Devoir de Français

Le sort qui de l'honneur nous ouvre la barrière, Offre à notre constance une illustre matière, Et comme il voit en nous des âmes peu communes, Hors de l'ordre commun, il nous fait des fortunes. Par ces vers qu'il place dans la bouche du jeune Horace, Corneille ne vous paraît-il pas définir l'essentiel de sa conception de la tragédie ?

Extrait du document

Les êtres exceptionnels Or les personnages sont à la hauteur des circonstances. Et ces situations extraordinaires où ils se trouvent placés leur fournissent l'occasion de révéler leur exceptionnel mérite. Lucides, ils ont tôt fait de prendre un parti en pleine connaissance de cause. Volontaires, ils conformeront leur conduite à leur décision, quoi qu'il leur en coûte. Lorsque Rodrigue vient d'apprendre l'affront fait à son père, il analyse clairement, malgré son désarroi, les éléments du conflit qui le déchire, envisage et pèse les solutions qui se présentent et finalement choisit celle qui lui paraît la plus raisonnable, pour sauver tout ce qui peut être sauvé d'un grand naufrage où son honneur a failli périr avec son amour. Sans hésitation désormais, il ira provoquer le Comte et, l'irréparable accompli, jamais il ne désavouera son geste. De son côté, Chimène, une fois qu'elle a clairement compris que son devoir lui impose de poursuivre le meurtrier de son père, s'applique constamment à cette tâche, le coeur déchiré mais sans faiblir : à deux reprises elle réclame du Roi l'application de la loi contre le meurtrier, et devant son échec s'en remet à Don Sanche du soin de la venger. Pas plus que le jeune Horace, Guriace ne se dérobera à son devoir de soldat. Il mesure clairement sa propre peine et la détresse de sa fiancée, mais sa décision reste inflexible. Auguste fait comparaître devant lui les coupables, ne laisse rien dans l'ombre de ce qui manifeste leur ingratitude et leur fourberie ; et c'est alors qu'il décide de pardonner.

« Le sort qui de l'honneur nous ouvre la barrière, Offre à notre constance une illustre matière, Et comme il voit en nous des âmes peu communes, Hors de l'ordre commun, il nous fait des fortunes. Par ces vers qu'il place dans la bouche du jeune Horace, Corneille ne vous paraît-il pas définir l'essentiel de sa conception de la tragédie? Dans son premier discours sur le poème dramatique, Corneille soutient qu'une tragédie, pour être belle, doit aller « au-delà du vraisemblable ».

Voilà pourquoi il place en face de situations extraordinaires ides êtres exceptionnels par leur clairvoyance et par leur énergie.

Devant des « fortunes » « hors de l'ordre commun », La place des âmes peu communes. I.

Les situations extraordinaires Les situations dans lesquelles s'affrontent les personnages cornéliens sont « hors de l'ordre commun ».

Dans Le Cid, pour venger l'honneur de sa famille, un jeune homme se voit contraint de se battre en duel contre le père de celle qu'il aime.

Dans Horace, trois frères affrontent trois autres frères auxquels ils sont unis par des liens de famille et d'amitié, en un combat qui décidera du sort de deux nations.

Dans Cinna, trois êtres s'unissent pour comploter la mort de celui qui les a comblés de ses bienfaits.

Dans Polyeucte enfin, un homme favorisé par la vie, qui possède un haut rang en même temps que la fortune et qui vient d'épouser une femme tendrement aimée, renonce librement à tous ces biens terrestres pour briguer la palme du martyre. II.

Les êtres exceptionnels Or les personnages sont à la hauteur des circonstances.

Et ces situations extraordinaires où ils se trouvent placés leur fournissent l'occasion de révéler leur exceptionnel mérite.

Lucides, ils ont tôt fait de prendre un parti en pleine connaissance de cause.

Volontaires, ils conformeront leur conduite à leur décision, quoi qu'il leur en coûte.

Lorsque Rodrigue vient d'apprendre l'affront fait à son père, il analyse clairement, malgré son désarroi, les éléments du conflit qui le déchire, envisage et pèse les solutions qui se présentent et finalement choisit celle qui lui paraît la plus raisonnable, pour sauver tout ce qui peut être sauvé d'un grand naufrage où son honneur a failli périr avec son amour.

Sans hésitation désormais, il ira provoquer le Comte et, l'irréparable accompli, jamais il ne désavouera son geste.

De son côté, Chimène, une fois qu'elle a clairement compris que son devoir lui impose de poursuivre le meurtrier de son père, s'applique constamment à cette tâche, le coeur déchiré mais sans faiblir : à deux reprises elle réclame du Roi l'application de la loi contre le meurtrier, et devant son échec s'en remet à Don Sanche du soin de la venger.

Pas plus que le jeune Horace, Guriace ne se dérobera à son devoir de soldat.

Il mesure clairement sa propre peine et la détresse de sa fiancée, mais sa décision reste inflexible.

Auguste fait comparaître devant lui les coupables, ne laisse rien dans l'ombre de ce qui manifeste leur ingratitude et leur fourberie ; et c'est alors qu'il décide de pardonner.

Mais s'il pardonne en définitive, c'est surtout pour se prouver à lui-même la toute-puissance que sa volonté exerce sur ses sentiments.

Enfin Polyeucte, quand il a décidé de mourir pour sa foi, résiste victorieusement aux assauts de ses proches qui tentent de le dissuader de son dessein.

Il reste sourd même aux supplications d'une femme tendrement aimée et, dans un effort de détachement suprême, veut léguer son épouse à son ancien rival. Conclusion Ainsi Corneille oppose en des conflits exceptionnels des êtres d une rare qualité d âme.

En cela il a le sentiment de se conformer à la dignité de la tragédie.

Mais en même temps il confère à son oeuvre une haute valeur morale.

Car, comme l'a dit Renan, « pour obtenir des hommes le simple devoir, il faut leur montrer l'exemple de ceux qui le dépassèrent ».

La morale ne se maintient que par les héros.. »

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