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Les Châtiments VII, 5 de Victor Hugo

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C'était en juin, j'étais à Bruxelles ; on me dit : Savez-vous ce que fait maintenant ce bandit ? Et l'on me raconta le meurtre juridique, Charlet assassiné sur la place publique, Cirasse, Cuisinier, tous ces infortunés Que cet homme au supplice a lui-même traînés Et qu'il a de ses mains liés sur la bascule. Ô sauveur, ô héros, vainqueur de crépuscule, César ! Dieu fait sortir de terre les moissons, La vigne, l'eau courante abreuvant les buissons, Les fruits vermeils, la rose où l'abeille butine, Les chênes, les lauriers, et toi, la guillotine. Prince qu'aucun de ceux qui lui donnent leurs voix Ne voudrait rencontrer le soir au coin d'un bois ! J'avais le front brûlant : je sortis par la ville. Tout m'y parut plein d'ombre et de guerre civile, Les passants me semblaient des spectres effarés ; Je m'enfuis dans les champs paisibles et dorés ; Ô contre-coups du crime au fond de l'âme humaine ! La nature ne put me calmer. L'air, la plaine, Les fleurs, tout m'irritait ; je frémissais devant Ce monde où je sentais ce scélérat vivant. Sans pouvoir m'apaiser, je fis plus d'une lieue. Le soir triste monta sous la coupole bleue ; Linceul frissonnant, l'ombre autour de moi s'accrut ; Tout à coup la nuit vint, et la lune apparut Sanglante, et dans les cieux, de deuil enveloppée, Je regardai rouler cette tête coupée. Les Châtiments VII, 5 de Victor Hugo

« Les Châtiments VII, 5 de Victor Hugo Introduction : De nos jours, Victor Hugo est davantage étudié pour son œuvre dramatique mais il n’en demeure pas moins un des plus grand poète de la littérature française.

En effet, il occupe une place exceptionnelle dans l’histoire de nos lettres ; il domine le XIXème siècle par la durée de sa vie et de sa carrière, par la fécondité de son génie et la diversité de son œuvre.

Pourtant, s’il a travaillé presque tous les genres, du roman au théâtre en passant par la poésie, il n’en demeure pas moins que ses talents de poète apparaissent dans tous ses écrits. Victor Hugo a le don de modeler le langage pour lui donner une charge émotionnelle particulière.

On a pu critiquer son emphase en la jugeant trop artificielle pourtant l’émotion affleure dans ces textes et c’est bien ce qu’il nous faudra mettre en évidence à travers l’étude de notre poème. Nous ne pouvons évoquer en introduction et là n’est pas notre propos tous les grands traits de cet écrivain mais il nous faut insister sur une période particulière de la vie de l’auteur (1851- 1870).

Une fureur vengeresse anime Hugo contre Napoléon III, contre son crime, le coup d’état du 2 décembre, et le régime autoritaire qu’il a établi ; fureur spontanée d’abord puis exaltée par son propre déchaînement et orchestrée à des fins polémiques et esthétiques.

C’est ainsi que naissent les Châtiments, une œuvre puissante, remarquable à la fois par l’unité de son inspiration satirique et par la vérité de ses accents. Projet de lecture : Pourquoi peut-on dire que la force de ce poème réside dans le mélange des genres ? I La satire Introduction partielle : La satire consiste à caricaturer un être ou un objet pour en présenter de façon détournée les principales défauts et déficiences.

Faire la satire, c’est mettre à jour les traits les plus gros pour les ridiculiser ou les critiquer. 1) La figure du bandit, un symbole Dès le v.

2 la figure du « bandit » apparaît.

Le bandit incarne la traîtrise sous toutes ses formes.

Le champ lexical de la violence révèle la noirceur de ce personnage : « meurtre juridique », « assassiné », « ces hommes au supplice » etc.

Le bandit est l’incarnation du mal dans ce poème.

Le poème se présente comme un récit dont le bandit est l’un des personnages : « on me raconta ».

Dans ce récit, le bandit incarne la barbarie et l’absence de loyauté.

Le même motif est repris à la fin du poème : « ce scélérat vivant ».

Ce motif structure le poème.

Ainsi, ce récit, qui met en scène la figure du bandit a pour finalité de renvoyer indirectement au système politique en place.

L’imparfait permet la transposition car, temps de l’inaccompli, sécant, il désigne une temporalité indéfinie qui peut référer autant à la légende qu’à une situation historique donnée. 2) Une critique acerbe de Napoléon III « Ô sauveur, ô héros, vainqueur du crépuscule / César »Il faut comprendre ce vers comme une antiphrase.

Le terme « César », rejeté au début du vers suivant est mis en relief par ce procédé stylistique. César désigne Napoléon III et ce terme en apparence laudatif est ironique.

Pour preuve en est les deux vers suivants où ce fameux César est comparé à Dieu pour mieux être assimilé au Dieu.

Hugo évoque en effet la création divine « Dieu fait sortir de terre les moissons,… » L’énumération traduit la toute puissance de Dieu et s’oppose à la chute terrible « et toi la guillotine ».

Ce bandit n’est autre que Napoléon III.

Hugo propose dans ces vers une vive satire puisqu’il oppose l’empereur à Dieu en insistant sur l’horreur des actes de l’empereur.

Hugo qui pourtant était partisan au départ du second empire en dénonce violemment les excès.

Dans les vers suivants, la référence est explicite : tous ceux qui ont soutenu l’empereur en lui accordant leurs voix sont désormais pris de peur. Transition : Il s’agit non seulement d’un poème satirique mais aussi sous un certain angle d’un poème épique. II L’Epopée Introduction partielle : Souvent, la satire elle-même prend une taille, des résonances épiques : le merveilleux et le fantastique apparaissent ainsi que la dimension légendaire. 1) De la satire à la légende Tout d’abord, il nous faut rappeler les références bibliques, notamment la référence à la création.

La dernière partie du poème propose un récit angoissant « les passants me semblaient des spectres effacés ».

Nous. »

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