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l'ironie et le comique sont-ils des registre efficaces pour critiquer la société et les Hommes ?

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Analyse du sujet et problématisation :   Le sujet porte ici sur deux registres, ce terme désignant l'émotion particulière ressentie par un lecteur face à un texte littéraire. Le registre comique est caractérisé par un décalage : décalage entre la souplesse du vivant et le mécanisme d'une situation; décalage entre l'apparence de sérieux et le ridicule ou l'énormité du propos (humour). Le registre ironique implique que le lecteur s'interroge sur ce qu'on a pu vouloir dire - consiste à dire, par raillerie, le contraire de ce que l'on pense ou de ce que l'on veut faire penser. Il provoque la surprise.     Problématique : Les registres comique et ironique sont-ils de bons procédés argumentatifs ? Peuvent-ils conduire une dénonciation sociale et morale efficace ?

« L'ironie et le comique sont-ils des registres efficaces pour critiquer la société et les Hommes ? Analyse du sujet et problématisation : Le sujet porte ici sur deux registres, ce terme désignant l'émotion particulière ressentie par un lecteur face à un texte littéraire. Le registre comique est caractérisé par un décalage : décalage entre la souplesse du vivant et le mécanisme d'une situation; décalage entre l'apparence de sérieux et le ridicule ou l'énormité du propos (humour). Le registre ironique implique que le lecteur s'interroge sur ce qu'on a pu vouloir dire - consiste à dire, par raillerie, le contraire de ce que l'on pense ou de ce que l'on veut faire penser.

Il provoque la surprise. Problématique : Les registres comique et ironique sont-ils de bons procédés argumentatifs ? Peuvent-ils conduire une dénonciation sociale et morale efficace ? I) Comique et ironie : des armes argumentatives et critiques efficaces 1) Les ressorts du comique Le registre comique apparaît comme une arme critique efficace.

Le but bien connu de la comédie n'est-il pas de châtier les mœurs en riant ( « castigat ridendo mores ») ? En effet, par le rire, le comique procède à une dérision voire à une ridiculisation des vices des hommes et de la société. Molière dans la Critique de l'École des femmes et L'impromptu de Versailles illustre cette fonction du comique au théâtre : comme le dit Dorante, le but de l'auteur comique est d'« entrer [...] dans le ridicule des hommes, et [...] rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde » C'est le décalage entre l'apparence de sérieux ou le ridicule du propos qui permet souvent l'irruption de ce comique critique. Ex : Molière, satire des précieuses dans Les Précieuses Ridicules (décalage entre prétention sérieuse et langage extravagant tourné en dérision par le dramaturge) 2) Les ressorts de l'ironie L' ironie impose donc un décalage constant entre ce qui est clairement énoncé et ce qui doit être compris, décalage que seul le lecteur avisé peut déceler.

Il s'agit de mettre du jeu dans le discours en préférant le non dit de l'ironie à un point de vue énoncé clairement.

L'ironie peut mettre en œuvre une logique absurde : elle consiste à allier à une cause donnée un effet qui est sans rapport avec elle.

L'absurdité patente de cette relation ne peut échapper au lecteur.

Cf.

Montesquieu, De l'esclavage des nègres : « [Les nègres] ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre » = critique du discours esclavagiste).

Le procédé ironique essentiel s'avère l'antiphrase : il s'agit de juger un phénomène à l'inverse de ce qu'on attendrait ; cf.

Voltaire, le pamphlet « De l'horrible danger de la lecture ». 3) Des armes de persuasion L'ironie et le comique apparaissent comme des armes argumentatives relevant de la persuasion.

Elles cherchent à faire adhérer le lecteur à une thèse et à une critique en faisant appel à ses émotions, en suscitant des réactions appartenant au domaine de l'affect, comme le rire.

En effet un lecteur qui rit est un lecteur persuadé qui adhère spontanément à l'avis de l'auteur et donc à sa critique.

Les limites de l'efficacité critique du comique et de l'ironie Transition : Ironie et comique sont des armes de persuasion ; elles ne peuvent donc pas prétendre à une critique objective et véritablement convaincante. II) Les limites de la puissance critique de l'ironie et du comique 1) Le risque de ne pas être pris au sérieux Registres en grande partie fondés sur le rire, sur l'absurde et la dérision, l'ironie et le comique courent le risque de ne pas être pris au sérieux en tant qu'armes d'une argumentation critique.

Ce qui fait leur puissance de persuasion tend donc à se retourner contre eux. Ex : La portée critique des Fables de La Fontaine passe inaperçue pour un lecteur non avisé ( un lecteur enfantin notamment) qui prend les scènes comiques au premier degré.

(par ex, « le curé et le mort ») NB : Cependant c'est là aussi ce qui fait la force de la critique comique et ironique qui par sa dérision peut échapper à la censure ! 2) Le risque du malentendu Cependant, au-delà de la simple incompréhension les registres comique et ironique utilisés à des fins argumentatives et critiques peuvent être à l'origine de véritables malentendus.

L'ironie non décelée peut ainsi être lourde de conséquences et la critique peut ainsi manquer son but : imaginons ainsi un lecteur peu avisé prenant au pied de la lettre le texte « De l'esclavage des Nègres » de Montesquieu et considérant ce texte comme un véritable discours esclavagiste ! On voit ainsi que les registres comique et ironique utilisés dans un but critique ne sont efficaces qu'en tant qu'ils sont destinés à être lus par un lecteur avisé. 3) Les dangers de la dérision Une dérision trop affichée peut être lourde de conséquences ; elle est une véritable prise de risque pour un auteur qui peut subir ainsi toutes sortes d'accusations pouvant aller jusqu'à la censure. Ex : Censure de Tartuffe : victime de la cabale des dévots.

La Compagnie du Saint-Sacrement usa de son influence pour faire interdire la pièce, en faisant pression sur Louis XIV qui, contrairement à eux, a aimé la pièce.

Elle y voyait une attaque en règle de la religion et des valeurs qu'ils véhiculaient. Le comique moliéresque a donc bien atteint son but critique mais ce succès est lourd de conséquence dans une société profondément religieuse, où le clergé exerce une influence très marquée. Conclusion : Le comique et l'ironie s'avèrent donc de puissantes armes de persuasion, au service d'une critique acerbe des hommes et de la société fondée sur la dérision.

Cependant, ces registres permettent une critique oblique pouvant demeurer incomprise voire faire l'objet de malentendus de la part de lecteur peu avisés.

Par ailleurs la puissance critique du comique et de l'ironie peut aussi se retourner contre l'auteur qui devient parfois la cible de ceux qu'il dénonce.. »

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