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Victor Hugo

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En ces trente dernières années, Hugo, après avoir connu auprès du public une faveur sans précédent dans l'histoire des lettres françaises, est tombé en disgrâce auprès des esprits distingués qui lui reprochent un manque d'intelligence, un manque de goût et une facilité, au plus mauvais sens du mot, qui feraient de lui une sorte d'industriel de l'alexandrin. Il est vrai que, dans certaines parties de son oeuvre, il a pu mériter de semblables reproches, mais cela ne doit pas faire oublier qu'en beaucoup d'autres il est l'un de nos poètes les plus purs, les plus riches, et, parmi nos prosateurs, celui dont la puissance d'évocation reste inégalée. Afin de rassurer les beaux esprits, rappelons que Paul Valéry l'avait en très haute admiration.       Victor Hugo naquit à Besançon, le 26 février 1802 et, selon un usage assez répandu, son parrain fut l'amant de sa mère, le général de brigade La Horie, auquel il dut son prénom. Le parrain étant absent, on omit de baptiser le nouveau-né qui ne devait d'ailleurs jamais l'être. Léopold-Sigisbert Hugo, le père, qui s'était prénommé Brutus dans les premières années de la Révolution, était un jeune chef de bataillon qui devait l'épaulette à son zèle révolutionnaire. Il avait du reste reçu un peu d'instruction au collège royal de sa ville natale de Nancy et, très jeune, montrait déjà pour les belles-lettres un goût qui ne devait jamais cesser de s'affirmer. C'est en Bretagne, au cours d'une campagne contre les Chouans, qu'il avait connu, en 1796, Sophie Trébuchet, dont il allait faire sa femme l'année suivante.       Sophie Trébuchet, appelée à exercer une influence prépondérante sur l'esprit de Victor, était une petite bourgeoise bretonne qui donnait déjà dans la chouannerie lorsqu'elle connut le capitaine Brutus Hugo. Sa liaison avec La Horie, compromis dans la conspiration de Cadoudal, ne fera que renforcer ses sentiments royalistes qu'elle apprendra à partager à ses trois fils. Durant toute l'enfance et l'adolescence de Victor, les époux Hugo vécurent presque constamment séparés, moins par l'effet des circonstances qu'en raison de leur indépendance d'humeur. Sauf un séjour d'un an à Madrid où ils furent internes dans un collège et un autre séjour à Paris à la pension Cordier, les enfants grandirent sous la seule autorité de leur mère et jusqu'à sa mort qui survint en 1821.      

« Victor Hugo En ces trente dernières années, Hugo, après avoir connu auprès du public une faveur sans précédent dans l'histoire des lettres françaises, est tombé en disgrâce auprès des esprits distingués qui lui reprochent un manque d'intelligence, un manque de goût et une facilité, au plus mauvais sens du mot, qui feraient de lui une sorte d'industriel de l'alexandrin.

Il est vrai que, dans certaines parties de son oeuvre, il a pu mériter de semblables reproches, mais cela ne doit pas faire oublier qu'en beaucoup d'autres il est l'un de nos poètes les plus purs, les plus riches, et, parmi nos prosateurs, celui dont la puissance d'évocation reste inégalée.

Afin de rassurer les beaux esprits, rappelons que Paul Valéry l'avait en très haute admiration. Victor Hugo naquit à Besançon, le 26 février 1802 et, selon un usage assez répandu, son parrain fut l'amant de sa mère, le général de brigade La Horie, auquel il dut son prénom.

Le parrain étant absent, on omit de baptiser le nouveau-né qui ne devait d'ailleurs jamais l'être.

Léopold-Sigisbert Hugo, le père, qui s'était prénommé Brutus dans les premières années de la Révolution, était un jeune chef de bataillon qui devait l'épaulette à son zèle révolutionnaire.

Il avait du reste reçu un peu d'instruction au collège royal de sa ville natale de Nancy et, très jeune, montrait déjà pour les belles-lettres un goût qui ne devait jamais cesser de s'affirmer.

C'est en Bretagne, au cours d'une campagne contre les Chouans, qu'il avait connu, en 1796, Sophie Trébuchet, dont il allait faire sa femme l'année suivante. Sophie Trébuchet, appelée à exercer une influence prépondérante sur l'esprit de Victor, était une petite bourgeoise bretonne qui donnait déjà dans la chouannerie lorsqu'elle connut le capitaine Brutus Hugo.

Sa liaison avec La Horie, compromis dans la conspiration de Cadoudal, ne fera que renforcer ses sentiments royalistes qu'elle apprendra à partager à ses trois fils.

Durant toute l'enfance et l'adolescence de Victor, les époux Hugo vécurent presque constamment séparés, moins par l'effet des circonstances qu'en raison de leur indépendance d'humeur.

Sauf un séjour d'un an à Madrid où ils furent internes dans un collège et un autre séjour à Paris à la pension Cordier, les enfants grandirent sous la seule autorité de leur mère et jusqu'à sa mort qui survint en 1821. Pour être royaliste, Sophie Hugo n'en était pas moins voltairienne, et ses idées sur l'éducation des enfants semblent avoir été apparentées à celles de RousseauH041.

De même que ses frères, Victor fut élevé par sa mère sans disciplines religieuses ni même scolaires.

