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Alfred GARNEAU (1836-1904) - La Jeune Baigneuse

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Alfred GARNEAU (1836-1904) - La Jeune Baigneuse L'aube sur la baie éclatante Se joue encor, Et sème au loin l'eau palpitante D'écailles d'or. Déjà le cap Percé rayonne: Sur ses pieds bleus Le flux rejaillant résonne Harmonieux. O beau rocher ! tes blanches lignes Courent dans l'air, Puis s'enfoncent comme des cygnes Dans le flot clair ! En longues flammes frissonneuses, Sous ton arceau Pendant des mousses lumineuses Au fil de l'eau. Silence !... Une baigneuse blonde, Seule en ce lieu, Rit et se fait des plis de l'onde Un voile bleu. Voici qu'une vague s'avance En folâtrant ; Conque humide, elle se balance Dans le courant. La joueuse qu'elle a frôlée Rit aux éclats, Et roule, bruyante et perlée, Dans l'eau lilas. O fraîcheur divine ! ô délices !... Ses doigts joyeux Ouvrent frileusement les lisses De ses cheveux. Ainsi, quand les pleurs de l'aurore Baignent son sein, Frémit l'iris qui se colore Sur le bassin. Dans l'écume une écaille rose Pend au rocher... Elle vole, s'écrie et n'ose La détacher ; Car, au long de la pierre humide, Effroi soudain ! Une lame a sauté rapide Jusqu'à sa main. Qu'elle a de plaisir !... Enfantine ! Elle est debout, Plus vermeille qu'une églantine De la fin d'août. Sa chevelure que l'air roule, - Voile ingénu - Fléchit sur son col, puis se moule A son flanc nu, Et bat l'eau. Par l'arceau de roche, L'astre naissant Dans ces plis longs et frais décoche Un trait perçant. Couvrant d'une main qui ruisselle Son oeil châtain, Ah !... la baigneuse au vent chancelle Et sort du bain ! Près d'elle, une abeille sauvage, Fille du ciel, S'abat, laissant sur son passage L'odeur du miel. L'enfant la voit... " L'abeille est lasse De voltiger ! " Dit-elle, et, comme un souffle, passe D'un pied léger. A peine, sur la marge étroite De galets bruns, Effleure-t-elle le jonc moite, Plein de parfums... Au loin, d'une aile soleilleuse, Un goéland Rase au bord la grève écailleuse En s'envolant.

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