dissertation
Publié le 10/09/2025
Extrait du document
«
ETUDE DE TEXTE
Le risque d’intrusion à l’école de doctrines prosélytes, s’apparentant à une véritable
publicité idéologique peut avoir des origines diverses.
Il ne concerne pas seulement les signes
et les tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse.
La vigilance des
personnels n’a pas à se focaliser exclusivement sur eux, mais demande à s’exercer également
vis-à-vis de tout un ensemble d’autres signes tout aussi ostensibles qui pourraient menacer
l’impartialité ou la neutralité (neutralisation) de l’enceinte scolaire.
À titre d’exemple, et pour
faire référence tout d’abord à quelque chose d’extrêmement courant, voyons ainsi avec quelle
ingénuité certains élèves se présentent aujourd’hui dans leur établissement avec des tee-shirts
affichant des photos, dessins ou slogans, célébrant sans vergogne le culte de l’argent, la
publicité de certaines drogues, ou bien comportant des messages ou des images à caractère
ouvertement sexuel.
De telles publicités idéologiques sont tout aussi contraires à la laïcité à
l’école que les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse.
On
pourrait s’interroger plus largement encore sur une multitude de signes ostensibles de
richesses (vêtements de marque, sacs ou montres de luxe, etc.), de manifestations de l’identité
(piercings, tatouages, etc.) et de styles vestimentaires à la limite de la décence qui introduisent
à l’école des différences de classes sociales, de choix d’existence, susceptibles de mettre en
péril les « apparences d’égalité » à maintenir entre élèves pour qu’ils puissent tous
communiquer les uns avec les autres.
Le problème de l’intrusion à l’école de certaines
manifestations radicales d’identité est vaste.
Où fixer la limite ? Dans un contexte social
d’apologie indifférenciée du droit à la différence, l’école doit savoir résister – sans se fermer
au monde extérieur, mais en veillant au moins à ne pas laisser pénétrer dans son enceinte tout
ce qui viendrait y faire la promotion de certaines images et de certaines idées chargées d’une
symbolique ou d’une connotation trop radicale, à cause du prosélytisme qu’elles impliquent,
ou bien de leur caractère ouvertement et particulièrement outrancier, agressif ou transgressif.
Là encore, le sens de la laïcité peut faire opportunément l’objet d’un rappel – ou d’une mise
au point préalable en début d’année – afin de sensibiliser les élèves à des enjeux dont ils n’ont
le plus souvent pas conscience.
De façon plus générale encore, le caractère crucial de ce souci de protection de
l’enfant contre les violences morales ou symboliques tient ainsi à la nature de la société
contemporaine.
L’enceinte scolaire est un espace de résistance, dont la neutralité doctrinale et
idéologique s’inscrit et se démarque dans l’océan d’une société du spectacle, des écrans et de
l’image, qui expose en permanence les individus à une multitude de publicités idéologiques.
À l’égard de ce libéralisme idéologique global, qui environne l’enceinte scolaire de toutes
parts, il y a un enjeu proprement contemporain de la laïcité à l’école – que ses promoteurs de
la IIIe République ne pouvaient imaginer et qui donne à leur action un singulier
prolongement, ainsi qu’une nécessité nouvelle.
La différence est en effet que nous vivons
aujourd’hui dans un régime général de publicités idéologiques multiformes – commerciales,
politiques, religieuses, etc.
À l’extérieur de l’école, l’individu est continuellement sollicité par
un nombre indéfini de produits, de marques, de modes, d’idoles et d’idolâtries en tous genres,
mais aussi de discours politiques, de causes humanitaires, d’engagements sociaux, de normes
religieuses, etc.
Dans ce climat général de cacophonie et de sur-sollicitation propre à notre
époque, la laïcité de l’enceinte scolaire trouve une vocation renouvelée et une nécessité qui
n’a jamais été aussi impérieuse.
C’est désormais avant tout à cause de ce contexte de
civilisation qui livre tous les individus à l’hyper-agressivité d’une publicité idéologique
multiple, constante et dérégulée, que la laïcité réclame de faire de l’école une enceinte
préservée.
Pourquoi donc ? C’est toujours la question du fondement de la laïcité à l’école.
Ce
qui la fonde ici et dont les personnels doivent avoir conscience, pour savoir transmettre cette
conscience aux élèves, ce n’est pas une raison venue du passé, mais une urgence propre au
présent : la volonté d’offrir à l’enfant un espace de respiration, de neutralité vis-à-vis de ce
flux continu d’incitations en tout genre.
Abdennour Bīdar, Pour une pédagogie de la réussite à l’école, Paris, Documentation
française, 2012, pp.31-32.
Consigne :
1) Dégagez la ou les thèse (s) développée (s) par l’auteur et ses principaux arguments.
2) A la lumière de votre expérience de l’école sénégalaise, quelles réponses vous inspire
cette analyse ?
Les sociétés contemporaines évoluent dans un contexte de mutations
profondes.
