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prosimètre (n. m.). Nom donné par Paul Zumthor à des œuvres du XVe et du XVIe siècle, écrites en français, et qui associent la prose et les vers. La plupart des Grands Rhétoriqueurs ont pratiqué ce genre, notamment Moli-net {Compleinte de Grèce, Le Trosne d'honneur, Le Chapelet des dames) et Jean Lemaire de Belges (Temple d’Honneur et de vertus, La Concorde des deux langages, La Couronne margaritique). En fait, le prosimètre est plus ancien. La Vita nuova de Dante en est un. Ce genre eut un succès qui déborda le cadre de la Grande Rhétorique. Arcadia de Sannazar (1504), écrite en latin, fait elle aussi alterner la prose et les vers. R. Belleau l’imite dans les deux Journées de sa Bergerie (1565 et 1572). Une esthétique soucieuse de varietas trouvait dans ce genre des ressources stylistiques qu’elle ne s’est pas privée d’exploiter.


prosodie (n. f., du grec prosodia, « chant pour accompagner la lyre »). Organisation des sonorités vocaliques et consonantiques dans un texte, mais aussi des accents et par là des rythmes.

prosopopée (n. f.). Cette figure consiste à faire parler un être absent, imaginaire, abstrait ou disparu. L’exemple canonique de cet usage est le passage du Discours sur les sciences et les arts où Rousseau fait parler le général romain Fabricius pour dénoncer le luxe contemporain qui contraste avec la simplicité des mœurs de l’ancienne République romaine : O Fabricius, qu'eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur, vous eussiez vu la face pompeuse de cette Rome sauvée par votre bras [...] : Dieux, eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu'habitaient jadis la modération et la vertu ?... La prosopopée sert assez souvent à faire parler une autorité (ici, un grand ancêtre), ou une valeur (la liberté, la nature, etc.), elle est donc fréquente dans le genre démonstratif (épidictique) où il s’agit de célébrer des valeurs communes ou de dénoncer des vices. En permettant l’action d’un personnage ou d’une entité imaginaire, elle fait appel aux effets les plus spectaculaires de la rhétorique ; Quintilien en recommande l’usage dans la péroraison, où il s’agit justement d’émouvoir les passions de l’auditeur. A ce titre, elle est un des principaux exercices scolaires de la rhétorique classique. Son influence littéraire est déterminante sur les grands monologues de la tragédie classique, ainsi que sur la poésie épique, au moins jusqu’à Victor Hugo.

protagoniste. Acteur qui jouait le premier rôle dans la tragédie grecque. Aujourd’hui, personnage principal d’une pièce de théâtre. La notion de protagoniste met l’accent sur la fonction première {proton} du personnage dans l’action et on doit donc éviter d’utiliser le terme de protagoniste comme synonyme de personnage, qu’il s’agisse de théâtre ou de roman.

protase (n. f., du grec pro, « avant », et tithêmi, « je place »). Première partie, ascendante, de la phrase périodique. (On trouvera un exemple de période à l’article acmé.)

proverbe. Formulation condensée et frappante d’une vérité de l’expérience quotidienne. Au Moyen Age, les proverbes ont été mis en recueils {Proverbes au vilain) ; ils sont souvent cités dans des œuvres littéraires, dont ils sont censés rehausser le style : le proverbe fait alors partie de l’arsenal rhétorique admis jusque dans le style élevé. Il fonctionne en effet comme le recours à l’autorité. Le XVIe siècle utilise les recueils médiévaux et en voit naître de nouveaux. L’œuvre de Rabelais, où abondent les proverbes, leur accorde un certain crédit. La culture de la Pléiade, de type aristocratique, s’intéresse aussi à l’antique sagesse contenue dans les proverbes.

proverbe dramatique. Forme de comédie, dans laquelle s’illustrèrent successivement Carmontelle (1717-1806) et Musset, destinée à l’origine à un jeu de société : les spectateurs doivent découvrir le proverbe illustré par une petite comédie en un acte. Il faut qu une porte soit ouverte ou fermée est un proverbe dramatique de Musset (1845).

psaume (n. m.). Au départ, c’est un cantique ou un chant sacré des Hébreux (les Psaumes de David, dans l’Ancien Testament). Du XVIe au XVIIIe siècle, les Psaumes ont été paraphrasés en vers français par des poètes comme Marot, Baïf, Desportes, Malherbe, Racan, J.-B. Rousseau, Lefranc de Pompignan... psychocritique. Méthode critique mise au point par Ch. Maurron dans le sillage de la critique psychanalytique (Des métaphores obsédantes au mythe personnel, 1963). L’objectif est de mettre en évidence le fonctionnement psychique d’un écrivain en observant les récurrences structurelles et thématiques, pour repérer des « réseaux » fantasmatiques qui s’organisent en un véritable « mythe personnel ».

psychomachie. Genre littéraire allégorique hérité de l’Antiquité tardive (Psychomachia de Prudence, Consolation de Philosophie de Boèce), dans lequel les acteurs sont des vices et des vertus qui se livrent bataille dans la poitrine, siège des passions, en combattant par paires antagonistes dans des duels successifs. La psychomachie se présente donc comme une systématisation du procédé de l'abstractum agens répandu dans la rhétorique antique ; le récit peut prendre un tour proprement épique, en opposant des légions démoniaques aux armées de Dieu (Tournoiement Antéchrist d’Huon de Méry). Les psychomachies adoptent généralement la fiction initiale du songe.

puy poétique. Au Moyen Age, académies littéraires du nord de la France (en particulier à Rouen, Arras, Amiens), d’origine bourgeoise, qui sont animées par un Prince du puy, et qui cultivent quelques genres précis comme le serventois, le chant royal et la ballade. Les puys organisaient des concours poétiques. À Arras, le puy était lié à la Confrérie des jongleurs et bourgeois, à laquelle devait appartenir, dès la fin du XIIe siècle, un poète comme Jean Bodel. Au début du XVIe siècle, la ballade, le chant royal et le rondeau sont cultivés dans les Puys des Palinods en Flandre, Picardie et Normandie, où concoururent plusieurs des Grands Rhétoriqueurs. Une « devise palinodiale », c’est-à-dire une sentence en vers, était proposée au candidat qui, à partir d’elle, composait son poème. En 1521, Jean Marot et son fils Clément participèrent au Puy de Rouen.

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