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SUR LE LIVRE DES AMOURS DE PIERRE DE RONSARD - HEREDIA, Les Trophées.

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Jadis, plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil, A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre, Et plus d'un coeur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre, A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil. Qu'importe! Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil; Ils gisent tout entiers entre quatre ais de rouvre; Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre, Leur inerte poussière à l'oubli du cercueil. Tout meurt. Marie, Hélène et toi, fière Cassandre, Vos beaux corps ne seraient qu'une insensible cendre — Les roses et les lys n'ont pas de lendemain — Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire, N'eût tressé pour vos fronts, d'une immortelle main, Aux myrtes de l'Amour le laurier de la Gloire. HEREDIA, Les Trophées (Lemerre, édit.). Introduction. Ronsard, célébré de son vivant comme le prince des poètes, puis méconnu pendant plus de deux siècles, a été réhabilité par Sainte-Beuve. A leur tour, les Parnassiens lui rendent hommage, Sully-Prudhomme, Coppée, Heredia enfin. Ce sonnet des Trophées fait partie du cycle consacré au Moyen Age et à la Renaissance; il est précédé d'un sonnet en l'honneur de Pétrarque et suivi d'un sonnet en l'honneur de du Bellay. La composition en est simple et rigoureuse; le mouvement général de la pensée est le suivant : les amours d'antan (premier quatrain) sont vouées à l'oubli (second quatrain); trois amantes auraient subi le sort commun (premier tercet), si les chants de Ronsard ne leur avaient assuré l'immortalité (deuxième tercet).

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