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Paul Éluard

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Paul Éluard est né à Saint-Denis. Les parents de Paul Éluard s'étaient (comme on dit) faits eux-mêmes. Paul-Eugène Grindel a 16 ans lorsque ses études sont interrompues par une lésion pulmonaire. L'adolescent passera les années 1911, 1912 et une partie de 1913, au sanatorium de Clavadel en Suisse. A Clavadel, le jeune reclus écoutait le silence, et il écoutait les voix contradictoires des écrivains et des poètes qui l'atteignaient. Je l'ai entendu souvent répéter, reprenant à son compte une observation de Romain Rolland, " qu'on ne lit jamais, on se lit ". A Clavadel, il découvre, outre une jeune fille nommée Gala, qu'il va épouser pendant la guerre, la solitude, l'attention portée à soi-même, les rêves et la rêverie, en un mot : la vie intérieure.       En 1914, Paul-Eugène à 19 ans. Il est mobilisé en 1915, avec sa classe, et il se retrouve, lui qui était à peine guéri deux ans auparavant, infirmier. Il demande à être versé dans l'infanterie, et part pour le front. Dès les poèmes datés de 1914, la voix du poète est posée : le Devoir et l'Inquiétude est polycopié par le soldat Grindel, envoyé à quelques amis et quelques maîtres, puis imprimé en 1917 chez Gonon.          

« Paul Éluard Paul Éluard est né à Saint-Denis.

Les parents de Paul Éluard s'étaient (comme on dit) faits eux-mêmes.

Paul-Eugène Grindel a 16 ans lorsque ses études sont interrompues par une lésion pulmonaire.

L'adolescent passera les années 1911, 1912 et une partie de 1913, au sanatorium de Clavadel en Suisse.

A Clavadel, le jeune reclus écoutait le silence, et il écoutait les voix contradictoires des écrivains et des poètes qui l'atteignaient.

Je l'ai entendu souvent répéter, reprenant à son compte une observation de Romain Rolland, " qu'on ne lit jamais, on se lit ".

A Clavadel, il découvre, outre une jeune fille nommée Gala, qu'il va épouser pendant la guerre, la solitude, l'attention portée à soi-même, les rêves et la rêverie, en un mot : la vie intérieure. En 1914, Paul-Eugène à 19 ans.

Il est mobilisé en 1915, avec sa classe, et il se retrouve, lui qui était à peine guéri deux ans auparavant, infirmier.

Il demande à être versé dans l'infanterie, et part pour le front.

Dès les poèmes datés de 1914, la voix du poète est posée : le Devoir et l'Inquiétude est polycopié par le soldat Grindel, envoyé à quelques amis et quelques maîtres, puis imprimé en 1917 chez Gonon. Jean Paulhan met en rapport Éluard avec André Breton, Aragon et Soupault.

Les jeunes gens viennent de faire la connaissance d'un cinquième mousquetaire, qui surgit de Zurich en brandissant le drapeau noir de DadaL067M2 : Tristan Tzara.

Ce qui lie les écrivains que Max Ernst groupera dans le célèbre tableau Au rendez-vous des amis, c'est un certain nombre de refus et d'aspirations, et une amitié passionnée.

Ce qui lie au départ les surréalistes, c'est la révolte méthodique contre la société, contre tout ce qui humilie, rogne, brime, avilit, écrase l'homme, contre le " bien " et le " beau " bourgeois " asservis aux idées de propriété, de famille, de religion, de patrie que nous combattons ensemble ".

C'est la volonté d'élaborer ensemble une nouvelle Déclaration des Droits de l'Homme.

C'est le recours aux ressources étouffées du rêve, de l'irrationnel, du merveilleux, du sommeil, et de leur fulguration dans l'amour, " l'amour soudain, qui est avant tout un grand appel irrésistible ". Éluard participe aux revues et aux provocations méthodiques de DadaL067M2, à la fondation de " Littérature ".

Il dirige, de son petit appartement de la rue Ordener, où naîtra sa fille Cécile, une feuille à lui, " Proverbe ", plus orientée que les autres revues de l'époque vers les recherches sur le langage. La séparation d'avec celle qu'il avait épousée en 1916 va porter au poète un coup dont il mettra plusieurs années à se relever, et dont les titres de recueils qui vont paraître témoignent suffisamment : Mourir de ne pas mourir, Capitale de la DouleurL067M4. Le 23 avril 1925 éclate la guerre du Rif.

En 1927, l'adhésion des cinq surréalistes au Parti communiste français AragonL006, BretonL026, Éluard, PéretL1703, Pierre Unik est la conséquence du choc qu'ils ont ressenti en voyant de nouveau la guerre, une guerre coloniale, resurgir en 1925. " En matière de transformation sociale du monde, écrira BretonL026, les conséquences d'urgence primaient toutes les autres.

