Devoir de Français

Un dramaturge contemporain, Armand Salacrou soutient qu'une pièce n'est pas faite pour les personnages, mais les personnages pour la pièce. Vous expliquerez et discuterez cette opinion en vous fondant sur des exemples choisis dans le théâtre français de toutes les époques ?

Extrait du document

On parlera plus facilement de situation théâtrale que de situation romanesque (quand on parle de « situation romanesque », on ne se réfère pas tellement au genre du roman, on veut dire situation extraordinaire comme dans les mauvais romans; au contraire quand on parle de situation théâtrale, on pense expressément au genre littéraire correspondant). 3. Primauté d'un univers dramatique. Les cas précédents sont encore un peu particuliers, car ils s'appliquent à des auteurs qui ont une certaine conception du genre théâtral ou de l'homme. Ce que veut signifier exactement Salacrou, c'est que, de par la nature même du genre, un dramaturge conçoit plutôt sa pièce que ses personnages. En d'autres termes, ce qui est premier, c'est la volonté d'imposer une certaine unité dramatique, une certaine harmonie qui est proprement théâtrale. Salacrou pense à la « vie poétique de la pièce » : ainsi Andromaque de Racine n'est ni l'illustration d'un système dramatique ni la présentation d'un certain nombre d'idées sur l'homme, c'est avant tout un certain univers où tous les personnages poursuivent une ombre, ombre d'un amour qui échappe ou ombre d'un mort - univers de l'irréel où chacun voit les autres comme il voudrait qu'ils soient. Le destin même qui domine cette pièce n'est guère une idée sur l'homme, mais là encore une sorte d'atmosphère étroitement en harmonie avec cette passion de l'impossible. Salacrou semble être en accord avec les plus grands créateurs; la primauté d'un caractère unique, amoureusement travaillé par son auteur est bien souvent une faute théâtrale : bien souvent ce héros privilégié qui hante son auteur n'est autre que l'auteur lui-même. Rostand, Montherlant trouvent précisément leurs limites dans cette incapacité à sortir de quelques caractères toujours semblables et Mallarmé dut renoncer au théâtre faute de pouvoir concevoir un personnage différent de lui-même (cf.

Liens utiles