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Voltaire a écrit : « Les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié. » Comment comprenez-vous cette formule ?

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II. LES DANGERS D'UNE TELLE CONCEPTION DU LIVRE Une telle conception du rôle du livre n'est cependant pas sans dangers. Elle transforme d'abord le lecteur en un être essentiellement passif chez lequel se développeront bientôt des tendances à la paresse intellectuelle et morale. Une abdication aussi entière de la conscience entraîne une véritable atrophie de la volonté. Ne voit-on pas souvent de nos jours beaucoup de gens délaisser totalement la lecture, devenue pour eux trop pénible même dans ses formes les plus simples, au profit du cinéma et de la télévision, autres sources de détente qui peuvent ne demander aucun effort de participation ? Certains se contentent d'avoir vu les « adaptations » de certaines grandes oeuvres. Des éditions simplifiées, raccourcies, les « digests », connaissent auprès du public un immense succès.   Aux progrès de cette paresse intellectuelle s'associent nécessairement ceux de l'esprit d'autorité. On se réfère volontiers à la morale des « best-sellers », on calque ses attitudes, voire sa psychologie sur celle d'un James Bond, tout comme les précepteurs sophistes de Rabelais s'efforçaient de ressembler à la fausse image qu'on leur avait transmise d'Aristote, tout comme le pharmacien Homais de Madame Bovary formulait des sentences par une imitation maladroite de la philosophie voltairienne.   Cette « aliénation » morale dont nous parlions plus haut n'engage-t-elle pas par ailleurs de façon abusive la responsabilité de l'écrivain ?

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