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autofiction autonymie autoportrait avant-garde avant-texte aventure

autofiction. Mot-valise mêlant les termes « autobiographie » et « fiction », apparu à la fin du XXe siècle pour désigner des récits, généralement brefs, qui combinent l’apparence de la fiction et des éléments de narration strictement autobiographiques. Un critère souvent retenu est l’identité du nom de l’auteur et de celui du personnage Principal ; d’autres critères restent plus discutés, comme emploi ou non de la première personne. Le prestige du grand roman proustien (A la recherche du temps perdu, 1913-1927) peut expliquer l’importance de l’autofiction en France ; mais la contestation moderne de la pertinence de l’opposition entre fictif et effectif y est aussi pour beaucoup. On attribue souvent à l’écrivain français Serge Dou-brovsky la paternité du mot et plusieurs de ses œuvres peuvent être citées comme de bons exemples du genre autofîctionnel : Fils (1977), Le Livre brisé (1989).

autonymie (ou emploi réflexif, en mention ou en autoréférence). On parle d’autonymie lorsqu’un mot est employé non pas pour référer à un objet, une personne, une notion, mais à lui-même en tant que mot : dans « Guillaume est un joli garçon », où le premier mot renvoie à un être humain, on dira que le mot est employé en usage ou en référence ; dans « Guillaume est un joli prénom », le nom ne renvoie à aucun référent, mais se désigne lui-même ; on parlera d’emploi en mention ou en autoréférence ou d’emploi autonymique. Ce statut particulier du mot est généralement marqué par l’italique ou les guillemets. L’autonymie permet, par exemple, de réduire le mot à son signifiant phonique ou graphique : « Guillaume s’écrit avec un seul m. » Elle bloque alors toute commutation synonymique : « Le frère de Ted est un joli garçon » /*« Le frère de Ted rime avec môme » ; « Bouquin est un mot familier » /*« Livre est un mot familier». Elle permet aussi de réduire un mot à son signifié : « Rêve se dit sogno en italien. ». La possibilité d’un emploi réflexif des mots est ce qui fonde toute réflexion sur le langage : Ce nom marin de Rhumbs a intrigué quelques personnes, - de celles, je pense, pour qui les dictionnaires n’existent pas. Le Rhumb est une direction définie par l’angle que fait dans le plan de l’horizon une droite quelconque avec la trace du méridien sur ce plan. Rhumb est fiançais depuis fort longtemps. Voiture a employé ce mot (P. Valéry, Rhumbs, 1926).


Autonymie. A la différence des autres relations lexicales, l’autonymie ne concerne pas la relation des signes entre eux, mais la relation d’un signe à lui-même. Un signe autonyme est en effet à lui-même son propre référent. L’autonymie est liée à la propriété des langues naturelles de parler d’elles-mêmes, propriété dite de réflexivité qui manifeste la fonction métalinguistique. Un signe autonyme n’est pas en usage, c’est-à-dire ne renvoie pas à un objet du monde, mais en mention. Il est signalé par une intonation ou une typographie (guillemets, italiques) particulières. N’importe quel terme de la langue devient un substantif masculin singulier lorsqu’il est autonyme et les substantifs perdent leur déterminant :

Lente est féminin
Chevaux est un pluriel
Cheval a un pluriel irrégulier.

> Fonctions du langage, métalangue

• Rey-Debove J., Le Métalangage, Paris, L’ordre des mots, Le Robert, 1978.

autoportrait. Description physique ou morale d’un locuteur par lui-même, qui peut prendre des formes variées (celle d’un entretien par exemple : J.-P. Sartre, «Autoportrait à soixante-dix ans », 1975, Situations X). Il s’agit souvent d’un exercice de style très littéraire. Certains autoportraits sont restés fort célèbres, comme celui de Montaigne au livre II des Essais : Je suis d’une taille un peu au-dessous de la moyenne... (xvii, « De la présomption »), même si l’on peut se demander si l’ensemble cfes Essais ne constitue pas une sorte d’autoportrait en mosaïque.

avant-garde. Groupe d’écrivains, ou plus généralement d’artistes, qui se définissent par rapport à ceux qui les ont précédés, et marquent leur différence avec une vigueur et une cohérence doctrinale suffisantes pour être reconnus, comme ce fut le cas au début du XXe siècle lorsque apparurent le futurisme ou le surréalisme. L’avant-garde suppose donc une rupture, par principe éphémère, qui se laisse déterminer par la place faite au nouveau (qui devient une valeur) bien plutôt qu’au moderne qui ne la .définit pas. L’avant-gardisme peut ainsi prendre une valeur péjorative si le nouveau est recherché pour lui-même, et non pour un renouvellement authentique.

avant-texte. Ensemble formé par les documents préparatoires d’une œuvre littéraire : fiches, brouillons, premiers jets, mises au net, épreuves corrigées, etc. L’étude de cet avant-texte est l’objet premier de la critique génétique.


aventure. Terme central de la poétique médiévale, l’aventure est souvent nommée dans le prologue des œuvres narratives, quels que soient leur registre et leur longueur (romans, lais, fabliaux). Elle désigne le contenu narratif envisagé sous l’aspect de son déroulement, alors que le terme de « matière » suppose une saisie globale plus thématique que narrative. Elle constitue, dans le processus poétique, retape qui précède la conjointure (voir ce mot). Dans le processus médiéval de réécriture, elle représente donc la quintessence de ce que le texte hérite d’une tradition narrative (écrite ou orale). Au pluriel, les « aventures » sont l’ensemble des événements narratifs qui surviennent dans le cours de la diégèse. Dans le roman arthurien, l’aventure est l’objet même de la quête des chevaliers : bonne ou mauvaise, elle peut ne survenir que pour les seuls élus {Queste del saint Graal).




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