L'image remplacera-t-elle un jour l'écrit comme moyen de culture ?
Extrait du document
Pour satisfaire ces goûts et ces besoins, le producteur dispose de
trois garanties : le système des vedettes, la limitation des sujets à certaines
catégories déterminées, enfin la propagande et la critique.
Ces réserves - qui éloignent définitivement le film du livre - bien établies,
demandons-nous cependant si le cinéma, sans rien remplacer et surtout pas le
livre, ne pourrait pas être un bon moyen de culture.
La presse et la censure s'étant révélées, et s'affirmant de plus en plus, comme
de faux remèdes, l'éducation du public, en particulier par les ciné-clubs,
pourrait permettre d'accroître ce tiers du public qui voit dans le cinéma un art
digne de soutenir la comparaison avec le livre. Alors, le cinéma prendrait une
valeur documentaire et serait déjà un instrument de culture. Certes, actualités
et documentaires jouent leur rôle en ce domaine. Mais le film peut avoir sa
valeur d'information intrinsèque : historique (Pour qui sonne le glas),
géographique (Riz amer), social (Le Voleur de bicyclettes).
La valeur purement culturelle ne serait pas moindre. Il suffît en effet que la
projection d'un film tiré d'un roman soit annoncée pour que la vente du livre
augmente dans des proportions qu'aucune propagande ne pourrait provoquer.
Certes, il ne suffît pas d'avoir vu Le Rouge et le Noir pour connaître Stendhal.
Certes, quand on voit le geste, insignifiant à l'écran, de Julien saisissant la
main de Madame de Rénal et que l'on songe à l'importance de cet instant dans le
roman, on peut penser que le cinéma oublie tout de la peinture psychologique ;
mais si le spectateur a ensuite, ou avant la projection, le désir de lire un
ouvrage qu'il n'aurait jamais connu sans cela, alors on rend grâce au cinéma.
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