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L'héroïsme est-il la négation, par le héros, de la condition humaine ? Le héros peut-il avoir encore quelque chose d'humain ?

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L'ironie de Cervantès confine à la cruauté lorsqu'il décrit l'agonie de son personnage :       « Le notaire se trouva présent et affirma qu'il n'avait jamais lu dans aucun livre de chevalerie qu'aucun chevalier errant fut mort dans son lit avec autant de calme et aussi chrétiennement que Don Quichotte. »       Au moins cependant et avant l'instant fatal, un éclair de lucidité fait comprendre au vieil homme l'absurdité de ses quêtes et l'influence néfaste de ses lectures. A défaut d'avoir été un héros, il accède toutefois à la sagesse en recouvrant la raison. Si la mort est si importante pour les héros ; à tel point que dans certaines traditions on ne va pas au paradis si la mort n'est pas violente, c'est parce qu'il est nécessaire d'être un héros jusqu'au bout, jusqu'au moment ultime de l'existence qui fige définitivement le caractère héroïque ou vulgaire de l'individu. Dans la mythologie nordique par exemple, seuls les guerriers morts au combat étaient emmenés par les Valkyries jusqu'au « Valhöll », demeure d'Odin et séjour des bienheureux réservé à l'élite. Les autres étaient conduits aux enfers. Vivre en héros est donc une condition nécessaire mais pas suffisante, il faut également que la mort soit digne d'une existence héroïque et à la limite, c'est elle qui lui donne sens de manière rétrospective. C'est ainsi que Nietzsche interprète la mort de Socrate par exemple. D'après lui, Socrate devait mourir ; c'est du moins ce qu'il montre dans La naissance de la tragédie et qu'il reprend seize ans plus tard dans Le crépuscule des idoles. On se souvient que dans le Criton, Socrate refuse l'aide que lui proposent ses amis pour s'enfuir et échapper ainsi au sort inique que lui réserve Athènes.

« Date: Sun, 6 Jan 2008 12:05:02 +0100 (CET) Demande d'échange de corrigé de Lellouch Laura ([email protected]). Sujet déposé : L'héroïsme est-il la négation, par le héros, de la condition humaine ? Le héros peut-il avoir encore quelque chose d'humain ? Introduction Le substantif « héros » désigne généralement l'homme qui accomplit des exploits ou des ½uvres grandioses.

Le héros fait preuve de qualités exceptionnelles, c'est un être hors du commun qui se distingue de la foule et du reste de l'humanité.

Il est courageux, vertueux, fort et sans crainte.

A ce titre, il personnifie des valeurs à travers la grandeur de son action et sert d'exemple aux autres.

La figure du héros a donc souvent une vertu pédagogique, elle montre la voie à suivre et sert à constituer l'archétype moral dont la communauté doit savoir s'inspirer.

Dans les contes, les fables, les mythes, les révolutions ou les guerres, il y a toujours des héros dont la mémoire collective entretient le souvenir.

Mais qui est vraiment le héros ? On peut s'interroger sur les fondements de l'héroïsme et les rapports qu'entretiennent les héros avec les hommes qui n'en sont pas.

L'accès à l'héroïsme donne le sentiment que soudain, celui qui devient un héros quitte la banalité humaine comme une chenille accomplit une métamorphose sublime en devenant un papillon tout en se séparant ainsi définitivement de l'insecte rampant et maladroit.

En présence du héros, on est tenté par une telle analogie puisque l'action héroïque apparaît toujours en s'opposant à la médiocrité humaine et en se détachant d'elle.

Que vaut une telle opposition ? Est-ce là la vérité ultime de l'héroïsme ? Le héros constitue une figure de l'homme dont on peut se demander si elle est l'apogée ou au contraire, l'avènement et l'entrée dans une dimension inaccessible au commun à moins d'être une sorte d'élu quasi divin.

Sous ce rapport, l'image classique du héros ne serait alors que le produit du désespoir général de l'humanité à l'égard d'une grandeur et d'une pureté qu'elle ne peut atteindre hors de l'imaginaire mythique.

Le héros peut-il donc avoir encore quelque chose d'humain ? Première partie Si les figures du héros sont multiples et ses prouesses très différentes les unes des autres, une condition commune unie leur existence : il faut qu'ils puissent se distinguer des autres hommes.

Il n'existe pas de héros ordinaire et si le héros provient de la foule et du commun, c'est seulement parce qu'il en sort définitivement à travers son action, que son héroïsme peut se manifester.

A partir de ce moment, le héros vit et meurt en héros, il abandonne la banalité du quotidien des hommes sans reliefs.

Parfois même, le héros retrouve un caractère naturellement héroïque dont les affres du destin l'avaient momentanément privé.

Tel enfant de berger se révélera par exemple être en réalité voué à une destinée de roi et accomplir enfin ce qui correspond effectivement à la noblesse de sa véritable essence.

C'est le cas de Saül, le premier roi d'Israël qui se présente ainsi au prophète Samuel : « Je suis Saül, agriculteur de la ville de Guilboa dans la tribu de Benjamin, et je cherche les ânesses de mon père qui se sont égarées.

Veux-tu me dire comment faire pour les retrouver ? » Samuel lui répond alors : « Ne te soucie pas des ânesses ! Car c'est à toi qu'il est échu d'être roi en Israël ». Dès l'instant de cette révélation, le berger meurt à lui-même pour laisser s'exprimer le héros, puisque Saül se mit à la tête de l'armée juive et remporta une brillante victoire sur les Amorites qui avaient assiégé la ville de Jabès en Galaad.

La métamorphose accomplie, on commence alors dans le peuple à parler de Saül, le libérateur du joug étranger et jamais plus du paysan.

De la même manière, les différentes mythologies abondent en récits où un mortel apprend qu'il est le fruit d'une liaison entre un dieu et une créature humaine.

Les exploits qui s'ensuivent sont ensuite à la hauteur de l'extraordinaire héritage et accomplissent le passage à l'héroïsme et à la légende.

En règle générale, l'existence du héros s'élève tellement au dessus de celle des hommes dont il se distingue, qu'il semble en effet appartenir à deux mondes à la fois.

Le monde des hommes et celui des dieux.

Le héros est par conséquent en partie de la terre et en partie du ciel mais jamais totalement l'un ou l'autre.

A ce titre, le héros est le personnage de l'entre-deux mondes, celui qui pousse à son paroxysme ce dont l'homme est capable, celui qui d'une certaine manière, optimise les qualités humaines et ce faisant, touche presque au divin.

C'est la fin de l'homme et le commencement des dieux.

La figure du demi-dieu est peut-être ici la traduction en paradigme de l'image que chacun se fait du héros.

Pour agir en héros, il faut avoir une nature exceptionnelle dont l'origine divine scelle, plus bruyamment que toute noblesse de titre, la grandeur effective.

Les héros de la mythologie grecque sont ainsi très. »

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