Les grands artistes ne sont pas les transcripteurs du monde, ils en sont les rivaux. Malraux. Commentez et critiquez. ?
Extrait du document
Malraux oppose deux figures : celle du "transcripteur"
et celle du "rival" : le premier est à comprendre au sens propre : l'artiste
pourrait être celui qui fait passer le "monde" de la sphère du sensible à la
sphère de l'écrit, il traduirait dans l'écriture ce qu'il voit (dans le cas
particulier de l'artiste écrivain, mais le terme "artiste" englobe aussi les
musiciens ou les peintres). Or c'est ce rôle que Malraux refuse à l'artiste :
l'action de l'artiste n'a pas pour but de "traduire" le monde mais de rivaliser
avec lui, donc de créer un monde concurrent. Analyser aussi la définition de
"monde" : elle désigne l'ensemble de la réalité, que connaît l'artiste, par
opposition à la fiction ou au "monde fictionnel" qu'il crée. Cette réflexion
soulève une problématique qui est celle de la valeur de la fiction : quelle est
la position de la fiction par rapport au monde réel? L'artiste est-il un
créateur, ou ne fait-il que réorganiser ce qu'il voit?
I. Le monde comme source première d'inspiration de
l'artiste
_Que ce soit dans la peinture ou dans le récit, le
monde, la réalité s'imposent toujours comme base première : la peinture a comme
capacité (même si ce peut n'être pas son but premier) de décrire quelque chose,
même la peinture abstraite : Chardin fait son autoportrait, Van Gogh peint sa
chambre, Kandinsky traduit par des formes et des couleurs une disposition
intérieure.
_L'une des ambitions de la littérature est de
décrire la réalité, de la prendre à bras-le-corps : de faire du roman "un
instrument de connaissance, de dévoilement ou d'élucidation" (Gracq, En
lisant en écrivant). Cela est patent dans le cas du roman réaliste : Balzac,
avec la Comédie humaine, tente d'embrasser la totalité de la société
française et parisienne de son siècle, pour en dévoiler les ressorts et les
bassesses; Zola, avec les Rougon-Macquart, suit le destin de toute une
famille d'un oeil médical.
II.
Liens utiles
- « Les héros des grands romanciers, même quand l'auteur ne prétend rien prouver ni rien démontrer, détiennent une vérité qui peut n'être pas la même pour chacun de nous, mais qu'il appartient à chacun de nous de découvrir et de s'appliquer. Et c'est sans doute notre raison d'être, c'est ce qui légitime notre absurde et étrange métier que cette création d'un monde idéal grâce auquel les hommes vivants voient plus clair dans leur propre coeur et peuvent se témoigner les uns aux autres plu
- Parlant du monde romanesque et de ses personnages, Albert Camus écrit dans L'Homme révolté : les personnages ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le notre. Mais eux du moins,courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. Commentez. Objets d'étude (extraits) : La Princesse de Clèves de La Fayette, Histoire du Chevalier Des Grieux et de
- Le roman moderne, écrit André MALRAUX, est à mes yeux un moyen d'expression privilégié du tragique de l'homme, non une élucidation de l'individu. Commentez cette définition et montrez qu'elle convient exactement à la Condition humaine.
- Commentez la citation suivante du Père Goriot : « Il [Rastignac] voyait le monde comme un océan de boue dans lequel un homme se plongeait jusqu'au cou, s'il y trempait le pied. » Vous identifierez la figure de style employée dans cette phrase et, à l'aide de quelques exemples précis, vous montrerez qu'elle résume la vision de la société donnée dans le roman.
- Commentez ces propos d'Edmond et de Jules de Goncourt : « Le grand talent en littérature et de créer, sur le papier, des êtres qui prennent place dans la mémoire du monde, comme des êtres crées par Dieu, et comme ayant une vraie vie sur la terre ».