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Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne

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Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne COELIO, rentrant. - Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s'abandonne à un amour sans espoir ! Malheur à celui qui se livre à une douce rêverie avant de savoir où sa chimère le mène et s'il peut être payé de retour ! Mollement couché dans une barque, il s'éloigne peu à peu de la rive, il aperçoit au loin des plaines enchantées, de vertes prairies et le mirage léger de son Eldorado. Les vents l'entraînent en silence et, quand la réalité le réveille, il est aussi loin du but où il aspire que du rivage qu'il a quitté ; il ne peut ni poursuivre sa route ni revenir sur ses pas. (On entend un bruit d'instruments. Quelle est cette mascarade? N'est-ce pas Octave que j'aperçois ? (Entre Octave.) OCTAVE Comment se porte, mon bon Monsieur, cette gracieuse mélancolie ? COELIO Octave ! Ô fou que tu es ! Tu as un pied de rouge sur les joues ! - D'où te vient cet accoutrement ? N'as-tu pas de honte en plein jour OCTAVE O Coelio ! Fou que tu es ! Tu as un pied de blanc sur les joues ! - D'où te vient ce large habit noir ? N'as-tu pas de honte en plein carnaval ? COELIO Quelle vie que la tienne ! Ou tu es gris, ou je le suis moi-même. OCTAVE Ou tu es amoureux, ou je le suis moi-même. COELIO Plus que jamais de la belle Marianne. OCTAVE Plus que jamais de vin de Chypre.

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