Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie, sonnet CVIII, Le Second Livre des Amours (1578).
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Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie, sonnet CVIII, Le Second Livre des Amours (1578).
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose;
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais battue, ou de pluie, ou d'excessive ardeur1,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose2.
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque3 t'a tuée, et cendres tu reposes.
Pour obsèques4 reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif 5 et mort, ton corps ne soit que roses.
1. chaleur.
2. ouverte.
3. divinité qui, dans la mythologie grecque, coupait le fil de la vie.
4. offrandes mortuaires.
5. vivant.
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