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Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne

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Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne Une autre rue. COELIO, CIUTA. CIUTA Seigneur Coelio, défiez-vous d'Octave. Ne vous a-t-il pas dit que la belle Marianne lui avait fermé sa porte ? COELIO Assurément. - Pourquoi m'en défierais-je ? CIUTA Tout à l'heure, en passant dans sa rue, je l'ai vu en conversation avec elle sous une tonnelle couverte. COELIO Qu'y a-t-il d'étonnant à cela ? Il aura épié ses démarches et saisi un moment favorable pour lui parler de moi. CIUTA J'entends qu'ils se parlaient amicalement et comme des gens qui sont de bon accord ensemble. COELIO En es-tu sûre, Ciuta ? Alors je suis le plus heureux des hommes ; il aura plaidé ma cause avec chaleur. CIUTA Puisse le ciel vous favoriser ! (Elle sort.) COELIO Ah ! Que je fusse né dans le temps des tournois et des batailles! Qu'il m'eût été permis de porter les couleurs de Marianne et de les teindre de mon sang ! Qu'on m'eût donné un rival à combattre, une armée entière à défier ! Que le sacrifice de ma vie eût pu lui être utile ! Je sais agir, mais je ne puis parler. Ma langue ne sert point mon cœur, et je mourrai sans m'être fait comprendre, comme un muet dans une prison. (Il sort.)

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