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Biographie de Bertolt BRECHT

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« Ce n'est pas par hasard que Brecht, procédant à cette nouvelle pratique théâtrale, a un prédécesseur dont l'activité incarne d'une façon classique l'unité du socialisme et de l'humanité — Maxime Gorki. Brecht vient à la classe ouvrière moins par la pratique de la classe ouvrière, que par la lutte pour la vérité et la raison, une lutte qui rappelle le siècle des lumières. » W. Adling, « La Controverse sur Brecht », Revue de la Société d'histoire du théâtre, 1964. « Quand Brecht dit qu'il faut que le comédien et le régisseur maintiennent des distances dans leur travail, il dit exactement la même chose que les spectateurs de l'Antiquité qui condamnèrent un jour, à Athènes, un auteur qui les avait fait pleurer, c'est-à-dire qui leur avait fait, un moment, perdre la tête. Il est relativement facile de faire de l'effet sur autrui en étant hors de soi, mais cela risque d'être un effet grossier et fugitif. (...) Ce qui porte, c'est la colère soigneusement mise au point, la colère qui est en même temps sincère et simulée, naturelle et artificiée, immédiate et distanciée, la belle colère un peu mise en scène, qui ferait rentrer une souris dans son trou, qui fait que les gosses vont faire leurs devoirs sans piper, et filent doux, et sentent que c'est sérieux. » Claude Roy, « Les Grandes distances », La Nouvelle Revue française, janvier 1961.

« Il fut l'un des novateurs du théâtre contemporain, autant par ses mises en scène que par ses pièces, dont L'Opéra de quat' sous fut sans doute le chef-d'oeuvre, joué sur les scènes du monde entier. Spartakiste et réaliste Né en 1898, Bertolt Brecht écrivit sa première pièce à vingt ans (Baal, 1918, jouée en 1926), une œuvre anarchisante qui reflète bien l'état d'esprit de la jeunesse allemande de l'époque.

Dans la remise en question de l'après-guerre, le mouvement spartakiste (1' extrême-gauche du Parti social-démocrate) auquel il participa dénonçait avec véhémence la guerre impérialiste, mais échoua dans sa tentative d'insurrection (assassinat de Rosa Luxembourg, fondatrice du Parti communiste allemand).

Il avait commencé des études de médecine et de philosophie à l'université de Munich, il les reprit à la fin du conflit mondial, après avoir servi pendant une année comme aideinfirmier et éprouvé à cette occasion son aversion pour la guerre.

Son engagement, il l'exprimait alors dans des poèmes (Sermons domestiques) qu'il chantait en s'accompagnant à la guitare.

Les premières pièces de Brecht jouées furent Dans la jungle des villes (1921) et Tambours dans la nuit (1922), des oeuvres qui marquent nettement la volonté de l'auteur de rompre avec les conventions du théâtre expressionniste, qui constituait pourtant l'avantgarde.

Brecht s'orientait vers un « nouveau réalisme » où le dramaturge est un observateur, distant, satirique et même cynique, du spectacle de la rue et du monde, dont il dénonce les tares.

Il ridiculisait l'idéalisme et les grands sentiments de ses prédécesseurs, tout en exploitant les progrès techniques qu'ils avaient accomplis.

Ces expériences lui permirent aussi de réaliser que la provocation gratuite finissait par aller à l'encontre du but recherché ; pour capter l'attention du spectateur, mieux vaut le charmer par les artifices du théâtre que l'agresser. Un opéra populaire La carrière de Brecht, grâce aussi à ses premières pièces, commença véritablement en 1924, lorsqu'il fut engagé, à Berlin, au Deutsches Theater de Max Reinhardt.

Là, grâce à Erwin Piscator, il se familiarisa avec les techniques du théâtre expérimental, telles que la projection de films ou de diapositives sur la scène ; car il s'agissait de transformer non seulement le contenu théâtral mais aussi le jeu des acteurs et la mise en scène.

Tout en ayant adhéré au marxisme, Brecht opta résolument pour le théâtre politique ; ainsi, Homme pour homme (1926) est une satire de l'impérialisme, qui montre la transformation, malgré lui, d'un docker en soldat sanguinaire.

