Emile Zola : La Bête humaine (Chapitre 10)
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Emile Zola : La Bête humaine (Chapitre 10)
La lison, renversée sur les reins, le ventre ouvert, perdait sa vapeur; par les robinets arrachés, les tuyaux crevés, en des souffles qui grondaient, pareils à des râles furiaux de géante. Une baleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d'épais tourbillons au ras du sol; pendant que, du foyer, les braises tombées, rouges comme le sang même de ses entrailles, ajoutaient leurs fumées noires.La cheminée, dans la violence du choc, était entrée en terre; à l'endroit où il avait porté, le châssis s'était rompu, faussant les deux longerons et, les roues en l'air, semblable à une cavale monstrueuse décousue par quelque formidable coup de corne, la Lison montrait ses bielles tordues, ses cylindres cassés, ses tiroirs et leurs excentriques écrasés, toute une affreuse plaie bâillant au plein air, par où l'âme continuait de sortir, avec un fracas d'enragé désespoire. Justement, près d'elle, le cheval qui n'était pas mort, gisait lui aussi, les deux pieds de deva!
nt emportés, perdant également ses entrailles par une déchirure à son ventre. A sa tête droite, raidie, dans un spasme d'atroce douleur, on le voyait râler, d'un bennissement terrible, dont rien arrivait à l'oreille, au milieu du tonnerre de la machine agonisante
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