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Le mouvement surréaliste

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En 1916 naquit à Zurich, dans le tumulte de la guerre mondiale, le mouvement Dada, qui se donna pour programme une subversion totale des valeurs morales, sociales, esthétiques, reconnues par le monde moderne. Quatre ans plus tard, Tristan Tzara l'implanta à Paris, avec le concours d'André Breton, de Paul Éluard, de Louis Aragon, de Philippe Soupault, de Francis Picabia. Les dadaïstes se signalent, dans les années 192o-1923, par une activité tapageuse et par des déclarations d'un nihilisme absolu : « Plus de peintres, plus de littérateurs, plus de musiciens, plus de sculpteurs, plus de religions, plus de républicains, plus de royalistes, plus d'impérialistes, plus d'anarchistes, plus de socialistes, plus de bolcheviques, plus de politiques, plus de prolétaires, plus de démocrates, plus de bourgeois, plus d'aristocrates, plus d'armées, plus de polices, plus de patries, enfin assez de toutes ces imbécillités, plus rien, plus rien, rien, RIEN, RIEN, RIEN. »

« LA RÉVOLTE DADA En 1916 naquit à Zurich, dans le tumulte de la guerre mondiale, le mouvement Dada, qui se donna pour programme une subversion totale des valeurs morales, sociales, esthétiques, reconnues par le monde moderne.

Quatre ans plus tard, Tristan Tzara l'implanta à Paris, avec le concours d'André Breton, de Paul Éluard, de Louis Aragon, de Philippe Soupault, de Francis Picabia.

Les dadaïstes se signalent, dans les années 192o-1923, par une activité tapageuse et par des déclarations d'un nihilisme absolu : « Plus de peintres, plus de littérateurs, plus de musiciens, plus de sculpteurs, plus de religions, plus de républicains, plus de royalistes, plus d'impérialistes, plus d'anarchistes, plus de socialistes, plus de bolcheviques, plus de politiques, plus de prolétaires, plus de démocrates, plus de bourgeois, plus d'aristocrates, plus d'armées, plus de polices, plus de patries, enfin assez de toutes ces imbécillités, plus rien, plus rien, rien, RIEN, RIEN, RIEN. » L'AMBITION SURRÉALISTE Sur les ruines de Dada, voué à disparaître par l'intransigeance radicale de sa négation, s'édifia sous l'impulsion des mêmes hommes le mouvement surréaliste, aussi violent dans sa lutte, mais animé d'intentions constructives. Les surréalistes, survivants désabusés d'une jeunesse sacrifiée, n'attendent aucun secours de la religion ni de la société : « Le salut, pour nous, n'est nulle part.

» Leur protestation traduit une « révolte supérieure » de la conscience individuelle.

Aussi refusent-ils toutes les règles qu'on voudrait leur imposer au nom d'un idéal d'ordre ou de beauté.

Parmi les poètes, Valéry et Claudel, leurs aînés de trente ans, leur paraissent avoir bâti leur oeuvre sur un système de préjugés et d'erreurs.

Claudel leur inspire une aversion particulière, à cause de son conformisme bourgeois : « On ne peut être à la fois ambassadeur de France et poète.

» Mais Valéry est encore plus loin d'eux, s'il est possible : nourri d'hellénisme, il résume en lui les raffinements d'une culture qu'ils rejettent en bloc. Ces aventuriers de l'esprit, anarchistes par tempérament comme par doctrine, ne forment pas une école à la façon des parnassiens ou des symbolistes.

Le souci de créer une oeuvre littéraire ou artistique est secondaire à leurs yeux.

Ils définissent avant tout une attitude devant l'existence et se donnent pour objet « une nouvelle déclaration des droits de l'Homme ».

L'activité poétique est un moyen, parmi d'autres, de reconquérir une liberté perdue; elle doit donner occasion à l'homme de cheminer dans les régions obscures de la conscience et de prendre ainsi possession de lui-même : « L'exploration de la vie inconsciente fournit les seules bases d'appréciation valable des mobiles qui font agir l'être humain.

» (André Breton.) Cette aventure eut son héros en Lautréamont, que les surréalistes découvrent et proclament leur unique maître; mais ils saluent aussi le Rimbaud des Illuminations, celui qui s'est habitué à « trouver sacré le désordre de son esprit »; ils reconnaissent leur dette envers Guillaume Apollinaire. LE CHAMP POÉTIQUE DU SURRÉALISME Les surréalistes ont voulu renouveler la matière de toute poésie grâce à une exploration méthodique du mystère intérieur.

Pour mener à bien cette entreprise, ils ont ouvert un « bureau de recherches », une Centrale où tous les membres du groupe collaboraient dans l'enthousiasme.

Selon l'exemple donné par Freud, ils notaient les associations spontanées qui se forment dans les songes.

Ils s'intéressaient à tous les états de la conscience antérieurs ou extérieurs à la pensée logique : mythes des primitifs, illusions des fous, hallucinations des névrosés.

Ils étudiaient avec passion les phénomènes que les psychiatres appellent hypnose, dédoublement de la personnalité, hystérie.

D'une façon générale, ils dénonçaient l'inanité de l'opposition traditionnelle entre la vérité et l'erreur, le rêve et la réalité, la raison et la folie. LA MÉTHODE DU SURRÉALISME Dans leur poésie, les surréalistes écartent toute tentation d'exprimer des idées, car « un poème doit être une débâcle de l'intellect »; et même toute intention de faire oeuvre littéraire : « La poésie est le contraire de la littérature.

» Ils veulent maintenir leur esprit dans cet état de disponibilité absolue qui lui permettra d'accueillir indistinctement les associations librement formées.

Ils se proposent seulement de transcrire, dans un désordre révélateur, sans se soucier de leur inconvenance ou de leur absurdité, toutes les propositions qui se pressent dans leur conscience libérée.

Tel est le sens de la définition que donne André Breton de l'activité surréaliste : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée.

Dictée de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la Raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.

» Ainsi se dégage mécaniquement une réalité supérieure, une « surréalité », qui se substitue aux fragiles constructions de l'entendement et fournit la matière d'une connaissance véritable. LE LANGAGE SURRÉALISTE Naturellement, cette théorie de la création poétique implique la suppression des contraintes dont les doctrinaires des diverses écoles, y compris les symbolistes, avaient plus ou moins reconnu la nécessité.

Le recours à des formes fixes de strophes, la recherche d'effets rythmiques ou harmoniques, l'usage de la rime et jusqu'aux règles ordinaires du langage sont des artifices qui compromettent la pureté originelle de l'élan créateur.

Aussi l'un des procédés les plus familiers aux poètes surréalistes est-il l'écriture automatique, c'est-à-dire l'enregistrement incontrôlé des mots qui affleurent à la conscience et correspondent à des états obscurément vécus.

La fidélité de la notation garantit l'authenticité.

Les surréalistes s'efforcent de montrer la vertu suggestive des textes ainsi obtenus par une juxtaposition de termes qui donne l'apparence d'un assemblage fortuit et qui est cependant l'image d'une nécessité vivante : « Dans le surréalisme, tout est rigueur.

Rigueur inévitable.

Le sens se forme en dehors de vous.

» (Aragon).. »

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