Le modèle républicain de l’école est soumis à de fortes
pressions qui en résultent.
Ainsi les défis pour l’école restent énormes.
En
effet, parmi les problèmes qui se posent à elle, on retrouve toutes les
formes de violences symboliques que draine le monde actuel avec ses
lignes de fractures profondes.
Face à ce tumulte qui menace le vivre
ensemble au sein de l’espace scolaire, quelle réponse apportée ? A.
Bīdar
dans ce texte, abordant le thème de la laïcité, défend l’idée qu’elle doit
s’ériger impérativement en rempart contre toutes les formes d’agressions
symboliques dans l’enceinte de l’école.
En effet, il faut plus que jamais
préserver le monde des enfants et des adolescents des antagonismes du
monde par la « neutralisation » de l’école.
Ainsi, dans le parcours qui suit,
il s’agira d’expliquer d’une part le point de l’auteur ainsi que ses
principaux arguments.
Nous confronterons la thèse de Bīdar aux réalités
du système éducatif sénégalais d’autre part.
La thèse défendue par Bīdar est que dans l’enceinte de l’école, la laïcité
doit s’ériger impérativement en muraille infranchissable qui préserve
l’élève contre toutes les formes de violences symboliques.
La thèse est
soutenue par deux idées directrices majeures et des arguments présentés
dans deux paragraphes qui entretiennent un rapport d’addition.
A cet
effet,
Bīdar
s’appuie
sur
le
procédé
d’induction
dans
le
premier
paragraphe.
En effet, l’idée que la laïcité doit préserver l’école de toutes
les formes d’agressions n’apparait qu’à la fin du paragraphe.
Cela est très
clairement explicité par le choix du vocabulaire « l’école doit savoir
résister – sans se fermer au monde extérieur », « en veillant au moins à
ne pas laisser pénétrer dans son enceinte tout ce qui viendrait y faire la
promotion de certaines images et de certaines idées chargées d’une
symbolique ou d’une connotation trop radicale », « le sens de la laïcité
peut faire opportunément l’objet d’un rappel ».
Ici le vocabulaire est
investi d’une charge martiale « résister », « ne pas laisser pénétrer dans
l’enceinte ».
Il montre que l’école doit être un sanctuaire de la laïcité.
Enoncée à la conclusion du premier paragraphe, la thèse est reprise au
second paragraphe.
A ce niveau, l’auteur utilise la stratégie du martellement en reprenant
plusieurs expressions qui valorisent la laïcité : « L’enceinte scolaire est un
espace de résistance », « la neutralité doctrinale et idéologique s’inscrit et
se démarque dans l’océan d’une société du spectacle » « il y a un enjeu
proprement contemporain de la laïcité à l’école » la laïcité est « une
nécessité nouvelle » « la laïcité de l’enceinte scolaire trouve une vocation
renouvelée et une nécessité qui n’a jamais été aussi impérieuse.
», « la
laïcité réclame de faire de l’école une enceinte préservée.
» ; elle est
« une urgence propre au présent : la volonté d’offrir à l’enfant un espace
de respiration, de neutralité ».
A l’évidence, Bīdar valorise la laïcité et
cherche à avoir un impact sur la conscience du lecteur.
Ainsi donc nous pouvons voir que la thèse défendue par l’auteur
traverse
en
filigrane
le
texte
et
reste
le
fil
conducteur
de
son
raisonnement.
Elle est soutenue par deux idées principales.
Dans une approche binaire, la démonstration de l’auteur part du
particulier au général et deux idées majeures soutiennent la thèse suivant
un ordre de progression croissante.
Les deux idées développées n’ont pas
la même force de persuasion.
En effet l’idée que la laïcité est un impératif se justifie d’une part par
des arguments que l’auteur puise au sein même de l’école.
Il présente une
série de faits particuliers qui rendent légitime la formulation de cette
conclusion.
L’école est menacée par le prosélytisme mais en encore par
d’autres formes de violences symboliques qui ont trait à l’argent, le sexe,
la mode, la manifestation de la différence…Ce sont là autant de formes
d’endoctrinement qui menacent la neutralité de l’espace scolaire au point
de
rompre
l’équilibre
du
vivre
ensemble.
Pour
A.
Bīdar,
l’école
d’aujourd’hui subit la pression de « publicités idéologiques qui sont tout
aussi contraires à la laïcité ».
Dans son argumentaire, il met un accent
particulier sur le caractère dangereux de la présence d’idéologies à l’école
avec un choix de mots particulièrement péjoratifs :« menacer l’impartialité
ou la neutralité », « mettre en péril les « apparences d’égalité », « idées
chargées d’une symbolique ou d’une connotation trop radicale », « leur
caractère
ouvertement
et
particulièrement
outrancier,
agressif
ou
transgressif.
» Bīdar disqualifie ainsi toutes formes de signes ostensibles à
l’école en les présentant comme attentatoires à la liberté de conscience
des élèves.
Dans....
»
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