Quant aux Pièces didactiques, en un acte, elles se voulaient éducatives et étaient adaptées à l'âge du public.

Brecht avait déjà collaboré avec le musicien Kurt Weil , et c'et avec lui qu'il composa la pièce qui allait remporter un triomphe à Berlin, le 31 août 1928 : L'Opéra de quat' sous, une adaptation de L'Opéra des gueux (Beggar's Opera) de l'Anglais John Gay, mise en scène par Caspar Neher.

Malgré ce succès, malgré la violence et le cynisme de cette oeuvre, Brecht ne fut pas pleinement satisfait du résultat ; pour bien montrer qu'il ne s'agissait pas simplement d'aventures pittoresques sans relation avec l'Allemagne de l'époque, mais bien d'une critique sociale, il prit soin d'avertir et de guider les spectateurs à l'aide de banderoles déployées sur scène.

Démontrer les contradictions de l'homme dans la société : telle est la mission du théâtre ; La Mère (1931), pièce plusieurs fois interrompue par la police, est une adaptation du roman de Gorki, tandis que Sainte Jeanne des abattoirs (1932) dénonce l'hypocrisie des bienpensants, le cynisme des puissants et la misère des chômeurs. Le théâtre épique Pierre par pierre, pièce après pièce, Brecht construisait ce qu'il appelle le « théâtre épique », dont il devait formuler les principes dans le Petit Organon pour le théâtre (1948).

Cette nouvelle conception dramatique fait appel à la raison plutôt qu'au sentiment afin d'éveiller la conscience du spectateur.

Pour y parvenir, Brecht prône la « distanciation » (Verfremdungseffekt) à tous égards : distanciation du spectateur, qui ne doit pas être dominé par ses émotions ; distanciation de l'auteur et du metteur en scène, qui tiennent le spectateur éveillé et critique ; distanciation des acteurs, qui ne s'identifient pas à leur personnage et, ainsi, ne créent pas d'illusion chez le spectateur.

Cette théorie, Brecht la mit en pratique dans les pièces écrites alors qu'il était en exil, de 1933 à 1948 (Suisse, Danemark, Finlande) et aux États-Unis (1941-1947) ; ses oeuvres, en effet, furent interdites par le régime nazi et même brûlées en public.

Ses meilleures pièces datent de cette période ; citons La Vie de Galilée (1938), Grande Peur et Misère du Reich (1938), Maître Puntila et son valet Matti (1940) et Le Cercle de craie caucasien (1945).

Après la Seconde Guerre mondiale, Brecht, jugé indésirable en Allemagne de l'Ouest, s'installa à Berlin-Est. C'est là qu'il travailla jusqu'à la fin de sa vie (1956) et qu'il fonda en 1949 le célèbre Berliner Ensemble. NOTES DE L'ÉDITEUR « Ce n'est pas par hasard que Brecht, procédant à cette nouvelle pratique théâtrale, a un prédécesseur dont l'activité incarne d'une façon classique l'unité du socialisme et de l'humanité — Maxime Gorki.

Brecht vient à la classe ouvrière moins par la pratique de la classe ouvrière, que par la lutte pour la vérité et la raison, une lutte qui rappelle le siècle des lumières.

» W.

Adling, « La Controverse sur Brecht », Revue de la Société d'histoire du théâtre, 1964. « Quand Brecht dit qu'il faut que le comédien et le régisseur maintiennent des distances dans leur travail, il dit exactement la même chose que les spectateurs de l'Antiquité qui condamnèrent un jour, à Athènes, un auteur qui les avait fait pleurer, c'est-à-dire qui leur avait fait, un moment, perdre la tête.

Il est relativement facile de faire de l'effet sur autrui en étant hors de soi, mais cela risque d'être un effet grossier et fugitif.

(...) Ce qui porte, c'est la colère soigneusement mise au point, la colère qui est en même temps sincère et simulée, naturelle et artificiée, immédiate et distanciée, la belle colère un peu mise en scène, qui ferait rentrer une souris dans son trou, qui fait que les gosses vont faire leurs devoirs sans piper, et filent doux, et sentent que c'est sérieux.

» Claude Roy, « Les Grandes distances », La Nouvelle Revue française, janvier 1961.. »

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