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Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne

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Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne OCTAVE Vous vous méprenez sur mon compte et sur celui de Coelio. MARIANNE Qu'est-ce après tout qu'une femme? L'occupation d'un moment, une coupe fragile qui renferme une goutte de rosée, qu'on porte à ses lèvres et qu'on jette par-dessus son épaule. Une femme ! C'est une partie de plaisir ! Ne pourrait-on pas dire, quand on en rencontre une : voilà une belle nuit qui passe ? Et ne serait-ce pas un grand écolier en de telles matières que celui qui baisserait les yeux devant elle, qui se dirait tout bas : “ Voilà peut-être le bonheur d'une vie entière ”, et qui la laisserait passer ? (Elle sort.) OCTAVE seul. Tra, tra, poum ! poum ! tra deri la la ! Quelle drôle de petite bonne femme ! Ha! ! Holà ! (Il frappe à une auberge.) Apportez-moi ici, sous cette tonnelle, une bouteille de quelque chose. LE GARÇON - Ce qui vous plaira, Excellence. Voulez vous du lacryma-christi ? OCTAVE Soit, soit. Allez-vous-en un peu chercher dans les rues d'alentour le seigneur Coelio, qui porte un manteau noir et des culottes plus noires encore. Vous lui direz qu'un de ses amis est là qui boit tout seul du lacryma christi. Après quoi vous irez à la grande place, et vous m'apporterez une certaine Rosalinde qui est rousse et qui est toujours à sa fenêtre. (Le garçon sort.) Je me sais ce que j'ai dans la gorge ; je suis triste comme une procession. (Buvant.) Je ferais aussi bien de dîner ici; voilà le jour qui baisse. Drig ! drig ! Quel ennui que ces vêpres ! Est-ce que j'ai envie de dormir? Je me sens tout pétrifié. (Entrent Claudio et Tibia.) Cousin Claudio, vous êtes un beau juge ; où allez-vous si couramment ?

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