CAMUS: le phiosophe et l'écrivain
Extrait du document
«
ALBERT CAMUS (1913-1960)
ALBERT CAMUS est le fils de pauvres colons algériens.
Son père est tué à la première bataille de la Marne.
L'enfant peut faire des études secondaires
comme boursier, mais en 1930 il est atteint de tuberculose.
Attiré par la philosophie, il prépare une licence, tout en exerçant divers métiers : mécanicien,
employé de bureau.
Sa mauvaise santé l'empêche d'aller jusqu'à l'agrégation et il se tourne vers le journalisme..En 1940, il cherche à s'engager, mais n'y
parvient pas.
Il entrera bientôt dans la résistance.
A la libération, il devient éditorialiste et rédacteur en chef du journal C ombat, qui se propose d' «
introduire le langage de la morale dans l'exercice de la politique ».
En 1947, année où il publie La Peste, il abandonne le journalisme pour se consacrer à son
oeuvre littéraire.
Sa rupture avec Sartre et Simone de Beauvoir, qui l'accusent d'être « idéaliste, moraliste, anticommuniste », se situe en 1952.
Les années
suivantes sont marquées par le succès qu'obtiennent au théâtre ses adaptations de Calderon, Faulkner, Lope de Vega, Dostoïevski.
Le drame algérien le
bouleverse et le ramène pour quelque temps au journalisme politique.
Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 1957.
Le 4 janvier 1960, il est tué dans
un accident de voiture.
PRINCIPALES ŒUVRES
L'Étranger (1942) : roman.
A la suite d'une rixe, où son ami Raymond a été blessé, Meursault a tué sans raisons bien précises l'agresseur de Raymond.
Il se laisse juger sans réagir,
étonné seulement de voir combien la vérité est déformée par l'accusation et par la défense.
Il est finalement condamné à mort.
Le Mythe de Sisyphe (1942).
Cet essai dégage la signification philosophique de L'Étranger.
0 L'homme est l'objet d'une condamnation à laquelle il ne comprend rien.
Sa grandeur consiste à recommencer inlassablement, comme Sisyphe, sa tâche inutile.
Caligula : pièce écrite en 1938, jouée en 1945.
Le Malentendu (1945) : pièce de théâtre.
Deux femmes, la mère et la fille, tiennent une auberge isolée.
Elles ont déjà tué impunément des voyageurs solitaires, dont elles ont pris l'argent.
Revient le fils, parti depuis des années.
Par jeu, il ne dévoile pas son
identité.
Elles le tuent.
La Peste (1947) : roman.
Récit d'une épidémie de peste, qui est censée avoir eu lieu en 194., à Oran, et au cours de laquelle le docteur Rieux et son équipe font preuve du
dévouement le plus désintéressé, mettant en évidence cette vérité, "qu'il y a chez les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ».
L'hiver
arrive, amenant la fin du fléau.
La ville prend une atmosphère de fête.
Mais cette foule en liesse ignore que "le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît
jamais".
Les Justes (1949).
Cette pièce a pour fondement historique l'attentat avorté, dont la victime devait être le grand-duc Serge, oncle du tsar (1905).
L'homme chargé de lancer la
bombe n'en a pas eu le courage, parce qu'il y avait deux enfants dans la voiture.
Ses camarades l'approuvent, sauf l'un d'entre eux, que trois années de
bagne ont rendu intraitable.
L'Homme révolté (1951).
Essai philosophique et historique.
C amus y soutient cette thèse que l'homme a le droit de se révolter contre la révolution, lorsque celle-ci devient tyrannie.
La C hute (1956).
Confession imaginaire d'un personnage qui se vante de sa propre dégradation.
C ette oeuvre semble être une image satirique de l'homme moderne selon la
conception, de Sartre.
L'Exil et le Royaume (1957) : recueil de six nouvelles.
Elles sont construites autour de cette idée qu'il existe pour chacun de nous un idéal de vie, un «
royaume », loin duquel nous sommes souvent exilés et que nous cherchons vainement à rejoindre.
