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Mme de La Sablière

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Mme de La Sablière Née au sein d'une famille particulièrement cultivée de financiers protestants, elle fut mariée fort jeune, selon la coutume, à un de ses cousins, Antoine de Rambouillet, seigneur de la Sablière, lui-même amateur d'art et de belles-lettres. L'union s'annonçait bien ; elle finit très mal. Après treize ans d'un apparent bonheur, la jeune femme dut se séparer de son mari qui ne l'aimait plus, la maltraitait et lui reprochait de n'avoir pas fait les riches héritages qu'il escomptait. Privée de ses enfants, ayant perdu une partie de son bien, Mme de La Sablière se consola par l'amitié et par l'érudition. Elle lisait Homère dans le texte, et Virgile et Horace, dont elle savait par cœur les plus beaux vers. Curieuse de tout, elle offrit pour un temps l'hospitalité au savant Bernier, qui lui enseigna l'histoire naturelle, l'anatomie, lui commenta Descartes et composa pour elle un Abrégé de la philosophie de Gassendi. Le mathématicien Roberval fut son familier. Elle apprit la géométrie avec Sauveur et mit à la mode cette science peu répandue.

« Mme de La Sablière Née au sein d'une famille particulièrement cultivée de financiers protestants, elle fut mariée fort jeune, selon la coutume, à un de ses cousins, Antoine de Rambouillet, seigneur de la Sablière, lui-même amateur d'art et de belleslettres.

L'union s'annonçait bien ; elle finit très mal.

Après treize ans d'un apparent bonheur, la jeune femme dut se séparer de son mari qui ne l'aimait plus, la maltraitait et lui reprochait de n'avoir pas fait les riches héritages qu'il escomptait. Privée de ses enfants, ayant perdu une partie de son bien, Mme de La Sablière se consola par l'amitié et par l'érudition.

Elle lisait Homère dans le texte, et Virgile et Horace, dont elle savait par coeur les plus beaux vers. Curieuse de tout, elle offrit pour un temps l'hospitalité au savant Bernier, qui lui enseigna l'histoire naturelle, l'anatomie, lui commenta Descartes et composa pour elle un Abrégé de la philosophie de Gassendi.

Le mathématicien Roberval fut son familier.

Elle apprit la géométrie avec Sauveur et mit à la mode cette science peu répandue. Elle fréquentait artistes et gens de lettres, les recevait dans son salon, où la conversation était très libre et très varice, avec la meilleure compagnie.

Racine, Saint-Evremond, Charles Perrault, Fontenelle, Benserade, le chevalier de Méré côtoyaient chez elle Mme de Sévigné, Mme Cornuel, les Fouquet, Lauzun, Ninon de Lenclos et bien d'autres, sans oublier Jean Sobieski, le futur roi de Pologne. Mais le plus grand titre de gloire de Mme de La Sablière est d'avoir hébergé pendant vingt ans La Fontaine, qu'elle appelait son fablier parce qu'il produisait des fables aussi naturellement qu'un pommier des pommes.

Elle eut sur sa vie et sur son oeuvre une bénéfique influence qu'il reconnut en des vers ravissants : "Qu'est-ce que vivre, Iris ? Vous pouvez nous l'apprendre." Hélas ! la belle Iris ne resta pas fidèle à son programme de sagesse.

Cette intellectuelle avait un coeur et ce coeur s'enflamma pour un certain marquis de La Fare qui fréquentait son salon, poète aimable et libertin.

Il avait trentedeux ans, elle trente-six.

Pendant trois ans, on cita en exemple leur fidélité mutuelle.

Puis La Fare révéla peu à peu sa vraie nature : il était paresseux, joueur, volage.

Elle rompit avec une dignité qui est la marque d'un grand caractère.

Mais le mariage de La Fare, en 1684 ranima sa douleur.

Elle s'abîma dans la retraite, distribua les restes de sa fortune aux malheureux pensionnaires de l'hospice des Incurables où elle vivait dans une frugalité exemplaire. Elle s'était convertie au catholicisme et cherchait Dieu avec persévérance, aidée par l'abbé de Rancé, si bien fait pour la comprendre, et qui pourtant s'effrayait des rigueurs de sa pénitence. Aux remords, à l'âge, à la maladie s'ajoutait le chagrin de voir son vieil ami La Fontaine en proie à des débordements séniles.

Elle sortit un instant de sa retraite pour tenter de l'amener à Dieu, mais n'eut pas la joie d'apprendre que le fablier s'était enfin converti : elle était morte le 6 janvier I 693 "seule avec Dieu, abandonnée de tout secours humain", comme elle le souhaitait. La Fare sombrait peu à peu dans l'ivrognerie et la débauche. Mme de La Sablière a laissé des Pensées chrétiennes où elle note les progrès d'une conversion qui nous paraît extraordinaire, voire effrayante, mais qui est bien dans la ligne de ce XVIIe siècle qui fut beaucoup moins classique et beaucoup plus passionné qu'on ne le croit.. »

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