L'outil voulu pour cette transformation existait et avait fait ses preuves : il s'appelait le marxisme-léninisme.

" De 1928 à 1929, Éluard doit retourner en Suisse, au sanatorium d'Arosa. La Vie Immédiate (1932), la Rose Publique (1934), les Yeux Fertiles (1936) vont entremêler dans un contrepoint de plus en plus riche la certitude de la connaissance par l'amour et l'angoisse de la solitude. La guerre d'Espagne va cristalliser les aspirations encore confuses qui habitent Éluard, enflammer sa déjà vieille colère contre ceux qui sont prisonniers de leur solitude satisfaite. Chanson Complète, qui paraît en 1939, s'ouvre sur un poème intitulé Nous sommes, où le thème de l'âge d'or raisonnable, possible, s'exprime avec une puissance, une fraîcheur qu'il n'avait jamais eues jusque-là dans les recueils précédents.

Cet aller et retour incessant que le poète accomplissait depuis des années entre le devoir et l'inquiétude, entre le plaisir et le chagrin, entre la voltigeance des songes heureux et la pesanteur des cauchemars, il le transpose maintenant, le projette dans la généralité de l'expérience humaine. Ce sera novembre 1936, la Victoire de Guernica, la suite Droits et Devoirs du pauvre.

Mais quand il cherche, de plus en plus violemment, à se lier au monde d e ses semblables, Éluard retrouve dans le destin d e tous les vivants, dans les rythmes m ê m e s d e la société, les mouvements de son expérience personnelle. En 1943, en pleine occupation, ayant rejoint depuis longtemps la Résistance, Éluard va se joindre à nouveau aux communistes. Ce poète qui, pendant vingt ans, avait parlé pour tous les couples d'amants du monde, prend la parole, non seulement au nom des amoureux, mais au nom des foules, des peuples, des déshérités et des porteurs d'espoir.

LibertéL067M3 devient en quelques semaines un classique de l'Europe occupée, un poème où tous les peuples opprimés et en lutte se reconnaissent. En 1946, le poète est terrassé par la mort de sa femme Nusch.

Ses amis ont le sentiment qu'il est tiré vers l'ombre, vers la nuit, par la frêle main d'une Eurydice à jamais perdue. Le recueil Une leçon de morale est le témoignage de cette lutte intérieure harassante entre le " nada " et l'espoir. La grandeur d'Éluard, sa vertu vraiment " exemplaire ", c'est que ses poèmes eurent une suite, c'est qu'ils ne furent qu'un moment déchirant et inouï de son destin.

Éluard a donné en modèle son combat intérieur.

Il était cet homme qui laissait toujours deviner, dans les plus déliés et les plus aériens de ses poèmes, son angoisse de vivant trop lucide.

Entre son bonheur et lui, il y avait toujours le malheur d'autrui.

Désormais, c'est entre son propre malheur et lui qu'il eut le courage d'interposer le malheur d'autrui et d'y trouver la raison même, la dernière et suprême raison de ne pas se " laisser aller ".

Il ne consentit pas tout à fait à être malheureux, tant que le malheur a partout force de loi : Entre tous mes tourments, entre la mort et moi Entre mon désespoir et la raison de vivre Il y a l'injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère. L'été de 1952, Éluard et sa nouvelle femme Dominique avaient loué une petite maison à Beynac, sur le plus beau paysage du monde. C'est là que le frappe la première crise d'angine de poitrine.

Il meurt le matin du 18 novembre 1952. Des poèmes de son adolescence à ceux de sa maturité rayonnante, Éluard n'a jamais poursuivi qu'une seule et longue réflexion poétique.

On a pu être sensible autrefois à ce que son oeuvre comportait d'originalité et, parfois même, de bizarrerie apparente.

A en suivre le fil conducteur, on est sensible surtout à ce qu'elle a de très généralement humain.

Ce qu'il y a de merveilleux chez Éluard, c'est le génie de la " communauté ".

Il n'a jamais cherché qu'à se mettre à la place des autres, au coeur des autres.

Le nombre est saisissant dans cette oeuvre qui semble tout entière à la première personne du singulier, des voix qu'emprunte le poète, sans jamais perdre son accent unique, irremplaçable.

Il est le soldat de 1917, ou le maquisard de 1942, au nom desquels il parle, il est la victime et le traqué, le combattant et l'ouvrier.

Sa poésie donne voix à ceux qui croyaient peut-être n'en pas avoir.

C'est pourquoi chacun se reconnaît en elle.

Quand il a parlé d'amour, c'était au nom de tous les amoureux du monde.

Quand il a parlé de la libertéL067M3, c'était au nom de tous les opprimés du monde.. »

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