Elle laissait ses lectures entièrement libres et faisait en sorte que l'étude lui fût présentée comme une distraction entre d'autres où les travaux manuels avaient leur place. De bonne heure, elle encouragea sa vocation poétique, pensant que l'aristocratie de l'esprit rejoignait l'aristocratie de la naissance et que les travaux littéraires permettraient à son fils de prendre rang dans la bonne société celle qui, ayant accès à la cour, pouvait prétendre à ses substantielles faveurs.

La famille Hugo n'était pas riche et Victor n'avait à compter que sur lui-même pour assurer sa subsistance. Entrant dans les vues de sa mère, le jeune Victor Hugo n'envisage pas sérieusement d'autre carrière que celle des lettres.

A l'âge de dix-sept ans, après s'être essayé dans des genres très divers, il fonde avec son frère aîné Abel une revue bimensuelle intitulée le Conservateur littéraireL098M6 pour lequel il écrivait sous son nom et sous divers pseudonymes de nombreux articles réclamant souvent une documentation importante et de profitables compilations.

Selon Sainte-BeuveL191, cette somme considérable d'un travail discipliné auquel l'astreignit pendant quinze mois la rédaction du Conservateur littéraire eut une influence décisive sur la formation littéraire et sur le génie créateur de Victor Hugo. Royaliste convaincu, il écrivit à la gloire de la dynastie de nombreux poèmes dont certains le signalèrent à l'attention bienveillante de la cour.

Il reçut une pension du roi, qui lui permit d'épouser Adèle FoucherL098M5, une amie d'enfance dont il était épris depuis l'âge de quinze ans. Marié en 1822, père en 1823 et cocu vers 1830, il connut en 1833 une jeune actrice, Juliette DrouetL064, dont il fit sa maîtresse et qu'il parvint très vite à domestiquer.

Cette déplorable aventure, qui devait transformer une créature insouciante et heureuse en une misérable femme soumise à toutes les humeurs du grand homme, suspendue à ses plus médiocres pensées, sans cesse roucoulante et épistolante par-delà le retour d'âge et les rhumatismes, dura cinquante ans.

Elle enchante encore les lectrices de journaux féminins et les colonels en retraite.

Il fallait la grosse écorce de Victor Hugo, la solide conscience qu'il avait de sa vastitude pour ne pas souffrir de ce ratatinement dans l'adoration.

Le poète eut d'autres liaisons, entre autres avec Mme BiardL1112 avec laquelle il fut surpris, en 1845, en flagrant délit d'adultère.

Jusque passé quatre-vingts ans, il troussait encore les servantes.

Voilà pour la vie sentimentale. Sa vie familiale fut, à tout prendre, assez mélancolique.

Il eut d'Adèle FoucherL098M5 deux filles et deux garçons.

Léopoldine meurt, jeune mariée, dans un accident.

Sa fille Adèle, plus tard, devient folle et ses deux fils, vers l'âge de quarante-cinq ans, meurent de maladies pulmonaires.

Autour de lui, tout le monde disparaît, femme, maîtresse, enfants.

C'est l'inconvénient de vivre très vieux.

Il a de gros chagrins qui lui font remonter l'alexandrin à la gorge et augmentent la considération qu'il a pour lui-même.

Orphelin, veuf, père déchiré, il aura tout eu, sans compter le deuil de la République.

Lui, le vieux chêne, il reste droit, serein dans le malheur, sans une incommodité, sans même un cor aux pieds, et chaque fois que la mort frappe parmi ses proches, sa barbe blanche rayonne l'ineffable avec une vigueur accrue. La vie politique du poète eut en soi une certaine importance, mais si elle mérite l'attention, c'est surtout par le retentissement qu'elle eut sur son oeuvre.

A partir de 1851, elle en est inséparable.

A vue de nez et jusqu'à ce qu'il ait atteint l'âge de cinquante ans, la courbe de ses variations politiques apparaît assez peu flatteuse.

Légitimiste sous la légitimité, orléaniste sous les d'Orléans et républicain sous la République de 48, on ne peut nier qu'il y ait eu de sa part un certain opportunisme.

Pourtant, à y regarder de plus près, on se persuade que ces changements sont, humainement, très explicables.

Le plus reprochable dans son attitude est peut-être cette duplicité inconsciente qui lui permet, par exemple, d'exprimer ses sentiments de sincère sollicitude à l'égard des humbles, des classes opprimées et d'accepter la pairie avec une satisfaction non moins sincère (c'est en 1845 qu'il est nommé pair de France et qu'il commence les MisérablesL098M1).

Au début de la révolution de 48KW166, il est élu député sur une liste de droite et vire rapidement vers la gauche.

En 49, un an après avoir déposé bon gré mal gré son manteau de pair de France, il commence sa carrière d'apôtre de la République et de prophète des Temps Futurs, qui devait le mener au Panthéon.

Au 2 décembre 51P244C, il s'oppose au coup d'État de Louis BonaparteP244 et, payant bravement de sa personne, risque sa vie et sa liberté.

Pour échapper à la police, il se réfugie à Bruxelles, puis à Jersey et enfin à GuerneseyL098M4 où, pendant près de vingt ans, il partage " l'exil de la liberté ".

Sa figure de prophète prend de plus en plus de relief et s'orne d'une barbe de prophète.

En septembre 1870, lorsque BismarckP034 fait cadeau à la France de. »

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