VOLTAIRE HISTORIEN

« VOLTAIRE HISTORIEN C'est pendant les loisirs de sa jeunesse et de son âge mûr que Voltaire a produit l'essentiel de son oeuvre historique, choisissant des sujets de plus en plus vastes : un roi (Charles XII), une nation sous un grand règne (Le Siècle de Louis XIV), huit siècles de l'histoire du monde (Essai sur les moeurs).

Dans sa vieillesse, d'autres soins l'ont occupé. Mais il a encore trouvé le temps de mettre au point l'Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand et le Précis du siècle de Louis XV.

Son oeuvre d'historien se caractérise par les traits suivants : 1.

Il suit une méthode rigoureuse, du moins pour l'époque.

Il se renseigne auprès de témoins directs : compagnons de Charles XII, survivants du siècle de Louis XIV.

Il se réfère aux sources écrites : correspondances, rapports d'ambassadeurs, mémoires imprimés ou inédits.

Il contrôle la chronologie, fait la critique des témoignages.

Mais il ne pousse pas le souci de l'exactitude jusqu'à l'impartialité.

Il lui arrive souvent de présenter des faits d'ailleurs authentiques sous un jour tendancieux. 2.

Il élargit le domaine de l'histoire : non plus seulement les rois, mais les peuples; non plus seulement les événements militaires et diplomatiques, mais la civilisation tout entière (industrie, agriculture, commerce, finances, institutions, religion, beaux-arts, modes de vie). 3.

Il fait servir l'histoire à la propagande philosophique.

Alors que Bossuet voit partout l'action de la Providence et que Montesquieu croit à une logique interne des événements, Voltaire professe que c'est le hasard qui règle le sort du monde.

Il admet toutefois que l'effet du hasard peut être corrigé par l'action des grands hommes qu'il définit « tous ceux qui ont excellé dans l'utile ou dans l'agréable ».

D'autre part, il lui semble que le monde tend confusément vers la civilisation, non pas suivant une progression continue, mais avec des retours en arrière.

Il distingue des siècles privilégiés : celui de Périclès, celui d'Auguste, celui des Médicis, celui de Louis XIV. 4.

Il traite l'histoire en oeuvre d'art.

Il affirme la nécessité d'un choix consistant à éliminer « les petits faits », à ne retenir que les détails significatifs, les « anecdotes intéressantes ».

Il s'applique à rendre le lecteur anxieux de ce qui va suivre.

« Il faut, dit-il, une exposition, un noeud et un dénouement dans une histoire comme dans une tragédie.

» Son Charles XII est un modèle particulièrement réussi d'histoire narrative.

Le Siècle de Louis XIV est composé de façon beaucoup moins heureuse.. »