CAMUS PHILOSOPHE
La pensée de C amus est beaucoup plus mouvante que celle de Sartre.
Elle a évolué suivant les leçons de l'expérience.
Tout d'abord C amus constate autour
de nous le règne de l'absurde.
Il définit l'absurde comme la coexistence d'un monde irrationnel et d'une humanité animée d'un « désir éperdu de clarté ».
Son
roman, L'Étranger, décrit « la nudité de l'homme en face de l'absurde ».
Mais prendre conscience de cette absurdité, c'est déjà se révolter contre elle, c'est
découvrir sa liberté, c'est « sentir sa vie ».
Jusque-là, C amus ne diffère que fort peu des existentialistes, avec lesquels on l'a quelque temps confondu.
Ce sont les souffrances prolongées de la guerre qui ont révélé à Camus tout le prix du courage et de la bienfaisance active.
Approfondissant le sens de ce
qu'il appelle la révolte, il comprend que la révolte implique l'existence d'une valeur supérieure à, elle, qui est la nature humaine Se révolter au nom de la
nature humaine, c'est reconnaître les droits de cette nature et s'imposer des devoirs envers elle.
Ainsi, dans le cadre restreint de l'humanité, une morale est
possible, fondée sur la solidarité, le sentiment de la justice, le dévouement.
En somme, Camus finit par admettre tous les principes du christianisme, hormis
l'existence de Dieu.
Après la publication de L'Homme révolté, il a été vivement critiqué par les existentialistes et les communistes, qui lui ont reproché de dévier vers le
moralisme.
Ces critiques l'ont affecté.
Les encouragements qu'il recevait des milieux conformistes ne lui ont pas moins déplu.
Il a fait savoir qu'il ne voulait
pas être pris pour un guide spirituel, pour un professeur de vertu.
On reconnaîtra du moins à ce philosophe de l'absurde le mérite d'avoir été un humaniste
(au sens moderne) préoccupé par les problèmes essentiels de la conscience, du devoir et du bonheur.
CAMUS ÉCRIVAIN
La nature de son art est en grande partie déterminée par sa vocation de philosophe.
Appliqué à rechercher les idées, à suivre leurs prolongements, à
dégager leurs conséquences, Camus fait volontiers usage du symbole.
L'étranger c'est l'homme qui n'a pas conscience de l'absurdité de sa condition, qui ne
comprend rien à sa propre vie, qui est comme extérieur à lui-même.
L'exemple de Sisyphe nous enseigne que « la lutte vers les sommets suffit à, remplir un
coeur d'homme ».
La peste représente les misères de l'occupation et plus généralement toute catastrophe qui s'abat sur un peuple.
Peut-être Camus se
plaît-il un peu trop dans l'abstraction.
Si La Chute est une oeuvre décevante, c'est que l'allégorie ne nous y laisse aucun répit, tout en demeurant
insuffisamment nette.
Les drames de C amus ne valent pas ses romans Les symboles leur donnent quelque raideur et les personnages ne sont pas assez vivants.
En somme,
malgré son goût très vif pour le théâtre et les succès qu'il y a remportés, ses dons d'auteur dramatique sont moindres que ceux de Sartre.
Mais sur le plan
du roman, il lui est supérieur.
L'Étranger et La Peste sont des récits d'une sobriété classique.
Leur style dépouillé, l'absence de pittoresque inutile, l'art
constamment tendu vers l'observation morale et vers la réflexion, un léger accent de sarcasme font songer à V oltaire.
La noble et vigoureuse franchise de la
pensée transparaît dans le style, lui confère une sorte de pureté non pas seulement artistique, mais morale, qui incite à, la sympathie.
Enfin il y a chez
Camus une poésie discrète, poésie des choses, poésie de la vie, un cens très délicat et très sûr de la beauté.
Camus apparaît dès maintenant comme l'une
des gloires les plus incontestables de la littérature française du xxe siècle..
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