LE THÉATRE GAI
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LE VAUDEVILLE : GEORGES FEYDEAU (1862-1921)
Georges Feydeau, fils d'un romancier de talent, Ernest Feydeau, conquit le titre de roi du vaudeville grâce à des oeuvres bouffonnes en
trois actes dont les plus réussies sont L'Hôtel du libre échange (1894), La Dame de chez Maxim's (1899), Occupe-toi d'Amélie (1908).
Vers la fin de sa carrière, il écrivit aussi des comédies en un acte, qui demeurent au répertoire : Feu la mère de Madame (1908); On
purge Bébé (1910).
Georges Feydeau excelle à construire avec minutie des intrigues compliquées et cocasses; les situations imprévues
naissent les unes des autres avec une logique implacable et l'ensemble est emporté dans un mouvement étourdissant.
LA COMÉDIE FINE : TRISTAN BERNARD (1866-1947)
Tristan Bernard fut tour à tour directeur d'usine, avocat, journaliste sportif, poète, romancier.
Il débute à la scène avec une comédie
en un acte : Les Pieds nickelés (1895), que suivirent une centaine d'oeuvres allant de la pochade (Le Fardeau de la liberté, 1897;
L'Anglais tel qu'on le parle, 1899) à la comédie de caractères (Triplepatte, 1905; Monsieur Codomat, 1907).
Observateur lucide et
pourtant indulgent, Tristan Bernard peint avec prédilection quelques types d'humanité familière : des irrésolus comme Triplepatte; des
ambitieux aux prises avec les malices du hasard.
Ses pièces plaisent par l'aisance du métier, la drôlerie des situations, et surtout par
un humour nonchalant.
LA COMÉDIE BOULEVARDIÈRE : FLERS ET CAILLAVET
Héritiers directs de Meilhac et Halévy, Robert de Flers (1872-1927) et G.
Arman de Caillavet (1869-1915) régnèrent sur les boulevards
de 1900 à 1914.
Leurs comédies romanesques, un peu fades (Miquette et sa mère, 5906; Primerose, 1911), sont inférieures à leurs
comédies satiriques, où ils tournent en dérision, avec une outrance sans amertume, certains travers de leurs contemporains :
arrivisme des politiciens dans Le Roi (1908), ambitions des gens de lettres dans Le Bois sacré et L'Habit vert (1912).
Bonne humeur,
ingéniosité, nonchalance aristocratique, alliées à un métier sûr, caractérisent ce théâtre où revit une époque trop volontiers
insouciante.
Le boulevard fit aussi la fortune d'Alfred Capus, l'auteur de La Veine (1901), dont les comédies souriantes et désabusées ont pour
ressort l'argent et pour protagonistes d'aimables déclassés ou des aventuriers chimériques; de Maurice Donnay (Amants, 1895;
Paraître, 1906), qui associe avec délicatesse le sentiment et l'humour; de Henri Lavedan, qui décrit plaisamment les tares de la société
aristocratique et bourgeoise, puis, avec Le Marquis de Priola (1902) et Le Duel (1905), tente d'accéder à la haute comédie; d'Abel
Hermant, qui, dans Les Transatlantiques (1898), peint avec une précision sèche et une ironie pincée les travers des milieux
cosmopolites.
LA FARCE RÉALISTE : GEORGES COURTELINE (1858-1929)
Le Tourangeau Georges Moinaux, dit Georges Courteline, était naturellement porté à fronder l'autorité sociale.
De son père, l'humoriste
Jules Moinaux, auteur des Tribunaux comiques, il hérita un besoin rageur de pester contre les usages judiciaires (Un Client sérieux,
1897; Le Gendarme est sans pitié, 1899; L'Article 33o, 1901).
D'autre part, les souvenirs de son temps de garnison à Bar-le-Duc, puis
des années passées dans l'administration des cultes, lui ont inspiré de savoureuses charges contre les ridicules des règlements
militaires (Les Gaietés de l'escadron, 1895) et des moeurs bureaucratiques (Messieurs les ronds-de-cuir, roman, 1893).
Enfin, dans
Boubou'roche (1893), il s'est élevé à la comédie de caractères.
Un Client sérieux.
La scène se déroule en correctionnelle, Le prévenu, Lagoupille, est accusé par le tenancier d'un café d'avoir fait fuir tous les clients par
ses exigences révoltantes.
Lagoupille proteste avec véhémence; puis l'avocat Barbemolle plaide sa cause.
Mais, en cours d'audience,
Barbemolle reçoit la nouvelle de sa nomination comme substitut.
Il prend aussitôt possession de ses nouvelles fonctions et, sans
crainte de se démentir, prononce un violent réquisitoire contre Lagoupille, qui est Pourtant acquitté.
Boubouroche.
Boubouroche est un petit rentier insouciant et crédule, qui passe une grande partie de ses loisirs au café.
Un voisin de palier lui révèle
les incartades de sa maîtresse Adèle.
Indigné, il monte chez elle et acquiert la preuve flagrante de son infortune.
Mais Adèle se défend
si adroitement qu'elle parvient à le faire douter de l'évidence; bientôt, c'est lui qui s'excuse et qui s'accuse.
Magnanime, elle lui accorde
son pardon; Boubouroche, parfaitement rassuré sur sa vertu, administre une correction au voisin malveillant.
Courteline a souvent utilisé des procédés de farce : il affuble ses personnages de noms burlesques, les manoeuvre comme des
marionnettes et déploie sur scène une agitation bouffonne.
Il est pourtant capable d'atteindre à la vérité humaine : Boubouroche, avec
sa vulgarité bon enfant, sa veulerie, sa sérénité ingénue, est digne de la haute comédie; La Brige, cet éternel mécontent, qui dénonce
sans trêve l'absurdité et la tyrannie des lois, incarne un type redoutable de Français moyen.
Le dialogue est jovial, caustique et
vigoureux.
LA FARCE ÉPIQUE : ALFRED JARRY (1873-1907)
Alfred Jarry, totalement affranchi de l'influence de ses contemporains, créa un style comique inédit lorsque, à quinze ans, il écrivit,
avec la collaboration de quelques camarades, une farce épique parsemée de souvenirs shakespeariens, Ubu Roi.
La pièce, jouée sur
un théâtre de marionnettes, puis, en 1896, sur la scène de l'Oeuvre, souleva les protestations indignées de la critique traditionnelle.
Sous l'extravagance des mots déformés (orseilles pour oreilles) ou des gros calembours (le combat des Voraces contre les Coriaces),
Jarry cachait une féroce âpreté satirique; à travers le guignolesque père Ubu, bourgeois cupide et vaniteux métamorphosé en meneur
de peuple, il tournait en dérision les formes absurdes et cruelles de l'autorité politique et sociale : « Je veux devenir riche, s'écrie Ubu.
Après quoi, je tuerai tout le monde et je m'en irai.
é Cette dramaturgie d'avant-garde devait exercer une influence sur le mouvement
surréaliste..
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