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VALÉRY Paul 1871-1945

VALÉRY Paul 1871-1945 Poète (et philosophe, aussi), né à Sète. La destinée de cet écrivain, sans aucun doute, est exemplaire : auteur précoce (sous l'égide de son maître Mallarmé) de vers impeccables qui rencontrent un accueil enthousiaste dans les revues d'« avant-garde» des années 1890 - ils feront très bonne figure, encore, quand le poète les publiera trente ans plus tard, en 1920 -, il ne donne rien en librairie; sauf deux essais: en 1895, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci (peintre entre tous louable, selon lui, par la rigueur d'un art tenu pour cosa mentale), et, surtout, La Soirée avec Monsieur Teste (1896), figure allégorique qui ressemble fort au poète Valéry par ce même «rigorisme» intellectuel, dédaigneux de toute effusion sentimentale.
Loin d'exploiter ses premières réussites, Valéry choisit de vivre une vie recluse en philosophie et en mathématiques durant dix-sept années. C'est en 1913, en effet, que l'éditeur Gallimard s'aventure à lui demander des poèmes. Alors l'homme selon qui il n'est de poésie que sur commande, compose un très bref Adieu à la Muse, qui se mue bientôt en un Exercice, puis en poème véritable. Et ce travail qu'il avoue être exaltant (paradoxe pour qui a proclamé que l'enthousiasme n'est pas une vertu poétique) aboutira à un court chef-d'œuvre - son chef-d'œuvre - : La Jeune Parque (1917). Le succès est tel que Valéry publie coup sur coup ses œuvres de jeunesse (l’Album de vers anciens, 1920), suivies du premier et dernier recueil de ses œuvres poétiques nouvelles, Charmes (1922), puis deux dialogues socratiques (Eupalinos; L'Ame et la danse), l'un et l'autre en 1923; enfin le recueil d'essais intitulé Variété (1924), qui sera suivi de quatre volumes sous le même titre et d'innombrables autres essais et opuscules jusqu'à sa mort. Élu à l'Académie française (1925), il sera -mieux encore - nommé « professeur au Collège de France » en 1937, et c'est la première fois qu'un poète connaît pareil honneur; à cet effet, l'on devra d'ailleurs créer sur mesure une « chaire de poétique ». Hostile au genre du roman, il compose (en revanche) Mon Faust, en 1945 (Je me suis surpris me parlant à deux voix, dit-il à cette occasion). La France fera à cette « grande figure » des funérailles nationales. Son image - tout au moins sous cette forme de « grande figure», précisément - se dissipe jour après jour depuis vingt-cinq ans; par chance il reste l'œuvre. Le prosateur d'abord: un des plus subtils. Sans doute, le légendaire Monsieur Teste de 1896, maître de sa pensée, ne représente-t-il plus qu'imparfaitement le Valéry de la maturité, qui sait désormais et proclame explicitement la vertu du délire à sa place et à point nommé (L'Ame et la danse). Car, tant en vers qu'en prose, il n'a pas toujours mis en harmonie ses trop diverses idées. (Et c'est très bien ainsi, au total.) Quant au poète, si l'on veut bien, ici encore, ne pas exiger de lui quelque infaillible accord entre ses nombreux exposés d'intentions et les rares œuvres qu'il nous donne en guise d'« exemple à l'appui» - si l'on se laisse faire, enfin, là où lui-même s'interfusait tout laisser-aller -alors Valéry nous apparaîtra comme un lyrique véritable, un des plus directs et des plus savoureux poètes de langue française : Dormeuse, amas doré d'ombres et d'abandons ... Ou encore :


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