
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