Dans quelle mesure et par quels moyens la littérature a-t-elle le pouvoir de dénoncer et dévoiler les masques sociaux et les tartufferies de toutes sortes.
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«
Dans quelle mesure et par quels moyens la littérature a-t-elle le pouvoir de dénoncer et dévoiler les
masques sociaux et les tartufferies de toutes sortes ?
Analyse du sujet et problématisation :
Ce sujet interroge la fonction critique de la littérature sous deux aspects : « dans quelle mesure » invite à statuer
sur les limites de ce « pouvoir » critique de littérature, de son rôle dans la dénonciation sociale ; « par quels
moyens » invite à déterminer les différents procédés littéraires servant cette fonction critique.
Les objets de la dénonciation littéraire envisagés par notre sujet sont « les masques sociaux » et les
« tartufferies ».
Ces deux termes renvoient à l'idée d'une littérature dénonçant une hypocrisie sociale.
Le terme
« tartufferies » a été forgé à partir du personnage de Molière le type même du faux dévots ; par extension, il
désigne toute forme d'hypocrisie.
La littérature doit donc faire tomber les masques sociaux en les montrant comme tels et ansi révéler la vraie nature
de la société et de ses membres.
Problématique : La littérature a-t-elle une véritable puissance critique, de dénonciation de l'hypocrisie
sociale ? Comment la littérature parvient-elle à faire tomber les masques sociaux ?
I)
La fonction de critique sociale de la littérature : une fonction essentielle
1)
Littérature et représentation du monde
La littérature surtout depuis le XIXe siècle affiche clairement son ambition de transcription du réel à travers une
représentation fidèle du monde social, sans tabou ni complaisance.
Certaines histoires s'avèrent donc de véritables
études sociologiques, tels les romans naturalistes de Zola, où l'auteur prétend livrer l'essence d'un milieu social, le
milieu ouvrier en particulier, et tente ainsi de prouver l'influence sur tout homme de l'hérédité et du milieu.
A l'origine
de la création littéraire, on observe donc un désir d'explication scientifique de l'homme, cette prétention scientifique
ayant pour fin la mise en avant de l'essence, de la vérité, sous le vernis social.
Comme l'explique Zola dans le Roman
expérimental , les « histoires » doivent servir les sciences de l'homme :
Le roman expérimental est une conséquence de l'évolution scientifique du siècle ; il
continue et complète la physiologie, qui elle-même s'appuie sur la chimie et la physique; il
substitue à l'étude de l'homme abstrait, de l'homme métaphysique, l'étude de l'homme naturel,
soumis aux lois physico-chimiques et déterminé par les influences du milieu ; il est en un mot
la littérature de notre âge scientifique, comme la littérature classique et romantique a
correspondu à un âge de scholastique et de théologie.
2)
La littérature engagée : une éducation sociale
La littérature engagée, celle qui démasque l'hypocrisie sociale se dote d'une véritable fonction éducative : la
littérature doit aussi permettre un apprentissage de la vie citoyenne en dispensant au lecteur une éducation
politique et sociale.
Ex : Les philosophes des lumières et leur prétention à faire tomber les masques de l'hypocrisie religieuses à cf.
Voltaire dans les Le Dictionnaire Philosophique qui dénonce les masques du clergé et révèle sa véritable
ambition : prendre le pouvoir.
II)
Les moyens de la dénonciation de l'hypocrisie sociale : comment faire tomber les masques ?
1)
La dénonciation « directe »
a)
La démonstration, l'essai, le discours
L'écrivain peut dénoncer l'hypocrisie sociale de façon directe et sérieuse en démontrant les fausses prétentions et
en rétablissant la vérité.
Il soumet les masques sociaux au tribunal de la raison et montre ainsi leur vanité.
Ex : Voltaire dans Le Dictionnaire Philosophique ; Montesquieu dans L'esprit des lois.
b)
L'invective, le texte pamphlétaire
L'invective propre au texte pamphlétaire est aussi un moyen direct et agressif de faire tomber les masques sociaux.
Ex : « Napoléon le petit » de V.
Hugo
2)
La dénonciation « oblique » :
a)
la fiction éloquente
La fiction apparaît comme un moyen efficace de dénonciation indirecte, oblique de l'hypocrisie sociale.
Le récit
fictionnel est ainsi le support d'une véritable critique sociale qu'il illustre et qu'il rend ainsi plus vive.
Ex :
Tartuffe de Molière (mise en scène d'un faux dévot) ; Nana de Zola : révélation du vice qui mine une société.
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